Hushovd en Arc-en-ciel !
Sur un circuit finalement jugé plus sélectif qu'on n'eut pu le penser de prime abord, on s'attendait à un championnat du monde très disputé, récompensant un vrai baroudeur dans une arrivée triomphale après une journée où les attaquants auraient été à leur avantage. Il y eut certes une course très animée tout au long des 262,7 km du parcours, mais en conclusion, tout s'est encore joué dans un sprint où finalement ce sont les plus attentistes qui ont décroché les places d'honneur. Evidemment, Thor Hushovd a bien manuvré dans cette opération, puisqu'il à l'instar de tous ceux qui pouvaient avoir des ambitions en cas d'arrivée groupée, il a su rester dans le groupe principal alors que toutes les tentatives d'échappée ne sont jamais allées très loin: d'abord un groupe improbable de cinq hommes peu connus sur le circuit, rejoint au 7e tour après que l'un d'eux l'Ukrainien Kvachuk ait tenté de s'en extraire, puis une accélération de Nibali au 6e tour visant à provoquer une cassure et lâcher les sprinteurs qui sont tout de même revenus au 10e tour, pour former ensuite un peloton d'une quarantaine d'unité juste à l'amorce du dernier tour.
Le scénario de la course a réservé un long duel opposant l'Italie de Filippo Pozzato à la Belgique de Philippe Gilbert mais pour s'être personnellement livrés de bonne heure, les deux grands favoris de cette course arc en ciel ont échoué, sans avoir finalement fait la moindre faute. Le Norvégien a donc su attendre le sprint final dans une course durcie par les équipes d'Italie et de Belgique avec l'omniprésence du vainqueur de l'an passé, Cadel Evans, sur tous les bons coups, pour le plus grand plaisir du public australien. Mais en dépit de tous les mouvements offensifs, il était dit que rien ne pouvait faire exploser vraiment la course, et au fur et à mesure des tours, les sprinteurs croyaient de plus en plus en leur chance. Au moment où le peloton se reformait, sous l'impulsion de Luis-Leon Sanchez, l'équipe italienne a pris collectivement les choses en main à deux tours de l'arrivée, Giovanni Visconti attaquant sèchement en compagnie du vainqueur du Tour d'Espagne Vincenzo Nibali. Mais une nouvelle fois, la sélection espagnole a assuré la poursuite et laissé croire à Oscar Freire qu'il pouvait encore décrocher un quatrième titre mondial. Ces efforts ont finalement plutôt servi les desseins d'un Hushovd esseulé, et qui s'est appuyé sur les efforts des autres pour revenir, dans une configuration de course décidément un peu confuse.
Même la dernière attaque, le beau démarrage du Belge Philippe Gilbert, présenté comme un des grands favoris, n'a pas pu aller au bout. Gilbert est parti à la pédale dans le dernier tour, mais il lui a manqué à ce moment là un peu de jus pour creuser un écart suffisant. Il a été repris à trois kilomètres de l'arrivée. C'en était alors fini pour les rêves de baroudeurs. L'explication finale a tourné court, le puissant Hushovd vainqueur de huit étapes du Tour de France dont il a conquis à deux reprises le maillot vert du classement par points, se montrant le plus véloce pour aller chercher son premier maillot arc-en-ciel, qu'il étrennera dès la saison prochains dans son nouvelle équipe Garmin. Thor Hushovd a eu le mérite de courir tactiquement à la perfection en faisant le boulot tout seul, puisqu'il n'avait pas pour lui une équipe aussi solide que l'étaient par exemple celles d'Italie, de Belgique, d'Espagne ou des Pays-Bas.
Derrière on s'est disputé le podium. Allan Davis a sauvé l'honneur australien en prenant la 3e place derrière le Danois Matti Breschel. L'Italien Filippo Pozzato a pris la quatrième place devant le Belge Greg Van Avermaet et l'Espagnol Oscar Freire, déjà trois fois titré.
Côté Français Feillu a joué son rôle de sprinteur. Mais de façon générale, même si Cyril Gautier, Romain Feillu et Yohan Offredo sont restés devant, les tricolores n'ont pas souvent été très présents dans les grandes offensives..
Déclarations
Thor Hushovd (NOR, champion du monde): "C'est un rêve. Je dois maintenant essayer de savourer ça tous les jours, regarder ce maillot parce que j'ai eu cette chance qui ne se reproduira peut-être jamais. Je ne pouvais pas me reposer sur une équipe forte comme l'ont fait les Italiens, les Belges ou les Espagnols. J'ai profité du travail accompli par les équipiers d'Oscar Freire pour conserver mes chances et finalement gagner"
Matti Breschel (DEN), 2e: "C'est ma deuxième médaille (bronze en 2008). J'espère que je la changerai en or l'an prochain, à Copenhague. Le parcours ne sera pas aussi difficile qu'ici mais il y a pas mal de petites routes et après 260 kilomètres, ce sera usant. Ici, c'était vraiment dur. J'ai bien essayé dans le sprint, c'était un effort très long, mais Thor (Hushovd) était trop fort."
Allan Davis (AUS), 3e: "J'ai vécu un moment très spécial, j'espère que je le connaîtrai de nouveau. Je ne serais pas monté sur le podium si mes coéquipiers ne m'avaient pas aidé. Cadel (Evans) et moi avons été protégés durant toute la course, nous avons pu jouer notre carte. J'étais très confiant car je savais que j'étais en forme. J'ai eu ce championnat en tête durant toute la saison."
Filippo Pozzato (ITA), 4e: "Nous avons bien couru, nous avons montré un esprit de groupe comme l'enseignait Franco (Ballerini, l'ancien sélectionneur décédé en début d'année) et comme le demandait Paolo (Bettini, le responsable actuel). Dans le dernier tour, j'ai souffert de crampes sur l'attaque de Gilbert. Pour le sprint, j'ai pris la roue de Hushovd et j'y suis allé. J'ai fait un bon effort mais je n'ai pu faire mieux que quatrième. Dommage, parce que l'occasion était belle. C'était une arrivée idéale pour moi."
Romain Feillu (FRA), 10e: "Je suis encore un peu en dessous. J'ai dû m'employer dans le dernier tour. Les sprinteurs comme Cavendish, Farrar et Greipel n'étaient plus là, c'était donc un final pour puncheurs, et dans ce domaine je suis encore un peu juste. J'ai géré mes efforts pour rester dans le groupe. J'ai entamé le sprint dans la roue de Thor Hushovd mais je ne suis pas parvenu à la garder."
Le classement du championnat du monde
1. Thor Hushovd (NOR), les 262,7 km en 6 h 21:49. (moyenne: 40,417 km/h)
2. Matti Breschel (DEN) m.t.
3. Allan Davis (AUS) m.t.
4. Filippo Pozzato (ITA) m.t.
5. Greg Van Avermaet (BEL) m.t.
6. Oscar Freire (ESP) m.t.
7. Alexandre Kolobnev (RUS) m.t.
8. Assan Bazayev (KAZ) m.t.
9. Yukiya Arashiro (JPN) m.t.
10. Romain Feillu (FRA) m.t.
11. Grega Bole (SLO) m.t.
12. Dmitriy Fofonov (KAZ) m.t.
13. Koos Moerenhout (NED) m.t.
14. Fabian Wegmann (GER) m.t.
15. Andre Cardoso (POR) m.t.
16. Frank Schleck (LUX) m.t.
17. Cadel Evans (AUS) m.t.
18. Philippe Gilbert (BEL) m.t.
19. Niki Terpstra (NED) à 07.
20. Bjorn Leukemans (BEL) 07.
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