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Entre cyclisme et e-sport, The Punchers Club, première équipe française de E-cycling

En plein essor, la pratique du vélo à domicile sur un home trainer ne date pourtant pas du début du confinement. En vérité, elle se démocratise depuis plusieurs mois, notamment via des applications comme Zwift, qui permettent de simuler des courses. A tel point que cette pratique est maintenant une discipline à part entière : le E-Cycling. A mi chemin entre cyclisme traditionnel et e-sport. En selle avec The Punchers Club, la première équipe française en la matière.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
 

Dimanche 5 avril 2020, Greg Van Avermaet remporte le Tour des Flandres, pourtant annulé à cause du Covid 19. Comment ? Le cycliste belge vient de s’imposer dans la première édition virtuelle de la Classique flamande. Autrement dit, il a fait la course depuis son salon, sur son home trainer, contre douze autres coureurs, connectés via une application internet spécialisée. Cette nouvelle façon d’appréhender le vélo se nomme le "E-Cycling". En France, une équipe a été créée en juin dernier : The Punchers Club. Parmi ses membres, l’ancien professionnel Nicolas Fritsch explique : "Depuis des décennies, les cyclistes s’entraînent chez eux sur des home trainers. Maintenant, avec la technologie, une simple application peut reproduire la difficulté d’une vraie sortie." Le E-Cycling est né. 

Entre cyclisme et jeux vidéos

En somme, il ne s’agit ni de cyclisme, ni de e-sport, puisque les coureurs n’ont pas de manette dans les mains, mais sont assis sur un vélo : "Ça se passe en intérieur, mais il y a un vrai effort physique. C’est très intense", assure Nicolas Fritsch. "C’est une discipline vraiment à cheval entre le sport et les jeux vidéos, qui combinent les deux avec l’effort physique du vélo, et le fonctionnement du e-sport, comme la diffusion sur Twitch", résume Carina Arasa, une des fondatrices de The Punchers Club. Elle raconte "J’étais amie avec Rod Reynolds et Jimmy Sainturat, des cyclistes, et en les voyant sur leur home trainer, je leur ai dit qu’ils faisaient du e-sport sans le savoir. De là, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose de cela."

En juin 2019, The Punchers Club, première équipe de E-Cycling française, est née. "Notre but, c’est de décloisonner le cyclisme, qui est un sport catalogué comme long et ennuyeux. Grâce au monde digital, et à des applications de simulations de courses comme Zwift, on peut rendre le cyclisme plus attirant pour les jeunes", précise Carine. Et le concept a plu. Aujourd’hui, l’équipe compte 8 membres, dont des cyclistes confirmés comme Nicolas Fritsch. "Après l’arrêt de ma carrière en 2008, je suis devenu coach sportif. Mais j’ai toujours continué le home trainer. Quand on m’a contacté pour The Punchers Club, je n’ai pas hésité !".

A 41 ans, l’ancien coureur de la Française des Jeux voit le E-Cycling comme une disciple d’avenir : "Aujourd’hui, les home trainer ne pédalent plus dans le vide. Ils simulent les ascensions, la chaussée… Bien sûr, ça ne vaut pas une sortie en extérieur, mais le E-Cycling a un vrai potentiel. D’ailleurs, le confinement le montre." En effet, le nombre de pratiquants a explosé depuis le début du confinement, ainsi que celui d’équipes. Les applications de simulation de course comme Zwift ont attiré tous les cyclistes munis de home trainer. "Ces applications permettent de pédaler tous ensemble, sur des itinéraires, tout en se parlant. Ce n’est pas étonnant que le confinement le révèlent au grand public", témoignent Nicolas Fritsch. 

Une équipe virtuelle sur les courses réelles ?

Pas spécialement fan de jeux vidéos à la base, Fritsch assure que le E-Cycling, c’est avant-tout du sport : "Certes, il y a l’écran virtuel. Mais le home trainer, c’est très, très physique. On se déshydrate beaucoup plus vite que sur route. D’ailleurs, si on se tient mal, ça peut faire de sérieux dégâts aux genoux. C’est vraiment du sport, avec un côté ludique". En effet, l’effort étant plus intense, il permet aux coureurs d’atteindre des cadences inenvisageables à l’air libre. Tout cela débouche sur des courses plus courtes, d’une heure environ, beaucoup plus dynamiques et spectaculaires. "Contrairement aux étapes du Tour de France, que beaucoup de non-initiés trouvent souvent interminables", ajoute Carine.

Si la pratique du E-Cycling a explosé depuis la mi-mars, le confinement a toutefois stoppé The Punchers Club dans son élan. "On était sur le point de lancer toute une campagne de communication début avril, mais on a été pris de court", regrette Carine Arasa. "On voit plein de nouvelles équipes créées sur Zwift en ce moment, mais pas sûr qu’elles perdurent après le confinement", observe Nicolas Fritsch. Or, du côté de The Punchers Club, on voit loin. "Notre but, c’est  de disputer des courses virtuelles régulièrement, d’être une vraie équipe de E-Cycling, avec d’anciens professionnels et des amateurs. Cette discipline va se développer, ça commence à bouger du côté de l’UCI", explique Carina Arasa, qui poursuit : "Mais à terme, on ambitionne aussi de devenir une vraie équipe de route, avec des jeunes cyclistes, pour participer à de vraies courses. Tout cela est complémentaire : le E-Cycling sert le cyclisme traditionnel." 

Ancien coach sportif, Nicolas Fritsch confirme : "Je pense que beaucoup de jeunes vont progresser grâce au E-Cycling. Et puis, une fois le coût du home trainer assumé (entre 300 et 1200 euros), c’est beaucoup plus accessible en terme de parcours. Les parents peuvent plus facilement laisser un enfant sur un home trainer qu’aller apprendre seul sur les routes". Pour Carine, il s’agit aussi d’une opportunité unique de redonner au vélo une place centrale : "Le côté e-sport permet de créer des événements uniques, innovants. Pour l’instant, ça peut sembler un peu fou. Mais le E-Cycling est en ébullition. Les choses se mettent en place". Du haut de ses 8 membres, dont 7 cyclistes, The Punchers Club entend installer le E-Cycling, avant de s’inviter dans le peloton sur les vraies routes. Et pourquoi pas ?

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