Cyclisme : "Je vais tout faire pour remettre les pendules à l'heure", assure Julian Alaphilippe avant de lancer sa saison
Julian Alaphilippe va faire son grand retour, mercredi 25 janvier, sur le Challenge de Majorque. Délesté de son maillot de champion du monde, le Français de 30 ans aborde un nouveau chapitre de sa carrière après avoir subi plusieurs lourdes chutes lors de la saison 2022, où il n'a pu glaner que deux succès. Malgré les coups de pression de son manager chez Soudal-Quick-Step, Patrick Lefevere, le puncheur reste confiant et semble toujours affamé de victoires, comme il l'a indiqué en visioconférence de presse mardi.
Quelles sont vos ambitions pour votre course de reprise ?
Julian Alaphilippe : Je me sens bien, vraiment motivé, super content de commencer la saison. Je n’ai pas fait de ces courses ici un véritable objectif, le but principal est de voir ou je me situe au niveau de la condition. Vendredi, la course me correspond un peu mieux avec une belle arrivée. Je vais voir comment je me sens, on a une équipe assez forte, le but premier est de lancer la saison et de faire des efforts qui seront importants pour la suite.
Après une saison 2022 remplie de galères, vaut-il mieux repartir de zéro ou garder des leçons de ce qui s’est passé ?
Ca a été facile pour moi. Après les courses en Italie en octobre, j’ai vraiment déconnecté du vélo pour me retrouver avec ma famille et faire un "reset" physique et psychologique, pour vraiment me retrouver et prendre du temps pour moi. J’ai recommencé l’entraînement quand j’en ai ressenti l’envie, j’ai passé un bon hiver, calme. Les entraînements se sont bien passés, je n’ai pas été retardé par quoi que ce soit.
Les chutes que vous avez subies l’année dernière ont-elles modifié votre approche de votre sport ou votre manière de courir ?
Non, pas spécialement. Les premières fois où je suis remonté sur le vélo après la chute à Liège-Bastogne-Liège, c’était vraiment un sentiment bizarre. J’avais peur de retomber. Mes premières courses, j’avais beaucoup plus d’appréhension. Puis ça revient, et heureusement. Ce serait dommage de changer sa façon de courir à cause d’une chute, qu’elle soit grave ou non. Bien sûr il faut faire attention, il y a toujours cette frontière entre la prise de risque inutile et choisir quand il faut aller vite, c’est à nous de juger. Mais pour le reste, je n’ai pas plus peur dans les descentes, je suis comme avant.
Vous aviez parlé du poids du maillot arc-en-ciel ces deux dernières années, allez-vous aborder les courses d’une manière plus tranquille désormais ?
Le maillot de champion du monde, c’était mon rêve, et j’ai réussi à aller le chercher deux fois de suite. C’était l’un des plus beaux moments de ma carrière. Mais quand on vit une saison un peu compliquée, qu'on n’est pas forcément là où on a envie d’être, encore moins là ou les gens vous attendent, avec ce maillot, c’est encore plus dur à vivre. Mais je ne veux pas non plus mettre les mauvais moments que j’ai passés l’année dernière à cause du maillot, au contraire. Il a pu me faire du bien en me faisant réaliser ce que j’avais déjà fait.
"Le fait de ne plus avoir le maillot de champion du monde, ça va me permettre de retrouver un peu cette liberté que j’avais avant, j’en ai besoin. J’ai surtout envie d’aller de l’avant, encore plus maintenant."
Julian Alaphilippe
Avec tous ces succès et ces attentes, est-ce que la notion de plaisir avait été un peu mise de côté ?
Quand tu commences une saison avec le Covid-19, puis tu commences à te sentir bien, puis tu es à nouveau arrêté avec une bronchite, puis tu te casses la gueule... C’est un cercle un peu infernal, bien grossi par les médias et par certaines déclarations... Sans le maillot, ça aurait été différent. J’en ai pris plein la tronche, et maintenant je vais tout faire pour remettre les pendules à l’heure. Sans stress mais avec beaucoup d’envie, comme j’ai toujours eu depuis le début de ma carrière.
Votre manager Patrick Lefevere s’est à nouveau exprimé à votre sujet mardi, signifiant qu’il avait bien eu une discussion avec vous, votre agent et votre femme, et que vous n’étiez pas dans l’équipe pour de tels résultats. Comment votre relation a-t-elle évolué avec lui et comment cela peut-il impacter votre début de saison ?
Ma relation avec Patrick a toujours été la même depuis ma première année dans l’équipe jusqu’à présent. On a toujours été transparents, eu un bon dialogue, quand les choses allaient bien et moins bien. Les déclarations qu’il peut avoir n’imputeront en rien ma manière de travailler et ma motivation pour la saison qui commence mercredi.
Vous avez dit avoir "la rage", est-ce que vous avez l’impression qu’on a oublié ce que vous avez fait avant, à l’aune d’une seule saison compliquée ?
Je ne suis pas comme ça, je n’ai pas du tout cet état d’esprit. Je sais comment je travaille, je sais ce que j’ai vécu, ce que je suis capable de faire. Dans le vélo comme dans la vie, on oublie vite, et à la fin il faut faire les choses pour soi. Qu’on oublie ou pas ce que j’ai fait, je m’en fous, j’ai surtout la rage pour ce que je vais faire encore. Le reste, c’est bien qu’il y ait des gens pour discuter de ça à ma place ! (rires).
Pourquoi choisir de faire le Tour des Flandres, vous qui êtes un homme des classiques ardennaises ? Quelle préparation envisagez-vous pour cette course ?
C’est une course qui me motive énormément, j’adore la façon dont les courses flandriennes se courent. Ma préparation ne va pas vraiment changer, si ce n’est que j’espère vraiment arriver avec mon pic de forme pour les classiques pavées des Flandres. Avant j’ai les courses en Italie, avec les Strade Bianche, Tirreno-Adriatico et Milan-San Remo. C’est un programme qui ne change pas beaucoup, mais mon objectif sera d’arriver en forme au Tour des Flandres avec quelques courses pavées avant.
Thibaut Pinot a récemment annoncé sa fin de carrière sportive. Est-ce qu’une page du cyclisme français se tourne actuellement ? A 30 ans, est-ce que cela a pu vous faire réfléchir sur la suite de votre carrière ?
Faire réfléchir non, car chacun a son état d’esprit, sa motivation, son ras-le-bol. Thibaut, ce n’est pas la première fois qu’on entendait qu’il en avait "un peu marre", entre la malchance, les coups durs, et les attentes autour de lui depuis des années. Je n’ai pas vraiment été surpris quand j’ai appris que c’était sa dernière saison. Ce que je retiens, c’est que c’est un super mec, il va manquer au cyclisme français et au public. Il peut être déjà fier de la carrière qu’il a faite, car il y a quand même beaucoup de victoires mythiques. C’était un coureur attachant, le public l’aimait pour ça. C’est son choix, il faut le respecter, et je lui souhaite de vraiment savourer sa dernière saison.
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