Le jour où Cédric Vasseur a attaqué Jan Ullrich à Andorre-Arcalis
« La meilleure défense c’est l’attaque », cette phrase de Patrick Chêne, alors commentateur du Tour pour France Télévisions, résume à la perfection l’état d’esprit de Cédric Vasseur ce 15 juillet 1997. Alors pensionnaire de l’équipe Gan, le Nordiste est en jaune depuis sa chevauchée entre Chantonnay et La Châtre conclue avec deux minutes et 32 secondes d’avance sur le peloton. « Je vais fêter les 19 ans de cette prise de pouvoir, raconte aujourd’hui celui qui est devenu consultant pour France Télévisions sur la Grande Boucle. Ce sont des moments exceptionnels dans la vie d’un coureur, déjà de gagner une étape sur le Tour de France, de s’emparer du maillot jaune et de le défendre brillement ». Effectivement, Cédric Vasseur a fait honneur au paletot de leader de la Grande Boucle. Le 14 juillet, entre Pau et Loudenvielle, il se bat comme un beau diable et conserve 13 maigres secondes d’avance sur Jan Ullrich. Mais le véritable coup de panache du coureur de 27 ans aura lieu le lendemain. Alors qu’il est bien au chaud dans le groupe des favoris au pied de l’ultime ascension, Vasseur est pris d’un coup de folie : « Quand on n’est pas grimpeur, qu’on n’est pas leader d’une équipe, on sait très bien le matin même qu’on a aucune chance de conserver le maillot jaune alors que l’arrivée est au sommet d’Arcalis, une arrivée difficile. Il m’a pris ce petit coup de folie, au pied, d’attaquer. Plutôt que de perdre le maillot sans le montrer, autant le perdre les armes à la main. J’y suis allé au bluff, j’ai attaqué le groupe des meilleurs ».
"Des avions"
La suite n’est que logique : « D’un coup j’ai vu les voitures me passer, ça klaxonnait de partout et là les avions, les champions, les ténors me doublent. J’ai presque eu un courant d’air », se rappelle Vasseur dans un sourire. Ce jour-là, personne ne peut résister à la furie Ullrich qui assomme le Tour en repoussant Pantani et Virenque à 1’08. « Ce sont des moments fantastiques, narre celui qui remportera une autre étape du Tour en 2007. J’étais encouragé par les gens et j’ai vu le vainqueur du Tour me doubler en roulant deux fois plus vite que moi. » Au bout des dix kilomètres de l’ascension vers Arcalis, Vasseur concède 7’44 à Ullrich et abandonne logiquement son maillot jaune.
Ullrich tue le père
Ce jour-là marque aussi la prise de pouvoir de Jan Ullrich dans la très puissante Deutsche Telekom. L’Allemand tue le père, à savoir le vainqueur sortant, Bjarne Riis. « L’année précédente il avait déjà énormément travaillé pour Bjarne Riis, note Vasseur. Là on voit que l’élève a dépassé le maître. Il dégageait une force phénoménale et il assomme le Tour de France à Arcalis. » Le scénario d’un homme qui écrase le Tour dès la première arrivée en montagne peut-il se répéter cette année ? « Il y a fort à parier que sur cette édition 2016 la montée d’Arcalis marque encore les esprits », estime Vasseur qui va même plus loin : « On aura une belle photographie du classement général après cette étape de dimanche ». Le rendez-vous est pris.
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