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Giro 2019 : de Carapaz à Ackermann, les outsiders en ont profité

Après trois semaines d'efforts, Richard Carapaz (Movistar) a remporté le Tour d'Italie 2019 dimanche. S'il avait terminé à la 4e place de l'épreuve l'an passé, il n'était même pas cité parmi les favoris pour la victoire finale. Même logique sur les sprints, où Elia Viviani et consorts ont été surclassés par un nouveau venu. Ce Giro a couronné les outsiders.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (LUK BENIES / AFP)

► Carapaz et la Movistar : la revanche des sous-estimés

De la liste des cinq favoris à la victoire finale identifiés avant le début de la course, le nom de Richard Carapaz ne faisait pas partie. Surprenant 4e l'an passé en Italie, l'Equatorien manquait de références. Passé pro en 2017, il ne s'était illustré que sur deux courses jusque-là : la Vuelta a Asturias (vainqueur en 2018 et 2019) et le Giro justement, là où il avait glané sa première victoire World Tour l'an passé. Et c'est peut-être parce qu'il a été sous-estimé qu'il a pu faire le trou sur ses adversaires (en plus d'être en très bonne forme). 

"On lui a laissé trop de temps" à Courmayeur, a reconnu Vincenzo Nibali, deuxième du général final. Sur la 14e étape, le marquage entre Primoz Roglic et le requin de Messine avait permis à Carapaz de s'imposer avec 1'54 d'avance. Il en avait profité pour revêtir le maillot rose, sans savoir qu'il s'agirait de la seule étape de montagne remportée par un leader et sans être certain qu'il le garderait jusqu'à Vérone.

Mais il était le plus fort et surtout le seul à ne pas avoir donné le moindre signe de faiblesse en altitude, avec son coéquipier Mikel Landa. Landa, qui en plus de porter l'étiquette de leader et la pression qui lui incombe, a joué un rôle prépondérant dans le succès final de son coéquipier, dans une formation où le partage des responsabilité n'avait pas la réputation de faire bon ménage. Derrière le succès de Carapaz, il faut surtout noter l'excellente course de la Movistar.

► Ackermann crève l'écran

Tient-on "le nouveau Marcel Kittel" ? C'est la question que beaucoup d'observateurs se posent. Le cyclisme allemand tient en tout cas une nouvelle star du sprint. Pour son premier grand tour, Pascal Ackermann s'est offert le maillot cyclamen. S'il n'avait à l'arrivée qu'un seul adversaire sérieux (Arnaud Démare), il s'était montré le plus fort en première semaine, en dépit d'un gros plateau (Viviani, Ewan et Gaviria étaient là).


Le classement final du Giro 2019


Le coureur de 25 ans a joué la gagne sur tous les sprints, excepté à Modène, où il a subi une terrible chute dans l’emballement final. L'histoire retiendra ses deux victoires d'étape à Fucecchio et à Terracina mais aussi sa joie communicative ; l'image d'un sprinteur épanoui au sein d'une formation qui lui a fait confiance. La Bora aurait très bien pu décider d'emmener Peter Sagan ou le très en forme Sam Bennett

► Peters et Madouas, premières rugissantes

Ni Romain Bardet, ni Thibaut Pinot, n'avaient inscrit le Giro à leur programme cette année. Les meilleurs espoirs français en montagne étaient a priori chez AG2R La Mondiale. Mais Alexis Vuillermoz n'a pas brillé : pas le moindre Top 10 et une 29e place au classement général final. Quant à Tony Gallopin, il a dû se contenter d'une 2e place à L'Aquila, avant d'abandonner après la 15e étape. Dans la formation de Vincent Lavenu, c'est finalement Nans Peters qui a réalisé le meilleur Giro.

Pour sa première participation, il s'est affirmé parmi les bons baroudeurs du peloton. 8e à San Giovanni Rotondo, il a ensuite endossé le maillot de meilleur jeune à San-Marino grâce à une 3e place au classement général, tenue jusqu'à la 12e étape. On l'imaginait satisfait, mais non, il est reparti à l'attaque et a décroché une superbe victoire d'étape en troisième semaine à Anterselva. Bel endroit pour une première victoire professionnelle.

Valentin Madouas, de son côté, n'a pas gagné. Échappé lui aussi sur la 6e étape, il s'est surtout illustré par sa résistance en haute montagne. Alors qu'il n'avait pas d'objectif précis sur son premier Tour d'Italie, le coureur de 22 ans a ajouté à son palmarès une 13e place au classement général d'un grand tour. "Le plus encourageant, c'est qu'il est venu sur le Giro sans l'avoir préparé particulièrement", a relevé Martial Gayant, son directeur sportif. De bon augure pour celui qui poursuit ses études d'ingénieur en parallèle.

 ► Simon Yates, le retour de bâton

Il ne faisait pas bon être favori sur les routes du 102e Giro. Primoz Roglic en a fait les frais. Privé d'équipiers, le Slovène a été pris pour cible dès les premières pentes. Tom Dumoulin, lui, a été contraint à l'abandon dès la première semaine, à cause d'une blessure contractée le jour même où Carapaz décrochait son premier succès. Quant à Simon Yates, l'ironie du sort est encore plus frappante. 

Auto-désigné favori n°1 à la victoire finale avant le départ de la course, le Britannique ne l'a terminée qu'à la 8e position. Un an après avoir tout perdu, le maillot rose sur les épaules, il avait lancé les hostilités en expliquant ne pas vouloir être à la place de ses rivaux. Ils sont 7 à avoir fait mieux que lui : Carapaz, Nibali, Roglic, Landa, Mollema, Majka et Lopez. Mauvais karma.

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