L’AICAR, la nouvelle potion magique
Pourtant connue depuis 1956, c’est en 2007 que le professeur Ronald Evans, effectuant des recherches sur l’obésité, a mis en valeur les caractéristiques de la substance. Et depuis les JO de Pékin en 2008, les scientifiques spécialisés en matière de dopage parlent d’un produit révolutionnaire. L’acadésine, ou AICAR, est encore à ce jour difficilement détectable car elle est présente naturellement dans le corps humain, mais son nom figure bel et bien sur la liste noire de l’Agence Mondiale Antidopage (l’AMA).
Des effets secondaires plus ou moins connus
Augmenter la masse musculaire, et brûler les graisses sans le moindre effort, est l’incroyable particularité de cette molécule. En clair, terminés les entraînements sous la pluie, le vent et le froid ! Il vous suffit d’absorber cette potion magique et vos capacités physiques sont décuplées. Mais comme tout produit dopant, les effets secondaires ont plutôt de quoi faire réfléchir, avec notamment des perturbations d’ordre hépatique et cérébral. Mais il reste encore de nombreuses études à réaliser pour donner une liste exhaustive des effets secondaires. Il ne s’agit donc surtout pas d’un produit à prendre à la légère.
Selon l’expérience réalisée en 2007 par le professeur Evans, des rats ayant ingurgité de l’AICAR, étaient 44% plus endurants que leurs camarades nourris au gruyère, c’est dire si cette molécule est puissante. Surnommée « la pilule de l’exercice », l’AICAR sert à des expérimentations, et n’est, a fortiori, pas censée être utilisée comme médicament, ou même complément alimentaire par les hommes. Quatre études, répertoriées par le NIH américain (institut américain de la santé), démontrent que des essais ont toutefois bien été effectués sur des êtres humains. S’il est interdit de l’importer en France, il est curieusement assez aisé de s’en procurer par certains sites qui n’hésitent pas à classer ce produit dans la catégorie « thérapie cardiaque ».
De l'AICAR dans les valises
Tous les sports exigeant une certaine endurance peuvent être concernés. Pour le coureur de fond, le cycliste, mais aussi le tennisman, ou le footballeur, cette molécule possède tous les attributs d’un produit miracle. Des premiers cas de dopage ont déjà été révélés dans le cyclisme. Le sulfureux médecin sportif colombien Alberto Beltran, avait par exemple été interpellé l’an passé avec de l’Aicar dans ses valises.
Les progrès de la médecine ont du bon, mais il existe là aussi un revers de la médaille. Que ce soit dans le vélo, le football, le tennis, la natation, l’athlétisme, ou dans d’autres sports, la tentation de tricher par le biais de produits illicites a toujours été présente. Et malgré les campagnes de prévention et la lutte contre le dopage, les affaires éclatent encore en 2013, n’en déplaisent aux athlètes Tyson Gay ou Asafa Powell. Tant qu’il y aura des intérêts économiques aussi importants, l’éradication du dopage ressemblera à une douce utopie. Ils sont encore trop nombreux, prêts à tout et même à risquer leur propre santé, pour empocher des prix toujours plus importants.
Les régimes fleurissent sur les courts de tennis
Deux ans après les travaux effectués par le professeur Evans, l’AMA s’est interrogée sur l’aspect physique de certains athlètes de haut niveau, d’autant que dans la même période, certains sportifs ont soudainement changé de régime alimentaire et perdu du poids. En 2011, la mode du "gluten free" a vu le jour, une mode lancée involontairement par Novak Djokovic qui avait fait part de son allergie au gluten. Le désormais N.1 mondial a fait rapidement des adeptes de ce régime, à commencer par ses compatriotes, Janko Tipsarevic et Ana Ivanovic, mais aussi l’Allemande Sabine Lisicki, qui s’est également prise de passion pour ce régime. Y a-t-il un lien entre cette perte de poids et cette nouvelle molécule ?
Certains s’interrogent. Si les coureurs cyclistes ont toujours été affûtés, certains d’entre eux, qui ont récemment perdu encore quelques kilogrammes, n’ont guère plus que la peau sur les os. Mais cela ne les empêche pas pour autant d’enchaîner des efforts toujours plus intenses, en ayant amélioré leur rapport poids-puissance. On peut aussi s’interroger sur l’intérêt de prendre un produit aussi onéreux. Car pour bénéficier d’une cure efficace, il devrait vous en coûter la coquette somme de 50 000 euros par mois.
De son côté, l’Agence française de lutte anti dopage (AFLD) avait tiré la sonnette d’alarme dès le Tour de France 2009, pointant du doigt l’anormal maigreur de quelques coureurs. Depuis, des représentants de l’AFLD ont affirmé que cette substance est d’ores et déjà largement utilisée dans le milieu sportif. Alors que l’espoir d’un test de dépistage probant reste d’actualité, les amoureux du sport rêvent encore d’un monde sans dopage.
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