Les derniers défis d'Alberto Contador
Le doublé Giro-Tour de France
Six. Ils ne sont que six dans l’histoire du cyclisme à avoir réalisé le doublé Tour d’Italie-Tour de France (Fausto Coppi en 1949 et 1952, Jacques Anquetil en 1964, Eddy Merckx en 1970 et 1972, Bernard Hinault en 1982 et 1985, Miguel Indurain en 1992 et 1993 et Marco Pantani en 1998). Alberto Contador s’est essayé une seule fois à l’exercice, en 2011. Bilan, un Giro remporté (puis perdu sur tapis vert suite à son contrôle positif au clenbutérol sur le Tour de France 2010) et une 5e place (perdue elle aussi sur tapis vert) en juillet. L’Espagnol avait dominé le Giro pour finalement arriver fatigué sur les routes françaises. Est-il capable de cet exploit ? Dans ses plus grandes années, on aurait eu tendance à dire oui. A 32 ans, ça paraît plus compliqué.
Le parcours du Tour d’Italie, moins montagneux, est un avantage dans la quête du doublé dans le sens ou le Giro sera moins contraignant physiquement. La concurrence farouche (Froome, Quintana et Nibali pour ne citer qu'eux) sur le Tour est à l’inverse un obstacle sérieux.
Un troisième Tour de France
Ses supporteurs diront qu’il l’a déjà fait. Les faits sont pourtant là : Alberto Contador a perdu, au profit d’Andy Schleck, son Tour de France 2010. La faute à une trace infinitésimale de clenbutérol dans son organisme.
Trois victoires sur le Tour et Contador rejoindrait Greg LeMond, Louison Bobet et Philippe Thys au palmarès. Il ne rejoindra par contre jamais les « quatre fantastiques » aux cinq succès (Anquetil, Merckx, Hinault et Indurain). En revanche, il assiérait définitivement son statut de meilleur coureur sur le Tour de France ces 15 dernières années (Froome, Nibali, Sastre, Schleck ou encore Evans n’ont qu’une Grande Boucle à leur palmarès). Surtout, il retoucherait au graal cinq (ou six) ans après son dernier succès.
Une quatrième Vuelta
Dans sa carrière, Alberto Contador a disputé trois fois seulement son tour national et l’a remporté…trois fois. Rester invaincu sur un Grand Tour, ce n’est pas donné à tout le monde. Deux choix s’offrent au coureur de chez Tinkoff-Saxo : jouer la sécurité et conserver son invincibilité ou tenter de remporter un quatrième Tour d’Espagne et rejoindre le recordman de victoires, Roberto Heras. Si, Contador devait choisir la deuxième solution, ce serait sans doute en 2016 puisque pour cette saison il a déjà annoncé sa volonté de doubler Giro et Tour de France. Roi en son pays, voilà pourtant quelque chose qui pourrait faire saliver l’homme de Pinto.
Rejoindre Bernard Hinault
Au palmarès du Tour de France, c’est impossible, à priori, puisqu’il lui manque trois victoires et qu'il lui reste deux saisons encore pour étoffer son palmarès. Mais il y a tout de même une possibilité d’être l’égal du Blaireau pour Contador : remporter un nouveau Giro et porter son total à deux sur le Tour d’Italie. Banal nous direz-vous. Oui, sauf si l’on prend du recul. Contador a déjà deux Tour de France et trois Vuelta. En « doublant » en Italie, il aurait remporté les trois Grands Tours au moins deux fois. Cette performance, Bernard Hinault est le seul coureur de l’histoire à l’avoir réussi.
Accrocher une grande course d’un jour
S’il y avait un manque au palmarès d’Alberto Contador, un regret à avoir sur sa carrière, ce serait celui-ci : Ne jamais l’avoir vu lever les bras sur une grande classique. A peine un podium à se mettre sous la dent (3e de la Flèche Wallonne 2010). Avec ses qualités de grimpeur/puncheur, l’Espagnol aurait pourtant les armes pour briller sur le triptyque des « Ardennaises », Amstel-Flèche-Liège. Malheureusement son programme de course n’a que rarement été en adéquation avec un pic de forme courant avril.
Sur le championnat du monde, Contador n’a jamais brillé. Il n’a même quasiment jamais existé dans la course. L’histoire serait belle s’il portait le maillot arc-en-ciel pour son ultime saison, en 2016. Le parcours de Richmond (2015) est son ultime chance. A Doha (2016), il s’agira de se jouer du vent. Contador est loin d’être un spécialiste en la matière. A Richmond, les pavés ne sont pas annoncés comme des obstacles insurmontables pour les non-initiés. Les côtes qui jalonneront le parcours sont en revanche un atout indéniable pour Contador. Les chances sont minimes mais le rêve est permis.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.