Tour de France 2019 : Jouer la gagne ou rester lui-même, le dilemme de Julian Alaphilippe
Les médias ont fait de la poursuite du successeur à Bernard Hinault un sport national. Voilà 34 ans que le Blaireau a glané son cinquième et dernier Tour de France. Plus les années passent, plus le successeur se fait attendre et plus la moindre braise peut faire naître un incendie dans le coeur des spectateurs. Depuis trois semaines, Julian Alaphilippe a soufflé sur celles-ci. Mais veut-il vraiment être ce successeur ?
Demandons-nous comment Alaphilippe en est venu à se battre pour la victoire finale ? Malgré lui ? Ce serait réducteur. Ce sont ses nombreuses qualités qui l’ont mis dans une bonne position avant la haute montagne. La force de son équipe d’abord sur le contre-la-montre par équipes, son punch à Épernay, sa résistance ensuite sur la Planche des Belles Filles, son punch encore à Saint-Etienne et enfin ses qualités de rouleur à Pau. Un ensemble qui font de lui le numéro un mondial et qui lui ont permis d’aborder les Pyrénées avec un matelas d’1’26’’ sur Geraint Thomas. "Je vais être très honnête, je ne vais pas dire que je n’ai jamais cru à la victoire finale mais ce n’était pas dans ma tête en arrivant sur le Tour", a assuré Alaphilippe.
Héroïque au Tourmalet, solide au Prat d’Albis, Alaphilippe a prouvé qu’il pouvait tenir tête aux meilleurs en montagne. Est-ce suffisant pour l’imaginer à l’avenir viser le classement général d’un Grand Tour ? Sans doute oui. Julian Alaphilippe fait partie de cette catégorie de coureurs appelés “fuoriclasse”, un champion. Tout ce qu’il touche, il le transforme en or. Avec un début de travail en altitude, Julian Alaphilippe faisait déjà partie des dix meilleurs grimpeurs du Tour de France cette année. S’il venait à se spécialiser, où est sa limite ? Lui seul le sait. "Se préparer pour le Tour prend des mois, des années…" sait pourtant le Français.
Se spécialiser dans les classements généraux des Grands Tours aurait évidemment des conséquences sur sa chasse aux classiques. Plus complet, Alaphilippe deviendra moins dangereux à Milan-San Remo ou sur La Flèche Wallonne. Surtout, il devra moins courir et pire que tout pour lui : courir différemment.
Comment imaginer aujourd’hui un Alaphilippe rester au chaud dans le peloton pendant sept à dix jours en début de Tour de France ? L’attaque, “Alaf’” l’a dans le sang. Il s’ennuierait et perdrait sans doute beaucoup d’influx nerveux s’il devait se renier lui-même en attendant de sortir de sa boîte."Gagner le Tour ? On peut se poser la question. Ma 5e place était inespérée. Je suis plus que satisfait, a-t-il souri à Paris. Le classement général, peut-être que ça viendra mais l’année prochaine j’ai plus en tête d’aller découvrir le Tour des Flandres plutôt que de viser le classement général du Tour de France." Fidèle à lui-même.
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