Jérémy Bescond, un tour au Rwanda
« Quand je suis arrivé à l’aéroport de Kigali, j’ai vu des militaires partout. Ils ont les armes à la main, c’est normal après ce qu’ils ont vécu ». Dès l’arrivée au Rwanda, Jérémy Bescond sait que cette aventure ne ressemblera à aucune autre. Pas même au championnat de France professionnel, au Tour de Turquie ou autres courses qu’il a pu faire sous les couleurs de l’équipe Cofidis. Le Tour du Rwanda rassemble plusieurs équipes de différentes nationalités : sélection égyptienne, équipes locales, ou coureurs européens sont rassemblés pour une course d’une semaine. Là-bas, c’est l’événement sportif de l’année, tant le vélo a pris une place importante dans le cœur des Rwandais. La preuve, rien que pour le prologue long de trois kilomètres, seul contre-la-montre de l’année au pays, le président du Rwanda a offert un vélo digne des plus grosses écuries du circuit mondial à l’ensemble des coureurs rwandais. Un geste fort, qui témoigne que l’essor du cyclisme en Afrique est bien réel.
Jérémy Bescond, 24 ans, a mis du temps à accepter de faire partie de l’aventure : « Un ami qui y va tous les ans, m’a proposé de venir avec lui. Mais je n’étais pas trop motivé au début, j’avais une mauvaise image du Centrafrique, surtout du Rwanda, à cause de ce qui s’est passé il y a vingt ans… Après réflexion, je me suis laissé tenter, et je suis parti avec eux ». Au programme, sept étapes, dont deux de plaine seulement. Bienvenue au « pays des mille collines ». L’ancien professionnel, qui s’apprête à rejoindre une équipe amateur bretonne, s’est avoué surpris par le niveau de ses concurrents. « Ils courent comme des pros, en ne laissant personne sortir du peloton. Les Rwandais ont une belle école de cyclisme. Le vainqueur Jean-Bosco Nsengimana est vraiment costaud, il grimpe très bien. Sur l’arrivée de Kigali, qui se finissait sur une montée en pavés, tout le monde a mis pied à terre, sauf lui ».
Mais ce qui a surpris le jeune coureur français, c’est cet engouement populaire autour du Tour rwandais. « C’était l’Alpe d’Huez sur chaque étape, du début à la fin. C’était fou ! Je suis allée voir un match de foot le soir, le Rwanda jouait contre la Namibie, et perdait 3-0. La foule s’est mise debout et a commencé à crier "Vélo ! Vélo ! Vélo !". C’était incroyable ».
"Ici, les gens m’ont donné beaucoup plus qu’une paire de chaussures"
Dixième du classement général final, Jérémy Bescond retiendra surtout de cette grande aventure des histoires, qu’il n’aurait pu vivre sur le continent européen. « Une fois, à l’arrivée d’une étape, je suis rentré à l’hôtel sur une moto taxi, avec mon vélo qui était aussi sur la moto, c’était fou ! Ici tout le monde est souriant, ils n’ont pas grand-chose, mais ils sont heureux ». L’ancien coureur professionnel est d’ailleurs rentré en France sans ses chaussures de vélo. Il raconte : « C’était lors de la dernière étape, j’ai croisé un coureur qui n’avait pas grand-chose, à part du courage. Ses chaussures étaient vieilles, et pas pour lui. Je suis allé à sa rencontre, et je lui ai donné les miennes, il les méritait largement. Il m’a remercié beaucoup de fois mais il n’avait pas à le faire. Ici, les gens m’ont donné beaucoup plus qu’une paire de chaussures ».
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