Fabian Cancellara, une "gueule" du Tour de France
Le peloton cycliste a besoin de gueule pour exister. Sans faire injure à Chris Froome ou à Nairo Quintana, ils ne permettent pas au cyclisme de dépasser son cadre. Peter Sagan oui. Et avant lui, Fabian Cancellara remplissait ce rôle à merveille. Formidable rouleur et coureur de classiques par excellence, le Suisse a animé les routes du Tour de France depuis 2004 et son premier maillot jaune. Puissant, audacieux, malin, insolent, le Suisse a parfois agi en patron sur le Tour de France. En 2010, il avait neutralisé une étape par sa seule parole pour permettre à ceux qui avaient chuté – dont les frères Schleck, ses coéquipiers - de revenir dans le peloton, laissant à Sylvain Chavanel le soin de lever les bras sur la ligne et de s’emparer du maillot jaune. Oh ce n’était qu’un prêt, « Spartacus » l’avait récupéré dès le lendemain sur les pavés du Nord.
Meilleur rouleur de sa génération, « Spartacus » a remporté sept contre-la-montre (prologue compris) sur la Grande Boucle, un chiffre qui le place au cinquième rang de l’histoire… derrière les quatre hommes ayant remporté le Tour à cinq reprises (Anquetil, Merckx, Hinault, Indurain). Une qualité fantastique qui lui a permis de briller, au sens propre comme au sens figuré d’ailleurs. A 29 reprises, le Suisse a porté le maillot jaune sur le Tour. Devant lui ? Que des vainqueurs du Tour de France. On l’aura compris, Fabian Cancellara est un homme, un grand homme du Tour de France.
Le coup de Compiègne
Réduire Cancellara à une machine à rouler serait bien réducteur. Certes, sept de ses huit étapes remportées sur le bitume ardent de juillet l’ont été dans l’effort solitaire. Mais comment oublier ce formidable coup de panache à Compiègne en 2007 ? Déjà maillot jaune sur le dos, Cancellara était sorti à la flamme rouge, en costaud – l’expression a-t-elle déjà eu plus de sens que ce jour-là ? – pour revenir sur un quatuor de tête et résister aux sprinteurs. Le coup du kilomètre, du rarement vu sur les routes du Tour depuis dix ans. Un coup que le seul Cancellara était capable de faire. Comme si Compiègne, lieu de départ de Paris-Roubaix, inspirait le quadruple champion du monde du chrono.
Lundi, le peloton du Tour de France n’aura sans doute pas le temps de rendre hommage à Fabian Cancellara. Et pourtant, de Moirans-en-Montagne à Berne, l’occasion est belle de saluer le coureur non-grimpeur et non-sprinteur, qui aura le plus marqué l’histoire du Tour de France.
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