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Des expressions toujours fleuries...

Après la nouvelle affaire de dopage qui a quelque peu douché le peloton, quoi de mieux pour retrouver le sourire que d’évoquer le jargon du vélo. S’il n’y a pas de véritable langage du cycliste comme dans le monde de la boucherie avec le « louchébèm », les expressions au sein du peloton sont aussi nombreuses que fleuries.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Les coureurs font une pause (JOEL SAGET / AFP)

Depuis que Maurice Garin a « enroulé le braquet » pour remporter le premier Tour de France en 1903, les coureurs cyclistes ont eu tout le temps de se construire un jargon. Parmi les expressions les plus familières on retrouve évidemment « avoir la giclette », « sucer la roue » mais aussi d’autres formules, passées dans le langage courant comme « avoir la tête dans le guidon », « être en roue libre » ou « être à la ramasse ».

"Tu t'es fait gicler de la bordure"

« Elles passent de génération en génération », nous explique l’ancien champion Gilbert Duclos-Lassalle. « C’est surtout après qu’on les utilise, en disant à un coéquipier, ‘t’as pris la porte dans la gueule’, ou ‘tu t’es fait gicler de la bordure’. » Et le double vainqueur de Paris-Roubaix estime que ce jargon va forcément évoluer. Employées dès le niveau amateurs, elles évoluent un peu avec les nouvelles générations, mais gardent toujours leur substantifique moelle. « Les jeunes inventent bien un langage avec leurs SMS, alors pourquoi pas de nouveaux termes ! », lance Duclos-Lassalle.

Lors de cette 99e édition, les coureurs ont notamment évité le « coup de bordure », une expression très à la mode notamment lors des premières étapes de plaine. « Des expressions, il y en a à la pelle mais on utilise tous plus ou moins les mêmes, comme ‘lever le cul de la selle’ (aller dans les échappées), ou ‘je suis au taquet’, » nous explique en souriant le jeune retraité Cyril Dessel. « Par exemple, quand ça roule vite, que ça fait mal, on dit que ‘ça va piquer’ », dit celui qui a porté le maillot jaune sur une étape en 2006, et remporté la 16e de l’édition 2008. « On attend par exemple aujourd’hui que Vincenzo Nibali ‘fasse la descente’ dans le Grand Colombier, qu’il attaque dans la descente pour mettre les autres en difficulté », résume-t-il.

« Faire dégueuler sa bouillie »

Il y a des expressions un peu plus imagées encore telles que « faire dégueuler sa bouillie » à un adversaire, soit en d’autres termes, le contraindre à un effort conséquent… « Faire la lessive », n’évoque pas le linge sale, mais permet à grands coups d’attaques, de se débarrasser de ses adversaires.

Il en est des plus énigmatiques, comme « mettre la grande soucoupe », qui n’a rien à voir avec mettre la table, mais qui désigne le grand plateau sur le pédalier. De même, « monter avec la grosse » n’a rien de déplaisant à l’égard de la jante féminine, car ce terme est employé lorsque l’on utilise un développement plus important que la normale pour gravir un col.

« La selle dans le trou du c… »

Egalement interrogé sur ce sujet avant le départ de la 10e étape, Sébastien Hinault a un petit faible pour « avoir la socquette légère », son expression favorite, « car ce jour là, tu ne sens pas les pédales, tu te sens bien ». « Quand on a fait un peu de vélo, on comprend vite ce que cela veut dire », résume le doyen des Français dans le peloton (38 ans) qui espère ne pas « scier du bois » ce mercredi avec le col du Grand-Colombier ni même « descendre comme une caisse à savon »…

Interrogé à la volée sur son expression favorite, Jérôme Pineau n’hésite pas une seconde et lâche un « la selle dans le trou du cul ! » qui en fait rire plus d’un spectateur, avant de rejoindre son bus. Son ancien coéquipier lavallois Franck Rénier, fait alors office de traducteur et précise que ce terme imagé, indique que cela roule très vite, « c’est un peu comme avoir la tête dans le guidon ».

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