La montagne, ça les gagne !
Le gène du grimpeur
A chaque discipline, ses caractéristiques. Les grimpeurs sont quasiment reconnaissables à lil nu. Ainsi, Stéphane Goubert, 16e de la Grande Boucle en 2009, et John Gadret, coureur de la formation AG2R, ont le point commun dêtre de petits gabarits, des coureurs très élancés. "Il faut être léger car cest le rapport poids-puissance qui prime", explique Richard Virenque, sept fois meilleur grimpeur du Tour de France. Pas étonnant donc que les deux grands favoris pour le maillot à pois soit lEspagnol Alberto Contador (62 kg pour 1,76 m) et le Luxembourgeois Andy Schleck (69 kg pour 1,83 m). Le Français John Gadret est également taillé pour avaler les cols avec son petit 58kg sur la balance. Mais au-delà du poids, la puissance représente le meilleur allié du grimpeur. "Contrairement au sprinteur, le grimpeur a une fibre musculaire lente, ce qui lui donne une bonne résistance", souligne Stéphane Goubert. Si elle peut saméliorer en travaillant dur et notamment en mettant l'accent sur la fréquence de pédalage, cette qualité "est dans les gènes ", estime John Gadret.
Pour ce dernier, "Quand on se retrouve au pied dun gros col, on a ladrénaline qui monte et l'envie de bien faire". "On est concentré, dans sa bulle afin de donner le meilleur. On a le cerveau aux aguets pour être les plus performant possible", ajoute Goubert. Afin de mettre le maximum de chance de leur côté, les grimpeurs effectuent souvent une reconnaissance du parcours avant de sattaquer à des grosses étapes de montagne. "Nous avons reconnu létape du jour, Morzine-St Jean de Maurienne, poursuit le Français de léquipe AG2R. Du coup, on sait où il faut attaquer et on sait quels sont les points stratégiques de la course". Avant de prendre sa retraite sportive, en 2009, Stéphane Goubert nétait, lui, pas très friand des reconnaissances : "Une fois que javais monté un col en course, je naimais pas le reconnaître à lentraînement car cest totalement différent. Il ny a pas le public, pas la même motivation, pas la même vitesse".
Après la montée ... la descente
Lors des étapes de montagne, la vitesse est un aspect capital à gérer. Car une fois monté, il faut bien redescendre. Un exercice qui peut paraître effrayant pour certains. Il ne va en effet pas de paire dêtre bon grimpeur et également bon descendeur. "Un bon grimpeur peut être crispé et avoir peur dans les descentes", affirme Richard Virenque. On pense alors à David Moncoutié qui pouvait franchir un col en tête et se faire ensuite reprendre en descente. A l'inverse, le Norvégien Thor Hushovd est la preuve vivante qu'on peut être un excellent descendeur sans être un grimpeur dans l'âme. Pour Stéphane Goubert, la reconnaissance prend alors tout son sens dans la descente : "On n'appréhende pas les descentes très techniques et dangereuses, où on ne peut pas vraiment récupérer, et les pentes droites, où il ny a quasiment pas besoin de freiner, de la même manière." Dans le premier cas, la vigilance ne suffit pas toujours et une bonne visualisation du parcours peut permettre déviter les dégâts. "La descente comporte un aspect psychologique fort, souligne lancien coureur dAG2R-Prévoyance. Cest une question de trajectoire et il ne faut pas sêtre fait peur avant pour rester confiant".
Mais quand il y a eu chute, il est parfois difficile de rester serein. Stéphane Goubert se souvient du passage dun col alpin particulièrement difficile : "Cétait au col de Porte. Jai chuté dans un virage et il ma fallu quelques minutes avant de me parvenir à me reconcentrer". "Il y a trois ans, sur le Tour dEspagne, il faisait 8° et jétais tétanisé par le froid", se rappelle de son côté John Gadret. Pas de mauvais souvenir en revanche pour Richard Virenque, la descente étant pour lui "un vrai plaisir". Il se souvient néanmoins dune montée redoutable en Espagne, la pire de sa carrière : "Cétait un col de 15km à 20% de moyenne. Terrible pour les jambes ! ". Dans ces moments difficiles, chacun essaye de se motiver comme il peut. "Quand jai des passages à vide, je pense à mon fils et à ma femme, confie John Gadret. Il faut penser à des choses positives pour aller plus loin dans la douleur". Et côté douleur, le peloton risque, cette année, dêtre servi avec pas moins de deux montées du Col du Tourmalet au programme.
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