Federico Bahamontes, premier Espagnol vainqueur du Tour de France et légende du cyclisme, est mort à l'âge de 95 ans
Une légende du Tour s'en est allée. Federico Bahamontes est décédé, mardi 8 août, à l'âge de 95 ans, a annoncé le maire de Tolède, dont il était originaire. Une annonce confirmée par le secrétariat d'Etat aux sports espagnol. L'ancien coureur, premier Espagnol vainqueur du Tour de France en 1959, restera comme l'un des plus grands grimpeurs qu'ait pu connaître l'épreuve. Il était jusqu'alors le plus ancien vainqueur de la Grande Boucle encore en vie. Bahamontes avait également remporté le Grand Prix de la montagne du Tour à six reprises (1954, 1958, 1959, 1962, 1963 et 1964), une marque seulement battue ensuite par Richard Virenque.
Con profundo pesar, lloramos la pérdida de Federico Martín Bahamontes, el Águila de Toledo, un referente del deporte que ha llevado el nombre de nuestra ciudad a lo más alto.
— Carlos Velázquez (@cvelazquezromo) August 8, 2023
El primer español en ganar el Tour de Francia forma parte de la historia del deporte en nuestro país,… pic.twitter.com/QuRV3wBvou
Pionnier du cyclisme de l'autre côté des Pyrénées, Federico Bahamontes est aussi un des premiers spécialistes des cols, un exercice qu'il survolera toute sa carrière, lui octroyant le surnom d'"Aigle de Tolède". Cycliste élancé, presque fluet même, l'Espagnol avait un style rare, très aérien dès que les pourcentages s'élevaient. C'est ce talent inné dans la montagne qui l'avait porté vers la victoire lors du Tour de France 1959, le pinacle de sa carrière, grâce à un succès dans un contre-la-montre sur les pentes du Puy-de-Dôme.
"Si Virenque est grimpeur, moi, je suis Napoléon !"
Constamment à l'attaque dès que la route s'élevait, Federico Bahamontes était un exemple de panache et de tempérament. Élu en 2013 meilleur grimpeur de l'histoire du Tour de France par un jury à l'occasion du centenaire de l'épreuve, il avait alors égratigné une partie de ses successeurs dans un entretien à L'Equipe Magazine "Mon classement : premier, Bahamontes. Deuxième, Charly Gaul. Après, il y en a trois ou quatre qui sont contestables. Virenque ne m'arrive pas à la cheville. Qu'il ne m'en veuille pas, mais, si lui il est grimpeur, moi, je suis Napoléon !"
Vainqueur chez les professionnels à 74 reprises, dont onze étapes sur les Grands Tours (sept sur le Tour de France), il est un des rares coureurs à avoir remporté le classement de la montagne du Tour de France, d'Espagne et d'Italie. Son palmarès aurait toutefois pu être plus garni encore – il a terminé deuxième du Tour de France 1963, 3e en 1964 et 2e de la Vuelta 1957 – avec davantage de qualités de descendeur, ce qui le contraignait aussi à passer à l'offensive dès que la route se cabrait.
Il fut intronisé au panthéon de l'histoire du cyclisme par l'Union cycliste internationale en 2002. Sa carrière aura aussi été faite de coups de pouce et d'heureux hasards. Arrivé au vélo sur le tard après avoir travaillé dans un magasin de réparation de cycles, il participe à son premier Tour de France en 1954, alors qu'il vient tout juste de passer professionnel. Il devra ensuite son rôle de leader de l'équipe d'Espagne sur la Grande Boucle 1959 à un conflit avec son grand rival, Jesus Loroño, qui refuse de jouer son bras droit.
Idole en Espagne, deux jours de deuil officiel "en signe de douleur et de reconnaissance" ont été prononcés par le maire de Tolède, ville dans laquelle trône une statue de Federico Bahamontes. "Fils adoptif de la ville de Tolède, admiré et aimé, Fede nous a émus avec ses ascensions extraordinaires, a réagi Carlos Velazquez. Grâce à lui, nous avons tous gagné le Tour." "Il nous a ouvert le chemin", a pour sa part évoqué Alberto Contador, un des six autres Espagnols vainqueurs du Tour après Bahamontes.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.