Kern, un sacré lance-Pierre !
Dire qu’il pensait seulement donner un petit coup de main dans la Madeleine. Juste pour aider les copains à prendre les bonnes roues. « On m’avait laissé tranquille au briefing ce matin. Ça fait deux jours que je suis sous antibiotique à cause d’une sinusite, nous raconte Christophe Kern. Le médecin m’avait dit que j’aurai de mauvaise sensation. Je m’attendais à galérer mais je tenais à donner un coup de main à Pierrot (Rolland) et Thomas (Voeckler) au moins dans la Madeleine. » Niché au cœur du peloton, Kern pensait d’abord remonter Voeckler pour qu’il aille jouer les points du classement de la montagne. Mais c’est Rolland qui a pris son sillage. « Quand je me retournais je ne voyais que Pierrot. On était dans les dix du peloton. J’ai demandé à l’oreillette s’il fallait rouler mais Thomas ne répondait pas. A un moment j’ai décidé d’y aller, indique l’Alsacien, papa juste avant le début du Tour. Je suis sorti du peloton, Pierre dans ma roue. Je l’ai ramené dans le groupe de tête »
"J'ai roulé, roulé"
Devant, Europcar avait déjà placé l’Italien David Malacarne. « On s’est retrouvé à trois et j’ai roulé, roulé. Je n’étais pas bien dans les premiers kilomètres mais plus ça allait et plus les jambes tournaient bien. » Christophe Kern était parti pour un sacré numéro d’équipier, celui qui fait du vélo un vrai sport d’équipe. Euphorique, le grimpeur des Verts mettait trop de cœur à l’ouvrage. « Pierrot me disait souvent -doucement, doucement, tu vas trop vite !- Je savais que j’avais de bonnes jambes aujourd’hui. J’ai roulé toute la Croix de Fer jusqu’à quatre kilomètres de l’arrivée. Là je lui ai dit c’est à toi de jouer. Il faut que tu y croies, tu es le plus fort de l’échappée. Quand je me suis écarté on n’était plus que six, j’étais surpris. »
Complètement cuit
Ce travail de sape profitait à Pierre Rolland. Débarrassé de clients comme Scarponi, Feillu, Valverde, Vinokourov ou encore Leipheimer, le premier français du général pouvait prendre en main son destin. Le devoir accompli et les jambes très lourdes, Kern terminait son étape en roue libre, scotché aux nouvelles de son oreillette. « La suite, je ne l’ai pas vu car j’étais complètement cuit, nous conrfirme-t-il. Apparemment il gagne tout seul c’est super. Deux étapes de suite avec nos deux leaders, on voit que c’est des grands bonhommes. Ils répondent présent aux objectifs qu’ils se sont fixés. On les avait beaucoup vu l’an dernier. Là on les retrouve dans un registre différent mais ils sont bien là. Finalement j’ai fait un beau numéro à l’avant. Je suis très content d’avoir fait ce travail et que Pierrot ait conclu ce travail. C’est la victoire de toute l’équipe. » Une bien belle équipe qui n'a pas fini de nous épater.
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