La révélation Warren Barguil
« Allez Wawa ! » Cette ovation accompagne chaque jour Warren Barguil à la signature. Elle le suit même après l'arrivée. Le jeune coureur de 23 ans n'était pas aussi connu au départ d'Utrecht il y a maintenant trois semaines. Débarqué sans pression pour son premier Tour de France, il n'était la cible que de spécialistes du cyclisme, qui avaient vu cette grande tige d'1m83 affûter avec succès ses dents sur les deux derniers Tours d'Espagne. Et puis, sans faire plus de bruit qu'un autre, le Morbihannais a fait parler son talent et son audace.
A Zélande, il ne s'est pas fait piéger par les bordures. Sur les pavés, on l'a même vu prendre les devants, et faire sa place au milieu des grands du peloton. Avec l'innocence des jeunes de son âge, et la gouaille toujours bardée d'un grand sourire, Warren Barguil séduit peu à peu le public et les médias. Les Français découvrent qu'il n'y a pas que Bardet, Pinot, Péraud ou Rolland pour le classement général. Il faut désormais y ajouter « Wawa », que beaucoup de Bretons voient comme le futur Hinault. D'ailleurs, la fin de la première semaine a une allure d'apothéose pour le coureur de Giant-Alpecin. Sur ses terres, cet ancien vainqueur du Tour de l'Avenir est acclamé comme jamais. Exit les Froome et Quintana ; en Bretagne, le public a choisi son chouchou. Et c'est en portant la tunique de meilleur jeune qu'il court le contre-la-montre par équipes, sur des routes qu'il connaît par coeur. Il y avouait alors que « « Si tout s'arrête demain, ce n'est pas grave. J'ai déjà beaucoup appris sur cette première semaine, et au pire je reviendrai l'an prochain ». Il ne croyait pas si bien dire.
Le Tour n'a pas été de tout repos pour le Français. Retour sur Tarbes-La Pierre Saint-Martin, première étape de montagne de ce Tour. Warren Barguil a brillé sur les pavés, dans les bordures et à Huy. Mais son terrain de jeu préféré, ce sont les cols, les pentes difficiles. Il a bien failli ne jamais y arriver. En pleine zone de ravitaillement, le Breton roule sur un bidon. Il se relève, avant de s'allonger sur le bas-côté de la route, le visage grimaçant de douleur. On craint alors l'abandon, croisant les doigts pour que ce ne soit pas trop grave. Mais le Breton se relève, enfourche son vélo, et repart à la bagarre. « Il m'a même engueulé dans le dernier kilomètre, car il voulait savoir les écarts », confie Christian Guilberteau, son directeur sportif. Sur la route de Gap, le coureur de 23 ans, champion de France juniors, a même causé la chute d'un des lieutenants de Christopher Froome, Geraint Thomas. Gêné par Van Garderen, Warren Barguil fait un écart, et envoie le Gallois dans le fossé. Un geste dont il s'excusera plus tard.
Le Breton déborde d'audace. Cela s'est vu dans les Alpes, ou les Pyrénées, où le natif d'Inzinzac-Lochrist n'a pas hésité à attaquer les Nibali, Froome et compagnie. « Être dans une attaque avec Contador, je n'aurais jamais pensé pouvoir le faire il y a cinq ans… Les rêves se réalisent », confie-t-il alors. La dernière semaine a tout de même été plus difficile pour ce double vainqueur d'étape sur la Vuelta. Mais il a su résister, pour au final conserver sa place dans le top 15 du général. Une réelle satisfaction pour « Wawa ». 14e, à 31'15 de Froome, c'est une place de mieux qu'un certain Romain Bardet, quinzième pour son premier Tour de France en 2013. Pas de quoi faire grossir les chevilles du coureur de Giant-Alpecin, qui annonçait sur les réseaux sociaux chercher un… covoiturage, pour rentrer en Bretagne après les Champs-Elysées. La tête sur les épaules, mais une énorme promesse pour l'avenir.
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