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David Lappartient : "Reprogrammer tous ces monuments du cyclisme à l'automne"

Le président de l’UCI, confiné chez lui à Sarzeau (Morbihan), vit des heures particulières. D’un côté en tant que maire de sa commune. "Il y avait des bouchons aujourd’hui, on se croirait au 15 août. Tous les Parisiens arrivent pour passer le confinement dans leur résidence secondaire", dit-il. D’un autre côté, le président d’une des grandes fédérations internationales avait une conférence téléphonique avec Thomas Bach, le président du CIO à la mi-journée. "Je n’ai même pas pu manger un sandwich à midi, la boulangère du village n’avait déjà plus de pain". Sinon, il nous explique aussi comment il a vécu cette journée historique où le calendrier cycliste a été bouleversé.
Article rédigé par franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
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Les courses Paris-Roubaix, Flèche Wallone et Liège-Bastogne-Liège repoussées, pourront-elles seulement avoir lieu ?
DL : "Je l’espère fortement ! Je rappelle que toutes les courses sont annulées jusqu’au 30 avril ! Du jamais vu. La télé-conférence que j’ai eue avec les organisateurs de courses cet après-midi, s’est déroulée dans un grand esprit de responsabilité. Chacun a compris que la situation s’impose à tous. Dans les jours et semaines qui viennent nous allons travailler au remodelage du calendrier, en fonction de l’évolution de l’épidémie bien sûr. La première possibilité, c’est de reprogrammer ces monuments du cyclisme à l’automne. Pour cela nous avons la possibilité de repousser la fin de la saison de deux semaines, c’est à dire jusqu’au 31 octobre. D’ici là nous allons aussi étudier comment déplacer certaines dates de courses, de façon à faire de la place pour tout le monde. Cependant, si d’aventure les JO étaient repoussés à l’automne, une des hypothèses, pour nous, ce serait impossible. Mais je n’y crois pas."

En théorie les courses pourraient reprendre en mai avec le Dauphiné, cela vous parait réaliste ?
DL
: "C’est incertain c’est sûr. D’autant que la décision d’organiser ou pas ce type de course à étapes doit se prendre 3 semaines avant, le temps nécessaire de caler les conditions de sécurité. Une des questions qui se posent par exemple est de savoir si l’organisation pourra disposer des forces de l’ordre nécessaires pour assurer la sécurité sur la route. des ressources mobilisées ailleurs actuellement, évidemment. Par ailleurs, il faudra prendre une décision et même obtenir l’autorisation des préfectures en fonction du stade de l’épidémie, 3 semaines avant. c’est à dire début mai pour cette course qui doit partir le 30 mai."

Concernant le Tour, pour l’instant rien ne bouge

Et le Giro, qui pour l’instant est annulé, on oublie ?
DL :
 "Non, nous travaillons, avec RCS, l’organisateur, pour trouver une place, sans doute à l’automne au Giro. Les pistes sont un Giro délocalisé (NDLR: sans départ en Hongrie pour limiter les transports), sans doute redessiné aussi et peut-être pas sur la même durée; mais le Giro, avec les classiques repoussées, fait partie de nos priorités évidemment et nous avons bon espoir de le voir se courir. Concernant le Tour, pour l’instant rien ne bouge."

JO, courses annulées, cette saison peut-elle avoir des conséquences graves pour l’UCI, une fédération qui n’a pas les réserves de le FIFA ou de l’UEFA ?
DL :
 "Des conséquences importantes oui, dramatiques non. On parle beaucoup des assurances annulation du CIO, il se trouve qu’il y a un an nous nous sommes assurés sur les revenus du CIO. Une bonne inspiration. Chaque année olympique, le CIO nous reverse 25 millions € au titre de la solidarité olympique. Ce qui nous permet de financer le centre mondial du cyclisme d’Aigle, où les fédérations du monde entier peuvent envoyer des jeunes cyclistes en stage. Si les JO étaient annulés nous toucherions quand même 10 millions € par les assurances. Dans cette période incertaine, je trouve que la police d’assurance de 250 000 € que nous avons versée est une bonne affaire car, je l’espère, nous n’aurons pas besoin de l’activer, mais je dors plus tranquille."

Et pour le reste ?
DL:
"Pour le reste, l’annulation de nombreuses courses nous cause un manque de recettes. Nous devrons donc mobiliser nos réserves de trésorerie. Malgré tout, l’UCI, avec son budget annuel de 40 millions €, reste une fédération d’un grand sport mais qui n’a pas plus de moyens financiers que certaines grandes équipes (NDLR : comme INEOS). Pour le reste, presque toutes nos qualifications ont pu se tenir normalement, sur piste notamment. En ce qui concerne le BMX, 85% du calendrier s’est tenu, nous avons décidé de le geler et de qualifier en fonction du classement actuel."

Et si les JO se déroulent comme c'était prévu ?
DL :
 "En fait si les JO ont lieu normalement cet été, le problème qui se posera sera celui de l’état de forme et de préparation de chaque sportif. Un seul exemple, en France avec le confinement, nos filles et garçons ne peuvent pas rouler et s’entraîner dehors. En Espagne, ils ont des dérogations pour sortir comme en Italie. Si cela dure un mois, si cela touche d’autres pays dans les semaines qui viennent, il est probable que tout le monde, dans ce cas, ne courra pas à armes égales fin juillet. Mais pour l’instant, la priorité c’est la santé de chacun, dont nos cyclistes. C’est ce qui a guidé nos décisions aujourd’hui."

Propos recueillis par Thierry Vildary

Ndlr : La Fédération française de cyclisme précise qu'elle impose des messages clairs à tous ses licenciés et en particulier aux sportifs de haut niveau : restez confinés chez vous, pratiquez du sport chez vous, mais elle interdit les sorties à vélo en extérieur pour se conformer aux consignes du gouvernement.

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