Le spectacle Van der Poel, la domination Alaphilippe/Fuglsang, le coup d'éclat de Gilbert : retour sur des classiques palpitantes
Vainqueur sur l'Amstel Gold Race, le jeune Mathieu Van der Poel n'en croyait pas ses yeux. A peine 24 ans et déjà toutes ses dents de coureur professionnel, le petit fils de Raymond Poulidor venait clore son printemps de classiques de la plus belle des manières : une victoire chez lui, en Hollande, avec le maillot de champion national au terme d'un sprint mémorable.
La jeunesse à l'avant
Spectaculaire. Pour sa première saison sur route, le champion du monde de cyclo-cross impressionne de maturité. Après sa première course finie dans une ambulance sur Nokere Koerse, on pensait la suite de son programme quelque peu compliquée. Il n'en fut rien. Quatre jours plus tard, il remporte sa première course d'un jour sur le Grand Prix de Denain. Depuis, il n'a jamais fini en dehors du top 4 des classiques auxquelles il a participé. Début avril, il signe sa première victoire en World Tour sur A travers la Flandre et impressionne encore un peu plus à quelques jours du Tour des Flandres. Après une chute et un ennui mécanique on le pensait trop loin pour revenir. Auteur d'une remontée de haut vol il finit à la 4e place dans le groupe des favoris. Un exploit.
4 jours avant "la cerise sur son gâteau", l'Amstel Gold Race (dernière course de son programme), le jeune hollandais volant réussit déjà sa transition entre courses pavées et ardennaises sur la Flèche Brabançonne. Pourtant accompagné d'un trio cinq étoiles composé de Michael Matthews, Julian Alaphilippe et Tim Wellens, il lève les bras au sprint devant le Français, archi favori et montre ce jour là l'étendue de son talent. Un talent qui parait aujourd'hui infini.
Inattendu. Certainement très peu de monde aurait misé sur Alberto Bettiol pour le Tour des Flandres. Pourtant il l'a fait. Auteur d'un bon début de saison, après un exercice 2017/2018 transparent chez BMC, le jeune italien montre (enfin) depuis son retour chez EF Education First, l'étendue de ses capacités. On le connaissait puncheur, il démontre qu'il est lui aussi capable de réussir sur tous les terrains. Sur les monts pavés du Ronde, il réussit à 25 ans, là où bon nombre de spécialistes se sont cassé les dents. Au terme d'un numéro en solitaire, il parvient à s'imposer au nez et à la barbe de tous les favoris et signe sa première et, naturellement, sa plus grande victoire de sa carrière.
La force de l'âge
Éternel. A 36 ans, Philippe Gilbert se rapproche un peu plus de sa quête de victoire sur les 5 Monuments. Au terme d'une course palpitante et sans réel favori au départ, le Wallon s'impose dans l'Enfer du Nord. Au fur et à mesure tous ses adversaires craquent. Wout Van Aert, Sep Vanmarcke puis Peter Sagan y passent. Seul le jeune Nils Politt fait office de dernier résistant. Mais ce jour-là, Philippe Gilbert ne pouvait pas passer à coté d'une chance qui ne se reproduirait sans doute plus. Au sprint sur le célèbre vélodrome de Roubaix, il détruit les rêves de son jeune adversaire allemand et concrétise les siens. Depuis sa victoire sur le Ronde en 2017 et avec quelques kilos en plus, il montre qu'il réussit sa conversion d'un coureur typé puncheur à spécialiste des pavés. Milan San-Remo reste le dernier saint Graal pour celui qui parait se bonifier avec les années.
Pugnace. La force de l'âge, Jakob Fuglsang, lui aussi, la connaît. A 34 ans l'éternel lieutenant, auteur d'un début de saison de tout premier plan, s'impose enfin dans une grande course et qui, plus est, sur la Doyenne des Classiques. Une victoire à l'image de sa carrière. Propulsé leader sur le tard, il n'avait comme réel fait d'armes "qu'une" victoire au classement général du Dauphiné 2017. Mais depuis ce début de saison, il est impérial sur les courses d'un jour. Impressionnant de régularité, il joue même à cache-cache avec son rival du moment, Julian Alaphilippe. 2e des Strade Bianche derrière lui, 3e de l'Amstel devant lui, second de la Flèche Wallonne encore derrière lui et donc 1er à Liège loin devant cette fois. Il était attendu, presque tout autant que le Français, et il a attaqué dans la dernière difficulté de ce nouveau parcours, la Côte de la Roche-aux-Faucons. Et cette fois pas d'Alaphilippe pour le suivre. Le Danois s'offre une victoire en solitaire dans les rues de Liège après avoir lâché ses derniers compagnons Michael Woods et Davide Formolo. Une victoire de prestige dans cette nouvelle version de Liège-Bastogne-Liège.
C'était aussi un des points d'interrogation de cette édition. Exit l'arrivée à Ans donc, cette côte qui faisait office de juge de paix ou de frein à la course suivant la vision de chacun. Mais dans ce nouveau parcours voulu par les organisateurs pour dynamiser la course, c'est surtout le froid qui a fait la sélection. Pour le spectacle on repassera. Si la Doyenne suit la voie du changement comme l'a fait l'Amstel il y a quelques années, il faudra encore attendre quelques temps pour tirer des conclusions.
La confirmation
Il était attendu. Julian Alaphilippe a démontré qu'il était bien LE numéro un mondial de ce début de saison. Vainqueur entre autres des Strade Bianche, de Milan San-Remo et de la Flèche Wallonne, on en était presque à banaliser ses victoires tant sa facilité paraissait déconcertante. Et si son "duel ardennais" avec Fulgsang a impressionné, il n'a pas été en mesure de jouer la gagne à Liège. Bilan, le Français n'a été battu que par le Danois et Mathieu Van der Poel cette saison sur des courses d'un jour. Une performance de taille. Alaphilippe a été le plus constant et depuis début mars, il tutoie les sommets. Des sommets qu'il compte retrouver dès juillet sur le Tour.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.