Le show Schleck, Voeckler en héros
Qui ose gagne. Andy Schleck a fait sien cet adage lors d'une étape à l'image du parcours qui attendait les coureurs lors de cette 18e étape : mythique. Convaincu que la meilleure défense c'est l'attaque, un groupe de 19 courageux (parmi lesquels les Français Delaplace et Delage) s'échappe dès les premiers kilomètres afin d'aller affronter le redoutable triptyque Agnel-Izoard-Galibier, soient trois cols classés en hors-catégorie avec des pourcentages monstrueux et une altitude moyenne située au dessus de 2500 mètres Irrespirable ! La première difficulté, le col Agnel, qui marque le retour du Tour en France après son incursion en Italie, ne trouble pas la donne au sein des favoris qui se contentent de s'épier du coin de l'il. Les non-spécialistes, et spécialement les sprinteurs, eux, sont déjà à l'agonie. En queue de peloton, Alberto Contador, lui, intrigue. Info ou intox ? L'avenir le dirait
Andy Schleck est insouciant, inconscient diront certains. C'est donc un véritable coup de folie que tente le Luxembourgeois à 60 kilomètres en pleine ascension de l'Izoard ! Un simple coup de sifflet d'Andy a suffi à mettre la machine Leopard en branle pour que celle-ci durcisse la course. Puis c'est le démarrage, foudroyant. Personne ne peut, (n'ose ?) suivre Schleck dans sa folle entreprise. Quel panache en tout cas Parti dans un grand numéro, le filiforme Andy reprend un à un les échappés de la première heure avant de former un groupe homogène avec Devenyns, Silin, Roche et son coéquipier Monfort. Devant eux, il n'y a plus que le Kazakh Ingliskiy et un long faux-plat avant la dernière montée vers le Galibier !
Une course à Andy cap'
Schleck passe l'Izoard avec 2'35 d'avance sur le groupe Voeckler où les principaux candidats à la victoire finale se jaugent sans prendre l'initiative de lancer la poursuite. Et tandis que l'écart augmente encore, qu'Ingliskiy est repris, Andy Schleck est alors virtuellement maillot jaune. Abandonné par Monfort, irréprochable, au pied du Galibier, Schleck entreprend l'ascension au train et seuls Ingliskiy et Roche parviennent à prendre sa roue aérienne. Le visage serein, le coup de pédale léger, Schleck dégage une impression de facilité déconcertante tandis que, dans le groupe maillot jaune, personne ne veut relayer Cadel Evans, piégé, dans la poursuite. L'Australien est alors lancé dans une véritable course à handicap
A sept kilomètres de l'arrivée, Andy Schleck lâche Inglinskiy sur une nouvelle accélération, le dernier à avoir résisté à l'envol du Luxembourgeois. Désormais esseulé, le 4e du général doit faire face au retour des poursuivants, emmenés par un Evans enragé. Le leader de la BMC, aplati sur son vélo, abat un travail considérable et grignote seconde après seconde l'écart avec le fuyard. Intelligemment placé dans la roue d'Evans, Thomas Voeckler se fait ramener et fait une nouvelle fois étalage de toute sa science de la course. Derrière, le premier à lâcher parmi les prétendants au podium se nomme Samuel Sanchez. Et le second est également espagnol : Alberto Contador, à 1,5 kilomètre de l'arrivée, cale incroyablement ! C'en est certainement fini des espoirs du triple vainqueur du Tour, qui accuse 3'50 sur le ligne.
L'ultime kilomètre, qui se résume à savoir si Voeckler va pouvoir conserver son maillot jaune, est insoutenable ! Schleck, qui possédait 2'36 de retard au départ de l'étape, pioche terriblement dans les ultimes hectomètres, à 14% de moyenne, mais il signe, au courage, son 3e succès dans le Tour. Sans doute le plus beau. Il devance son frère qui finit très fort, Evans, qui aura fait l'ascension seul et un incroyable Thomas Voecler ! Grimaçant, le Français sauve son maillot jaune pour quinze petites secondes. La parfaite conclusion d'une étape de légende.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.