Tour de France 2021 : sans Bardet ni Pinot, le cyclisme français loin du compte, écrasé par la concurrence
David Gaudu malade sur les pentes du Ventoux, Arnaud Démare hors-délai, Julian Alaphilippe loin de son niveau de 2019... À huit jours de l'arrivée à Paris, les coureurs français n'ont remporté qu'une étape, et regardent de loin la lutte pour le podium.
Tadej Pogacar et Mark Cavendish brillent sur le Tour de France 2021. Le premier écrase la concurrence au général, le second est entré vendredi 9 juillet dans l'histoire en égalant à Carcassonne le record de 34 victoires d'étape d'Eddy Merckx, maillot vert sur le dos.
Mais où sont les Français ? Depuis la victoire de Julian Alaphilippe, lors de la première étape en Bretagne, ils sont aux abonnés absents. Cette relative disette rappelle l'édition 2018, quand au même stade du Tour, après 13 étapes, seul Julian Alaphilippe, encore lui, avait remporté une victoire, au Grand-Bornand. Mais cette année-là, Romain Bardet nourrissait de sérieux espoirs au classement général, avant de les voir s'envoler quelques jours plus tard, sur les pentes du col du Portet.
Les leaders ne laissent aucune miette
Ce n'est pas le cas en cet été 2021. Avant les Pyrénées, le premier tricolore, Guillaume Martin, pointe à presque dix minutes du maillot jaune, Tadej Pogacar. C'était prévisible, "ce n'est pas un désaveu", rétorque Valentin Madouas, dont l'équipe, Groupama-FDJ, n'est pas vernie depuis le départ de Brest. "C'est sûr que c'est compliqué pour les Français de jouer le classement général."
"On a ni Thibaut Pinot, ni Romain Bardet, qui sont nos deux chances pour remporter un Grand Tour."
Valentin Madouas, coureur Groupama-FDJà franceinfo
Valentin Madouas attribue aussi les échecs des Français par les gros écarts au classement général, avant même la dernière semaine de course. "Beaucoup de leaders se sont faits piéger, et je pense qu'ils s'attendaient à être en meilleure position au classement général", remarque-t-il. "C'est sûr que ça laisse peu d'opportunités pour les coureurs français, mais ce n'est pas pour autant qu'il n'y a pas d'ambition, et je pense que sur toutes les prochaines étapes dans les Pyrénées, on risque d'avoir des coureurs français qui se distinguent."
L'époque de Bernard Hinault est révolue
Pour l'instant, les tricolores se distinguent timidement dans les échappées. Mais dans les sprints, en montagne, et même sur les parcours pour baroudeurs, excepté la victoire inaugurale de Julian Alaphilippe en Bretagne, la concurrence étrangère est trop forte. C'est une question d'époque pour le manager de l'équipe TotalEnergies, Jean-René Bernaudeau.
"Le Tour de France d'aujourd'hui, c'est la mondialisation à l'extrême, des coureurs de toute la planète."
Jean-René Bernaudeau, manager de l'équipe TotalEnergiesà franceinfo
Et puis, il y a "des stratégies dans des équipes françaises, qui partagent des effectifs avec des talents étrangers",poursuit-il. Selon le manager de Pierre Latour, maillot blanc de meilleur jeune du Tour en 2018, il serait intéressant de se pencher sur "le pourcentage de Français dans le peloton par rapport à l'époque qu'on rêve de retrouver. Celle de Bernard Hinault, mon époque. Il y avait un Australien, Phil Anderson, un Américain, Jonathan Boyer. C'était ça le Tour de France. Aujourd'hui, on n'est pas à la rue. On vit dans un contexte qui n'est pas le même qu'avant, donc les comparatifs ne sont pas possibles."
Depuis l'après-guerre, 18 des 67 étapes disputées un jour de fête nationale ont été remportées par des Français, soit plus d'un quart. L'étape du mercredi 14 juillet, arrivant au sommet du col du Portet, est donc la plus sage raison d'espérer.
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