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La montagne, ça les gagne !

Avec le passage de la Madeleine, premier des six cols hors catégorie de ce Tour 2010, les grimpeurs sont à la fête, ce mardi. D’autant que la Colombière, les Aravis et les Saisies leur auront chauffé les jambes auparavant. Focus sur cette spécialité exigeante où le spectacle est souvent au rendez-vous.
Article rédigé par franceinfo
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John Gadret (AG2R-La Mondiale) paré pour attaquer les sommets

Le gène du grimpeur

A chaque discipline, ses caractéristiques. Les grimpeurs sont quasiment reconnaissables à l’œil nu. Ainsi, Stéphane Goubert, 16e de la Grande Boucle en 2009, et John Gadret, coureur de la formation AG2R, ont le point commun d’être de petits gabarits, des coureurs très élancés. "Il faut être léger car c’est le rapport poids-puissance qui prime", explique Richard Virenque, sept fois meilleur grimpeur du Tour de France. Pas étonnant donc que les deux grands favoris pour le maillot à pois soit l’Espagnol Alberto Contador (62 kg pour 1,76 m) et le Luxembourgeois Andy Schleck (69 kg pour 1,83 m). Le Français John Gadret est également taillé pour avaler les cols avec son petit 58kg sur la balance. Mais au-delà du poids, la puissance représente le meilleur allié du grimpeur. "Contrairement au sprinteur, le grimpeur a une fibre musculaire lente, ce qui lui donne une bonne résistance", souligne Stéphane Goubert. Si elle peut s’améliorer en travaillant dur et notamment en mettant l'accent sur la fréquence de pédalage, cette qualité "est dans les gènes ", estime John Gadret.

Pour ce dernier, "Quand on se retrouve au pied d’un gros col, on a l’adrénaline qui monte et l'envie de bien faire". "On est concentré, dans sa bulle afin de donner le meilleur. On a le cerveau aux aguets pour être les plus performant possible", ajoute Goubert. Afin de mettre le maximum de chance de leur côté, les grimpeurs effectuent souvent une reconnaissance du parcours avant de s’attaquer à des grosses étapes de montagne. "Nous avons reconnu l’étape du jour, Morzine-St Jean de Maurienne, poursuit le Français de l’équipe AG2R. Du coup, on sait où il faut attaquer et on sait quels sont les points stratégiques de la course". Avant de prendre sa retraite sportive, en 2009, Stéphane Goubert n’était, lui, pas très friand des reconnaissances : "Une fois que j’avais monté un col en course, je n’aimais pas le reconnaître à l’entraînement car c’est totalement différent. Il n’y a pas le public, pas la même motivation, pas la même vitesse". 

Après la montée ... la descente

Lors des étapes de montagne, la vitesse est un aspect capital à gérer. Car une fois monté, il faut bien redescendre. Un exercice qui peut paraître effrayant pour certains. Il ne va en effet pas de paire d’être bon grimpeur et également bon descendeur. "Un bon grimpeur peut être crispé et avoir peur dans les descentes", affirme Richard Virenque. On pense alors à David Moncoutié qui pouvait franchir un col en tête et se faire ensuite reprendre en descente. A l'inverse, le Norvégien Thor Hushovd est la preuve vivante qu'on peut être un excellent descendeur sans être un grimpeur dans l'âme. Pour Stéphane Goubert, la reconnaissance prend alors tout son sens dans la descente : "On n'appréhende pas les descentes très techniques et dangereuses, où on ne peut pas vraiment récupérer, et les pentes droites, où il n’y a quasiment pas besoin de freiner, de la même manière." Dans le premier cas, la vigilance ne suffit pas toujours et une bonne visualisation du parcours peut permettre d’éviter les dégâts. "La descente comporte un aspect psychologique fort, souligne l’ancien coureur d’AG2R-Prévoyance. C’est une question de trajectoire et il ne faut pas s’être fait peur avant pour rester confiant". 

Mais quand il y a eu chute, il est parfois difficile de rester serein. Stéphane Goubert se souvient du passage d’un col alpin particulièrement difficile : "C’était au col de Porte. J’ai chuté dans un virage et il m’a fallu quelques minutes avant de me parvenir à me reconcentrer". "Il y a trois ans, sur le Tour d’Espagne, il faisait 8° et j’étais tétanisé par le froid", se rappelle de son côté John Gadret. Pas de mauvais souvenir en revanche pour Richard Virenque, la descente étant pour lui "un vrai plaisir". Il se souvient néanmoins d’une montée redoutable en Espagne, la pire de sa carrière : "C’était un col de 15km à 20% de moyenne. Terrible pour les jambes ! ". Dans ces moments difficiles, chacun essaye de se motiver comme il peut. "Quand j’’ai des passages à vide, je pense à mon fils et à ma femme, confie John Gadret. Il faut penser à des choses positives pour aller plus loin dans la douleur". Et côté douleur, le peloton risque, cette année, d’être servi avec pas moins de deux montées du Col du Tourmalet au programme. 

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