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5 seigneurs pour un trône : Egan Bernal (2/5)

Est-ce déjà l'heure pour Egan Bernal ? Alors qu'il ne devait pas disputer le Tour de France en début de saison, le prodige colombien se rend à Bruxelles en tant que co-leader d'Ineos. Peut-il déjà s'offrir la Grande Boucle, pour seulement son deuxième grand tour disputé, ou devra-t-il se mettre au service du tenant du titre Geraint Thomas ?
Article rédigé par Hugo Monier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

La relève est déjà là. S'il n'est pas encore le favori absolu, Egan Bernal sera l'attraction de ce Tour de France 2019. A 22 ans, le Colombien n'a déjà plus grand chose à envier à ses aînés. Formé en VTT et cross-country, il a basculé sur la route en 2016 chez les Italiens d'Androni Giocattoli. Immédiatement repéré par la Sky, devenue Ineos depuis, il a disputé son premier Grand Tour à peine deux ans plus tard. Une 15e place prometteuse sur le Tour de France 2018. 

Pourquoi il peut gagner le Tour : 

Un an plus tard, Egan Bernal retrouve le Tour de France avec un palmarès déjà plus étoffé. Vainqueur du Tour de Californie l'an passé, il a débuté sa saison par une victoire sur Paris-Nice, devant son compatriote Nairo Quintana. Le tout en affichant une sérénité qui tranche avec son jeune âge, sans doute tirée de la confiance en ses forces mais aussi de la toute-puissance de son équipe. Tout en gestion, le Colombien use ses adversaires et sait adapter son rythme à chaque situation. Devancé par Miguel Angel Lopez (Astana) et Adam Yates (Mitchelton-Scott) sur le Tour de Catalogne fin mars, il a haussé le ton sur le Tour de Suisse, endossant le rôle de leader après l'abandon de Geraint Thomas. Bernal s'est adjugé la course sur les ascensions de Flumserberg et du Saint-Gothard, où il s'est imposé en solitaire. 

Bernal présente plus que des certitudes en montagne, où il rivalise avec les autres favoris même sans montrer la domination écrasante de Chris Froome. Au sein d'Ineos, il bénéficiera de coéquipiers de luxe, avec le Polonais Michal Kwiatkowski, le Néerlandais Wout Poels ou encore l'Italien Gianni Moscon. De quoi lui offrir une belle protection jusqu'aux moments décisifs, même s'il faudra la partager avec Geraint Thomas. 

Ce qui peut lui manquer : 

Aujourd'hui parmi les favoris, Bernal ne l'était pas en début de saison. Tout simplement parce que le Colombien devait s'aligner sur le Tour d'Italie et laisser la Grand Boucle au duo Chris Froome-Geraint Thomas. Mais la découverte du Giro n'a finalement pas eu lieu. Une fracture de la clavicule à l'entraînement a obligé Ineos à revoir ses plans et l'aligner en soutien sur le Tour. Une stratégie à nouveau jetée par la fenêtre après la grave chute de Froome en marge du Dauphiné, mettant un terme à sa saison. Bernal se retrouve à disputer le leadership au vainqueur sortant, Geraint Thomas. Ineos a annoncé un rôle de co-leader pour les deux hommes, laissant ainsi la possibilité à Bernal de prendre les commandes. Mais il n'aura pas le droit à l'erreur s'il ne veut pas se retrouver au service du Gallois.

Avec seulement le Tour 2018 dans les jambes, des questions se posent forcément sur sa capacité à tenir trois semaines sous la pression du maillot jaune, aussi bien physiquement que mentalement. Il devra également se méfier du contre-la-montre, même s'il a déjà appris à faire mieux que limiter les dégâts (11e sur le Tour de Suisse, 6e sur Paris-Nice) depuis l'été dernier. Lors de la 20e étape du Tour, il avait concédé presque deux minutes à Tom Dumoulin et Chris Froome, et 1'40 à Thomas, sur les 31 kilomètres entre Saint-Pée-sur-Nivelle et Espelette. Mais le contexte était tout autre. 

L'avis d'Alexandre Pasteur : 

"Je vois bien Bernal prendre le leadership. Cela se fera à la régulière, à la pédale, comme l'an dernier quand Brailsford (directeur sportif d'Ineos) attendait de savoir qui serait le plus fort en troisième semaine. J'ai confiance en Bernal. Il sait tout faire : grimper, rouler, frotter. En montagne, il n'est pas largement au-dessus de tout le monde. Sur le Tour de Suisse, il n'a pas fait de grosses différences, peut-être aussi parce qu'il n'a pas eu à s'employer. Tout le monde dit : 'oui, mais trois semaines quand même, c'est la première fois qu'il courra un grand tour dans la peau d'un leader'. Moi, je ne me fais pas de soucis. Je me rappelle de Quintana en 2013. Pour son premier tour, il avait fait deuxième. Le manque d'expérience, ce n'est pas un problème pour lui."

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