Dan Martin dompte les Pyrénées, Froome contrôle
Les efforts des Movistar et des Saxo-Tinkoff n’ont pas été vains - Richie Porte peut en témoigner. Mais ils ont été insuffisants. Même seul, lâché par ses équipiers si impressionnants la veille, Chris Froome s’est accroché à sa tunique jaune avec une sérénité déconcertante. Pressé par Contador, poussé par Valverde, attaqué par Quintana, il n’a pas faibli un seul instant et a contrôlé toute l’après-midi. En patron.
Principal bénéficiaire de cette étonnante configuration de course, Dan Martin s’est régalé. Après avoir faussé compagnie aux leaders dans l’ultime ascension du jour, l’Irlandais a plongé vers Bagnères-de-Bigorre, a résisté au retour des cadors, et a surclassé son compagnon Jakob Fuglsang au sprint. « J'ai eu de la chance d'avoir un coureur avec moi », a reconnu le vainqueur de la dernière édition de Liège-Bastogne-Liège. « J'avais très mal aux jambes. C’est le fruit d’un effort d'équipe incroyable. C'est une grande année pour moi ». Cette victoire lui permet de se hisser à la huitième place du général.
La Sky implose dans les premières pentes
On annonçait l’étape éreintante ; elle l’a été. Mais on ne l’attendait sans doute pas si folle, si rapidement. Le peloton explosait en effet dès la première difficulté du jour, le col de Portet-d'Aspet. Le tricolore Arnold Jeanesson (FDJ.fr) prenait les rênes de la course, tandis que Petter Kennaugh (Sky), déséquilibré derrière lui, était victime d’une chute spectaculaire. Il parvenait à repartir, sonné après un passage dans les buissons… mais la formation britannique du nouveau Maillot Jaune, impériale la veille, avait de bien plus gros soucis à gérer.
Richie Porte, déjà décramponné, laissait en effet Christopher Froome totalement isolé au milieu d’un groupe de favoris, après quelques kilomètres d’ascension seulement ! La Sky en très grande souffrance, les Saxo-Tinkoff d’Alberto Contador se jetaient sur l’occasion et décidaient de mener un rythme d’enfer.
A 130 kilomètres de l’arrivée, le natif de Nairobi se retrouvait dans une situation terriblement délicate. Au sommet du Col de Menté, Contador choisissait de virer en tête afin de réaliser une descente à bloc, pour continuer de mettre la pression sur celui qui l’a surclassé la veille. Richie Porte, lui, pointait déjà à 1’35’’ de son leader !
Movistar anime, Rolland assure
En tête de course, un groupe de six coureurs -emmené par Pierre Rolland, Romain Bardet et Ryder Hesjedal- profitaient de la réorganisation du groupe maillot jaune pour prendre une avance intéressante (1’30) avant la troisième difficulté du jour, le col de Peyresourde. Dans leur dos, l’équipe Movistar (Valverde, Plaza notamment) provoquait à son tour Chris Froome et faussait compagnie à Alberto Contador Ce dernier voyait le maillot jaune filer, emmené par une armada de six membres de la formation Movistar, et fondre sur l’ultime groupe de poursuivants où figurait le champion de France Arthur Vichot.
Au sommet du col de Peyresourde, passé en tête par Thomas De Gendt devant Pierre Rolland, les six hommes de tête affichaient 40 secondes d’avance sur un ensemble de favoris réunis. Mais Froome (seul Sky), les Movistar (Valverde, Quintana) et les Saxo-Tinkoff (Contador, revenu), toujours à plus de deux minutes d’un Richie Porte reparti de plus belle, perdaient du temps dans la descente vers Saint-Lary-Soulan.
Froome irrémédiablement seul
Le groupe maillot jaune attaquait donc la quatrième montée du jour (le col de Val Louron-Azet à 65 km de l’arrivée) avec 1’40 de retard sur Simon Clarke (Orica-GreenEDGE). L’Australien partait seul à l’aventure devant Rolland et Bardet, lesquels parvenaient à lâcher Hesjedal et à se placer à 20 secondes de Clarke. Derrière, sentant que Richie Porte revenait comme une bombe vers Froome pour le soutenir, les Movistar (sous l’impulsion de Castroviejo) décidaient de passer la seconde. Ils atteignaient le sommet de Val Louron (avec Froome, Contador… et Chavanel dans leur roue) avec 1’10 de retard sur les hommes de tête.
Réunis dans la descente, Clarke, Rolland, Bardet et De Clercq se frottaient ensemble au dernier col de l’étape (la Hourquette d’Ancizan, 1e catégorie), avant 30 kilomètres de descente vers Bagnères-de-Bigorre. Dans le premier kilomètre d’ascension, Romain Bardet (AG2R) prenait ses responsabilités et virait en tête : ses trois compagnons d’échappée, Rolland y compris, se faisaient happer par le groupe maillot jaune toujours conduit par les Movistar. Le dernier survivant tricolore subissait le même sort quelques instants plus tard. La grande explication pouvait débuter. Sans Richie Porte en perdition, à plus de 6 minutes…
Quintana essaye, Martin s’envole
Après une première attaque-test de Quintana à cinq kilomètres du sommet, Dan Martin sortait du groupe, bientôt suivi par Jakob Fuglsang. Les accélérations à répétition (quatre !) du Colombien, maillot blanc sur les épaules, ne déstabilisaient ni Froome, toujours assis sur sa selle, ni Contador. La belle équipe rejoignait le sommet du col réunie, à 45 secondes du duo de tête.
Dans la descente, malgré l’effort de Michal Kwiatkowski en tête du groupe maillot jaune rattrapé par de nombreux retardataires, Fuglsang et Martin maintenaient leur avance (40’’), déterminés à passer la ligne en tête. Un pari gagnant : sur la ligne, Martin surclassait son adversaire pour s'offrir une victoire de prestige.
"Ils ont essayé de lui faire sa fête"
Cette magnifique étape ne change finalement rien pour les porteurs des maillots distinctifs : Chris Froome reste en jaune, Quintana en blanc, Sagan évidemment en vert, et Pierre Rolland, à l'attaque jusqu'au dernier col, conforte sa tunique à pois de meilleur grimpeur. "C'était une étape-dynamite, de la folie", a réagi le coureur d'Europcar. "Hier, je disais que si on voulait battre Froome, il fallait l'isoler loin de l'arrivée. Ils ont essayé de lui faire sa fête. C'était au mental".
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