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Internet, le seul lien d'Haïti avec la planète

lls sont une vingtaine. Une vingtaine d'internautes qui relient l'île des Caraïbes au reste du monde. Les liaisons téléphoniques et les réseaux portables sont hors service, mais Internet fonctionne, le plus souvent par liaison satellite... tant que les batteries et les groupes électrogènes tiennent.
Article rédigé par franceinfo
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Dans un pays où moins de 10% des Haïtiens ont accès au téléphone, ces internautes sont des privilégiés. Ils sont journalistes locaux, musiciens, humanitaires, expatriés... Depuis les premières secousses ce petit groupe d'internautes publie des témoignages, informations, photos, vidéos sur des blogs, et surtout sur le réseau social Twitter.

En attendant l'arrivée de la presse internationale sur l'île, ces internautes sont l'une des rares sources d'information. Il s'appellent Carel Pedre, , , , ou .

Depuis 36 heures, Carel n'a pas arrêté de publier des informations, de répondre aux sollicitations des média. Ce matin sur Twitter, il s'excusait presque de prendre un peu de temps pour faire une pause : "Je n'ai dormi qu'une heure depuis lundi matin. Il me faut du repos".

Tara, elle, est inquiète : "Je ne sais pas combien de temps le net va tenir. Notre connexion fonctionne avec un générateur. Et notre réserve de diesel commence à baisser."

Et Marvin, qui a passé deux jours à faire le lien entre les familles, à donner des nouvelles à la diaspora haïtienne, ne sait toujours pas où sont ses proches.

De son côté, Richard appelle à l'aide: "Nous avons besoin de chambres froides. Les cadavres en décomposition s'entassent dans les rues. L'odeur est atroce." Il passe aussi en revue les quartiers détruits: "Chaos à Carrefour Feuilles. Gens coincés sous les débris. Besoin de matériel médical."

Justement: pour aider à localiser les dégâts, Google Earth a mis à jour ses cartes aériennes et satellites pour Haïti. Le site de géolocalisation permet aussi d'avoir une vision d'ampleur de la catastrophe grâce à des montages d'images entre l'ancienne et la nouvelle version du service. Le contraste est hallucinant.

Des images apocalyptiques

Et puis il y a aussi ces photos terribles postées sur le Net. Des photos prises le plus souvent par ce groupe d'internautes. Par Lisandro, par exemple. Hier, quand il n'était pas en train de "tweeter" sur son ordinateur, il était dans les rues, pour proposer son aide... et prendre des photos.

Lisandro a publié une foule de photos sur son compte Twitpic. Des photos terrifiantes, difficilement supportables... comme ce cliché qui montre un enfant écrasé par un bloc de ciment, le crâne ouvert. Certaines de ces photos ont été reprises par les agences de presse, comme l'AFP ou la banque d'images Getty. C'est le cas de ce cliché qui faisait la une de tous les journaux et sites Internet ce matin: celui de cette femme recouverte de gravats, dans les ruines de sa maison.

Méfiez-vous des contrefaçons

Mais attention : comme souvent avec Internet, il y a des petits plaisantins. Ainsi hier matin, une photo présentée comme une vue de la capitale haïtienne après le séisme a été postée par un mauvais blagueur sur Twitter. Le cliché a été repris sans vérification par une agence de presse et publié ce matin dans un quotidien français…. qui s’est fait avoir. Il s'agissait bien d'une photo de tremblement de terre, mais elle a été prise... dans la province chinoise du Sichuan, en 2008.

Même mésaventure hier et aujourd'hui pour deux chaînes télé. Elles ont diffusé en boucle des images présentées comme tournées juste avant le séisme à l'ambassade de France à Port-au-Prince. On y voit un chien qui déguerpit quelques secondes avant que la terre ne se mette à trembler. Problème: les images avaient été tournées quelques jours plus tôt... en Californie. Cette vidéo a été recadrée par un blagueur de mauvais goût qui a changé son titre et l'a publiée sur Dailymotion. La plateforme de partage l'a retirée aujourd'hui de son site.

Pourtant un internaute attentif avait relevé la mauvaise blague.

, prévenait un journaliste sur Twitter hier matin. Un spécialiste des "fakes", ces canulars du web : il travaille pour Citizenside, une plateforme participative qui vérifie toujours d'où viennent les photos et vidéos publiées. Apparemment, les chaines télé n'étaient pas abonnées à son compte Twitter.

Anne Jocteur Monrozier

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