Jan Ullrich reconnaît s'être dopé
Enfin serait-on tenté de dire. Sept ans après avoir pris sa retraite sportive, Jan Ullrich reconnaît s'être dopé au cours de sa carrière cycliste. Une carrière émaillée de nombreuses affaires pour le natif de Rostock. "Presque tout le monde prenait à l'époque des substances dopantes. Je n'ai rien pris que les autres n'ont pas pris aussi", affirme Ullrich, 39 ans. "Ulle" se défend en disant qu'il a voulu se placer au même niveau que les autres. Une défense classique mais qui devrait ternir un peu plus l'image du champion allemand qui assure n'avoir utilisé que son "propre sang". Si le cyclisme n'en a toujours pas fini de ressasser ses années noires, on peut saluer que les tricheurs de l'époque soit un à un démasqués. Eufemiano Fuentes, condamné fin avril à un an de prison par la justice espagnole, avait affirmé lors de son procès qu'il avait offert ses services à des cyclistes, mais aussi à des footballeurs, des athlètes ou des joueurs de tennis.
"Selon moi, il y a escroquerie à partir du moment où je me procure un avantage. Il ne s'agissait pas de cela. Je voulais favoriser l'égalité des chances", a-t-il argué auprès de l'hebdomadaire Focus. L'Allemand estime que le talent, la performance, l'esprit d'équipe et la volonté de gagner restent les facteurs qui décident de la victoire, selon les extraits de cet entretien. S'il n'avait jamais reconnu s'être dopé, Ullrich l'avait laissé entendre il y a deux ans sur eurosport.de: "On ne peut pas le cacher, diverses affaires de dopage ont abîmé le cyclisme ces dernières années. J'ai moi-même fait des erreurs. Mais après des années de doute, de dépression et de problèmes physiques, j'ai fait la paix avec moi-même", assurait-il à l'époque.
Révélé en 1996
Jan Ullrich naît à Rostock le 2 décembre 1973. Il se révèle en 1996 sur les routes du Tour de France en prenant la 2e place derrière son coéquipier danois Bjarne Riis. Pour sa première participation à la Grande Boucle, Ullrich réussit l'exploit de monter sur le podium.On imagine même qu'il aurait pu l'emporter si les consignes d'équipe ne l'avaient pas bridé. La consécration, il va la connaître l'année suivante. Impérial dans l'épreuve chronométrée, l'Allemand est surpuissant dès que la route s'élève. Dans l'étape qui mène les coureurs vers Andorre-Arcalis, il frappe un grand coup. Ni Virenque, Ni Pantani ne peuvent contester son hégémonie, Ullrich remporte le Tour avec 9 minutes d'avance sur le Français.
Rattrapé par l'affaire Puerto
Malheureusement la carrière de "l'ogre de Rostock" va prendre une mauvaise tournure. Régulièrement battu par Armstrong, il ne remontera jamais sur la plus haute marche du podium du Tour. En 2006, il pense pouvoir profiter de la retraite de l'Américain pour renouer avec la victoire mais le 30 juin, il est rattrapé par l'affaire Puerto. Licencié sur le champ par son équipe, la T-Mobile, Ullrich ne remontera jamais sur un vélo. Sa dernière course, il la dispute quelques jours plus tôt sur le Tour de Suisse, qu'il remporte d'ailleurs. L'affaire Puerto pour laquelle il a été mis en cause avait éclaté à la suite d'une saisie par la police espagnole de plus de 200 poches de sang dont certaines contenaient des traces d'EPO.
Fin 2006, Johan Bruyneel, le sulfureux manager d'Armstrong, soupçonné d'avoir participé au vaste réseau de dopage mis en place par l'Américain, lui propose un contrat de deux ans au sein de son équipe Discovery Channel. L'accord ne sera jamais signé et le 26 février 2007, Ullrich annonce sa retraite sportive.
Avec ces aveux qui surviennent peu après ceux d'Armstrong, le coureur allemand va devoir s'expliquer devant la justice. L'ancien leader de la T-Mobile avait déjà été sanctionné par le TAS en 2012. Suspendu deux ans, il avait vu tous ses résultats annulés après mai 2005.
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