La FDJ veut faire "l'équipe française pour gagner le Tour"
Le problème du dopage est-il réglé ou en passe de l'être ?
Christophe Blanchard-Dignac : "La situation s'est améliorée. C'est le jour et la nuit par rapport à la situation qui prévalait. Un problème peut-il être réglé à 100 % ? ça n'existe dans aucune activité humaine ou dans aucun sport. C'est un combat permanent. Ce qui a changé, c'est que des coureurs pensent qu'ils peuvent gagner. Avant, ils savaient dès le départ qu'ils ne pouvaient pas gagner."
Quel est pour vous le prochain chantier du cyclisme ?
C.B-D : "C'est de se professionnaliser sans perdre le côté populaire qui le caractérise, l'extraordinaire attachement du public. Le cyclisme est diffusé sur des télévisions qui ne sont pas payantes, on vient le voir gratuitement sur la route, on peut avoir accès aux grands champions de manière très simple."
Qu'en est-il de cette professionnalisation ?
C.B-D : "Aujourd'hui, on a un système un peu artisanal. Les licences WorldTour sont souvent entre les mains de managers qui vont chercher les sponsors et quand un sponsor décide de faire autre chose, les équipes cherchent désespérément. Comment faire un travail de fond quand on n'a pas la visibilité sur plusieurs années ? Il va falloir professionnaliser et ça va faire venir des personnes qui n'auront pas le même passé avec le cyclisme."
Mais les sponsors hésitent encore à venir dans le cyclisme...
C.B-D : "Il y a aujourd'hui un décalage entre les progrès faits dans la lutte contre le dopage, dans ce sport plus que dans d'autres, et l'image que les leaders d'opinion ont du cyclisme. Pour le moment, le cyclisme ne brasse pas énormément d'argent. Par rapport à d'autres sports, on est dans la limite du raisonnable. Mais, très vite, ça pourrait ne pas être comme ça. C'est pour cela que j'ai déjà parlé de fair-play financier, pour se protéger de l'argent qu'on n'aurait pas envie de voir investi dans le cyclisme. Le sport attire, si j'en juge dans le football."
Quelle forme peut prendre ce fair-play financier ?
C.B-D : "Je ne voudrais pas que ce soit nécessairement le plus riche, celui qui va arriver et dire 'combien faut-il mettre ? 50 millions, hop...' Cela enlèverait le charme du cyclisme et surtout le suspens. Si le scénario est écrit d'avance, ce n'est pas du sport, c'est autre chose."
La professionnalisation est aussi le mot d'ordre de l'UCI dans sa réforme pour 2017...
C.B-D : "Il faudra une équipe réserve pour rester en division mondiale. J'ai fait admettre le principe par le conseil d'administration (de la FDJ) qu'au bout d'un certain temps il faudra partager. Quitte à ce qu'on se répartisse un peu les rôles pour avoir une plus grande équipe encore."
Et viser encore plus haut ?
C.B-D : "Ce ne serait pas une mauvaise idée de faire plusieurs équipes françaises capables de gagner le Tour de France. Cela passera par une réunion de plusieurs sponsors pour avoir les moyens financiers nécessaires, pas forcément une fusion des équipes actuelles."
La FDJ a déjà cherché un partenaire par le passé...
C.B-D : "L'idée autrefois était d'avoir un sponsor intéressé par la visibilité internationale. Je pense qu'on peut avoir un autre scénario, se dire qu'on va faire l'équipe française pour gagner le Tour de France. On est ouvert à la discussion."
En avez-vous parlé, par exemple avec AG2R La Mondiale ?
C.B-D: "Je n'en ai parlé avec personne, pour le moment."
Mais c'est un appel du pied pour d'autres partenaires...
C.B-D: "On a quelques entreprises qui se demandent si elles ne vont pas s'investir dans le cyclisme. On est dans une période où nous n'excluons rien. On est depuis dix-huit ans dans le cyclisme, on continuera, simplement on peut le faire tout seul ou avec d'autres et, dans ce cas, c'est nécessairement pour être plus fort."
Propos recueillis par Jean MONTOIS
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