Tour de France 2019 : Geraint Thomas et Egan Bernal, casse-tête ou bénédiction pour Ineos ?
“Je ne sais pas. Ce n’est pas à moi de dire que je suis favori. Dans tous les cas, j’irai au Tour pour soutenir ‘G’ (Geraint Thomas), il sera notre leader”. Cette déclaration d’Egan Bernal n’a que deux semaines mais elle est déjà périmée. Entre temps, Ineos, Dave Brailsford surtout, a sacralisé le principe de l’hydre à deux têtes. L’armada d’Ineos sera menée sur le Tour par Geraint Thomas et Egan Bernal. Avec ce duo arrive inévitablement un flot de questions.
“C’est complexe. Chaque chose se réfléchit chaque jour. On a largement les capacités pour supporter Thomas et Bernal qui, en plus, sont un peu différents au niveau de leurs qualités physiques", a écarté d’emblée pour 20 Minutes Nicolas Portal à la veille du Grand Départ. Toute la formation Ineos ne semble d’ailleurs pas s’inquiéter outre-mesure de la situation.
Le précédent Wiggins-Froome
Accordons aux Britanniques un certain savoir-faire dans la question. En 2012, le mélodrame Wiggins-Froome avait été géré (presque) à la perfection et le second n’avait pas trahi le premier. En 2016, un Mikel Landa très fort et très égoïste n’était pas parvenu non plus à faire tanguer le bateau Sky. Et même en 2018, la transition Froome-Thomas s’était effectuée en douceur. Sans heurts.
Sauf que cette année-là, Thomas s’était imposé rapidement comme le plus fort et avait en plus pu évoluer dans l’ombre pendant une bonne partie du Tour. Cette année, le Gallois et Egan Bernal auront la pression, celle de devoir faire gagner Ineos pour un septième succès en huit éditions.
"Au lieu d'avoir quatre coureurs encore présents dans le final en montagne, on en aura trois, a préféré sourire Thomas chez Cyclingnews. Nous savons tous comment rouler, on va juste profiter de cette course comme on le fait chaque année”. Flattant Bernal, “un gars honnête”, Thomas sait que la clé résidera dans la franchise entre les deux hommes. “Tant que nous communiquons de la bonne manière et que nous sommes ouverts à l’autre, comme Froome et moi l’année dernière, tout ira pour le mieux", a-t-il expliqué comme un message au Colombien.
"Une victoire de l'un est bonne pour l'autre"
Bernal de son côté s’est contenté de réponses courtes lors de la conférence de presse d’Ineos à la veille du départ. “Vu l'expérience de mes coéquipiers, je pense que je vais simplement avoir à les suivre. Ils me mettront en bonne position”, a-t-il simplement lâché. La chute de Geraint Thomas et sa victoire au Tour de Suisse l’ont pourtant propulsé sur le devant de la scène un peu plus tôt que prévu.
Comment Bernal va-t-il gérer cette lumière, lui qui certes a brillé sur le Tour 2018 mais sans aucune pression ? "Je n'ai pas fait tant de courses que cela avec lui, mais bon, le Tour de France de l'an dernier, on peut dire que cela s'est plutôt bien passé", a ricané Thomas. "S'ils parviennent à réaliser qu'une victoire de l'un des deux est bonne pour tous les deux, cela augmentera leurs chances à tous les deux. C'est une question de confiance, a de son côté sifflé Dave Brailsford le manager. Geraint a l'assurance, la connaissance et l'expérience, Egan a l'assurance, et une saison exceptionnelle derrière lui. Il est prêt". Chez Ineos, définitivement on ne choisit pas.
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