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Fête du Vélo : la Fédération des usagers de la bicyclette apelle à ce que "le vélo ne soit pas réservé aux gens favorisés des hyper-centres"

Olivier Schneider, président de la Fédération française des usagers de la bicyclette, était l'invité de franceinfo samedi matin. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un homme roule à vélo à Paris.  (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Alors que se déroule ce week-end du 1er et 2 juin, la Fête du vélo avec des événements organisés un peu partout en France, Olivier Schneider, président de la Fédération française des usagers de la bicyclette (Fub), appelle sur franceinfo samedi, à "faire en sorte que le vélo ne soit pas uniquement réservé aux gens favorisés des hyper-centres des villes."

franceinfo : Etes-vous étonné de voir à quel point la cohabitation est difficile entre piétons, trottinettes, vélos, automobilistes ?

Olivier Schneider : Non, c'est normal, parce que c'est un changement dans l'organisation de la ville. Juste après leur inauguration, les pistes cyclables semblent vides parce qu'elles ne forment pas un réseau continu et cohérent, et, du coup, les cyclistes néophytes sont un peu désorientés, ils prennent parfois les trottoirs parce qu'ils sont impressionnés par les voitures. Mais le jour où le "système vélo" sera en place, tout cela sera réglé. Il y a aussi cet ovni que sont les trottinettes, mais c'est une nouveauté, et dans quelques années cela va se banaliser. Ils sauront où rouler et je pense que tout cela va s'harmoniser.

Quels sont les bons et mauvais élèves au niveau national, en termes de mobilité et de partage de la chaussée ?

Aujourd'hui, nous n'avons pas encore de ville totalement exemplaire en France, au même niveau que pourraient l'être des villes allemandes, néerlandaises, ou danoises. Néanmoins, des villes comme Nantes, Bordeaux, Strasbourg, Grenoble ou Rennes ont fait énormément d'efforts. Tant qu'il y a quelques chaînons manquants dans les réseaux cyclables, ce n'est pas encore parfait : beaucoup de gens essayent le vélo et sont un peu déçus parce que sur leur trajet, il y a un petit bout qui n'est pas terminé. Mais je pense que c'est la mandature municipale suivante qui permettra d'achever ce réseau cyclable. D'ailleurs, je pense que le vélo, pour la première fois, sera un sujet sérieusement abordé pendant la campagne des élections municipales. Les associations de la Fub – totalement neutres, on ne soutient pas un parti en particulier - vont organiser un "baromètre des villes cyclables". On l'avait déjà fait en 2017, et cela permettra, avec un panel de questions très complètes, de voir les attentes et le ressenti des habitants sur le bilan de la mandature précédente, pour orienter les différents candidats vers ce que pourraient être les priorités du mandat suivant sur le vélo.

Le projet de loi d'orientation des mobilités doit être examiné à l'Assemblée nationale à partir de la semaine prochaine. Le gouvernement prévoit, entre autres, une prime mobilité durable pour soutenir le vélo et le covoiturage. L'idée serait de doubler la prime déjà existante. Cela irait-il dans le bon sens ou est-ce trop faible pour changer les habitudes ?

En septembre, le gouvernement a lancé son plan national vélo. Il était censé permettre le triplement de la pratique du vélo en France d'ici les Jeux olympiques de 2024. Au programme, il y a tout un tas de mesures : le marquage des vélos contre le vol, les aides aux collectivités pour investir dans de véritables réseaux de pistes cyclables… C'est grâce à cette loi d'orientation sur les mobilités que ces annonces vont être transcrites dans la réalité, avec plus ou moins d'ambition. En revanche, il faut créer un "système vélo" et, pour cela, il faut à la fois avoir une prime vélo mais aussi avoir de l'ambition dans le programme "savoir rouler", qui va systématiser l'apprentissage de la mobilité vélo dans les écoles primaires. Il faudra aussi améliorer les conditions d'emport des vélos dans les trains, de stationnement dans les gares.

La crise des "gilets jaunes" a mis au jour des inégalités criantes entre territoires : certaines personnes ne peuvent faire autrement que de prendre leur voiture.

Le problème, c'est que dès que l'on quitte la ville-centre, les infrastructures ne se prêtent pas assez fréquemment aux vélos, même sur des distances courtes. Même en Ile-de-France, 80% des déplacements en voiture font moins de cinq kilomètres. Mais c'est souvent de banlieue à banlieue et à vélo, aujourd'hui, il n'y a pas les infrastructures : on va d'une banlieue sympa à une autre banlieue sympa mais en traversant un périphérique ou une autoroute urbaine. Rien n'est fait pour les piétons ou pour les cyclistes qui auraient eu envie de les franchir. Ça mène à faire des détours, ou à passer par des endroits où on se fait très peur. Une des réponses aux "gilets jaunes" est donc de faire en sorte que le vélo ne soit pas uniquement réservé aux gens favorisés des hyper-centres des villes, mais également de construire des pistes cyclables un peu plus loin. Tout le monde ne pourra pas faire tous les déplacements à vélo, mais si on peut stationner en gare et si on peut faire franchir le périphérique, ce sera déjà beaucoup plus démocratisé.

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