Laurent Jalabert : "Un sentiment mitigé pour les Français"
Peut-on encore voir un Français dans le Top 5 ?
L. J. : Oui, c’est faisable. Barguil est huitième ! Mais il a fait beaucoup d’efforts dans la première semaine, et Warren peut les payer. Plus généralement concernant les Français, c’est un peu mitigé comme sentiment. Pinot, on ne sait pas s’il a manqué de réussite, ou si finalement, il n’est pas si bien que prévu. On est un peu déçu pour lui. Il venait avec des ambitions pour le classement général, ça a été dur les trois ou quatre premier jours, mais j’espère qu’il va pouvoir réagir maintenant.
Nous avons déjà une victoire tricolore !
L. J. : Vuillermoz, c’est la belle surprise. Avec ce qu’il avait fait à Huy, on pouvait s’y attendre, mais je ne suis pas sûr que beaucoup de suiveur pensaient qu’il allait pouvoir chercher la victoire. C’est un gars qui a beaucoup de jus, c’est un puncheur. Alexis est incisif sur les changements de rythme, et j’ai le sentiment qu’il aime beaucoup quand c’est raid. Là, il m’a épaté. Quand Froome a accéléré, lui avait déjà fait un effort avant, mais il a été capable de suivre le rythme, et de ne pas caler surtout. Continuer les 800 mètres comme il l’a fait, c’était fort, ça en dit long sur son niveau. Moi je pense qu’il peut être bien plus haut que ce qu’il imaginait. Ce qui est dommage c’est qu’il est dans un rôle d’équipier, que l’on ne va pas lui laisser la chance de faire sa course en montagne. Mais avec la condition qu’il a là, c’est quelqu’un qui peut nous surprendre. Il doit prendre conscience de son niveau.
Que dire des autres Français ?
L. J. : J’ai bien aimé Barguil. Warren c’est la fougue, la fraîcheur. C’est un mec qui est plein d’envie, de vie. Il a du talent, il a déjà donné des garanties sur des courses de trois semaines. Bardet n’était pas en réussite au début, mais il va crescendo. Quant à Péraud, c’est une valeur sure. Il va s’accrocher. Des coureurs comme Voeckler et Rolland, cela fait neuf jours qu’ils sont sur les freins, ils attendent leur heure. Ils n’attendent que cette première partie du Tour s’achève pour essayer d’être opportuniste et de se trouver dans les échappées, maintenant qu’ils ont perdu du temps. On a déjà senti à Mûr-de Bretagne que Rolland avait envie de faire bouger les choses. Il essaiera d’attaquer de loin en montagne, comme il sait faire.
Et nous avons toujours une équipe AG2R qui se fait remarquer…
L. J. : Depuis trois ans, AG2R est la meilleure équipe française. Cette année encore, ils sont rentrés comme il faut sur le Tour. Il s’agit peut-être d’une question de confiance, et d’une approche de l’événement un peu meilleure que les autres, plus positive aussi. Ils ont mesuré la grandeur du Tour et compris que c’était là qu’il fallait briller. Après avoir vécu ce qu’ils ont vécu l’an passé, ils ont forcément envie de revivre la même chose. Le discours est important aussi. Quand j’entends Marc Madiot parler lors des interviews, c’est un discours assez négatif. ‘Il y a beaucoup de monde’, ‘c’est trop dangereux’, je me dis que s’il tient ce discours là devant ses coureurs, ils auront peut-être du mal à se dépasser quand ils se trouveront en difficulté.
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