Giro 2024 : "Pogacar est venu, à la manière d’un Eddy Merckx, prendre tout ce qu’il y a à prendre"... Le bilan de la première semaine avec Yoann Offredo
Il était annoncé comme l’ultra favori du Giro 2024, et répond aux attentes. Maillot rose depuis la deuxième étape, Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) s’est même offert trois victoires d’étapes sur neuf disputées depuis le début du Giro. En journée de repos lundi 13 mai, ses concurrents ont dû se demander comment le déstabiliser ou au moins le concurrencer un peu plus, alors que pour l’instant, "il y a Tadej Pogacar et les autres", selon Yoann Offredo, consultant franceinfo:sport.
"Je m’attendais à le voir dans un état de forme élevé, mais je pensais quand même que des coureurs comme Geraint Thomas seraient un peu plus proches, note d’abord Yoann Offredo. On voit qu’il est venu, un peu à la manière d’Eddy Merckx, de façon cannibale, prendre tout ce qu’il y a à prendre". Avec deux minutes et quarante secondes d’avance sur son dauphin Daniel Felipe Martinez (Bora-Hansgrohe), le Maillot rose dispose d’un écart presque aussi élevé que celui qui sépare le deuxième du dixième (à 5 minutes et 53 secondes). "Ce Giro a vraiment été taillé pour lui. Les organisateurs n’auraient pas pu mieux faire pour l’attirer, que ça soit avec les arrivées punchy ou le contre-la-montre, et on a très vite compris, dès la première étape, qu’il n’y avait pas beaucoup de concurrence. Il n’y a que Jhonatan Narvaez (Ineos Grenadiers) qui a été capable de le suivre alors que la montée de San Vito ne faisait qu'1,4 kilomètres", observe l’ancien coureur.
Et hormis sa performance sur le contre-la-montre lors de la 7e étape, où il a impressionné alors qu’il n’avait plus gagné sur un chrono depuis 2021, le Slovène - qui vise un doublé avec le Tour de France - a creusé son écart en tête du classement général sans fournir d’énormes efforts. "Sur la première étape, il suit une attaque et ça correspond à un effort d’une minute environ, sur la deuxième étape, il attaque à 4,5 kilomètres du sommet, sur la quatrième, il suit une attaque à 1,5 kilomètre de l’arrivée… Donc c’est un tas de petits efforts qui sont peut-être coûteux pour son équipe, mais moins pour lui, et ses équipiers ne seront pas les mêmes sur le Tour de France", analyse le consultant, qui a "l’impression que les autres équipes roulent désormais pour ne pas perdre leur quatrième ou cinquième place".
Alex Baudin, meilleur Français en apprentissage
Moins en vue au classement général durant la première semaine, les coureurs français se sont surtout montrés à l’avant, en échappée, comme Benjamin Thomas (Cofidis), vainqueur de la cinquième étape, Lilian Calmejane (Intermarché-Wanty) et Julian Alaphilippe (Soudal-Quick Step). Le double champion du monde est même passé tout proche de la victoire, deuxième lors de la sixième étape qui comportait des chemins blancs, et semble "retrouver son punch", se réjouit Yoann Offredo.
Autre Français en forme, le jeune Alex Baudin (Décathlon-AG2R La Mondiale), 22 ans, est le Tricolore qui figure le plus haut au classement général (12e). "On l’a vu dès la première étape, il est souvent bien placé, il s’accroche, et c’est bien pour apprendre", souligne le consultant. En revanche, Romain Bardet (dsm-firmenich PostNL), qui visait une bonne place dans ce classement, "a été en difficulté rapidement", note Yoann Offredo. "Il a été malade visiblement, et c’est décevant pour lui parce qu’il a fait deux stages de trois semaines en altitude, c’est énorme, c’est beaucoup de travail", poursuit-il. Romain Bardet compte 7 minutes et 51 secondes de retard sur Tadej Pogacar.
Après neuf premiers jours "très intenses" depuis le début du Giro, les coureurs vont désormais se tourner vers quelques étapes de transition, avant une troisième semaine qui s’annonce pentue. "Cette semaine va être un peu plus tranquille. On risque de voir des échappées aller au bout, parce que la dernière semaine fait très peur", prévoit Yoann Offredo.
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