Le contre-la-montre sur la petite aiguille
A une demi-heure du départ, personne sur les rouleaux. Ni sueur ni stress. Chez Orica-GreenEDGE, aucun coureur n’a d’objectif au classement général. « Après une semaine épouvante avec les sprints et les chutes, l’équipe est sans pression aujourd’hui, explique Lionel Marie avec qui nous allons suivre Matthew Goss sur ce beau parcours. On va faire de la récupération active. » L’échauffement ? Pas besoin sur un chrono de cette nature où les délais sont de 21 % par rapport au vainqueur. L’entraîneur a indiqué à Matthew le nombre de watts qu’il fallait produire pour être dans la bonne fourchette. Aucune inquiétude pour les coureurs de l’équipe australienne. Il n’y aura pas d’élimination. « Il s’est échauffé en allant récupérer ses barres de céréales », rigole même Lionel Marie à propos du vainqueur de Milan-San Remo 2011.
Récupération active
11h39, l’Australien sort de la rampe. 41,500 km sont au menu. L’exercice est forcément solitaire et tranche avec le quotidien du sprinteur, encadré par ses coéquipiers jusqu’au sprint final dans les étapes de plaine. Quand un Marc Madiot est déchaîné et refait la portière de sa voiture derrière son coureur, Lionel Marie est lui très serein. Les oreillettes et le haut-parleur sont restés à l’hôtel. Le silence radio a été décrété entre le directeur sportif d’Orica-GreenEDGE et Goss. « Chez les équipes professionnelles, chaque coureur a sa spécialité, explique Marie. Goss est un sprinteur et n’a aucune ambition au général. Il n’a aucune raison de faire le contre-la-montre à fond. Ses équipiers, qui ont également été très sollicités pendant la première semaine, seront eux aussi en mode récupération active. On ne va pas leur parler, ce n’est pas la peine ».
iPod dans les oreilles
Le silence est factice car Matthew Goss n’entend pas plus son directeur sportif que les encouragements des spectateurs. Le sprinteur roule au son de son iPod, une compilation de Triple J, la radio australienne dans le casque. La musique adoucit peut-être les mœurs mais elle ne freine pas le coureur d’Orica. Lancé à plus de 50 km/h, il ne fait pas semblant. L’ancien champion du monde de la poursuite par équipes avec l’Australie (2006) découvre pourtant le parcours qui mène jusqu’à Besançon. Et on est loin de la Beauce… Avec les bosses et les virages, les relances sont nombreuses. A chaque drapeau « aussie », Lionel Marie salue les supporters d’un petit signe et d’un coup de klaxon. Derrière aussi ça klaxonne. Depuis plusieurs minutes, Goss jette un œil derrière. Il cherche du regard David Zabriskie, parti deux minutes après lui. A dix kilomètres de l’arrivée il voit enfin débouler la fusée américaine. Enfin un point de repère dans ce chrono. « Je me retournais tout le temps parce que je pensais que je me ferais rattraper plus tôt », nous expliquera le sprinteur après l’arrivée. Crédité d’un temps moyen en 58’51’’200, Matthew Goss a rempli son contrat. Quelques minutes après avoir franchi la ligne, il était déjà dans une voiture de son équipe en direction de Mâcon. Un vrai repos l’attend.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.