Les pavés ont laissé bien des cicatrices dans l'histoire
Sur les pavés, la rage
Pour sa première sur le Tour, Ypres n’a pas fait les choses à moitié, sur un terrain qui laisse toujours place au suspense et qui demande à la fois de la concentration et une vraie rage de vaincre les éléments. Car même si par rapport à la fameuse classique, les difficultés sont un peu moindres, elles vont tout de même laisser des traces dans les organismes et sans doute aussi dans les écarts au classement. Il faudra donc être très attentif dans ce premier grand rendez-vous auquel sont conviés les coureurs. Neuf secteurs pavés les attendent, et non des moindres, comme Mons-en-Pévèle ou celui dit de « Pont-Gibus », entre Hélesmes et Wallers. En revanche, ils ne prendront pas cette route toute droite, à travers bois, qu’est la tranchée d’Arenberg : mais c’est bien dans le bourg éponyme que sera jugée l’arrivée de cette étape qui s’annonce décisive... car périlleuse. Cela promet de nouveau un drôle de champ de batailles, comme le passé en a déjà proposé. Certains en ont profité, d’autres en gardent encore les cicatrices.
Une histoire pavée de mésaventures
« Les pavés font partie du Tour » a rappelé Christian Prudhomme lors de la présentation du parcours. En effet, depuis toujours et évidemment au tout début de l’épreuve alors qu’il n’y avait que peu de routes carrossables, les pavés ont été les lieux communs du peloton. Jusqu’aux années 60, ils revenaient régulièrement mais ils étaient décriés car on pensait que les crevaisons faussaient la course. Ils se firent plus rares ensuite, avant de revenir de façon épisodique, mais toujours aussi spectaculaire..
On les revit notamment en 1979, au grand dam de Bernard Hinault, leader alors dominateur. Sur l’étape qui mène les coureurs à Roubaix, il crève et doit face à l’adversité pour limiter les dégâts. Il y perdra son maillot jaune…avant de le récupérer un peu plus tard.
L’année suivante, Hinault encore lui, passe à l’attaque malgré la pluie. Mais cette fois, en plus de son talent, le Breton a de la réussite en évitant les mésaventures techniques. Au contraire de celui qui l’accompagne, le Belge Lacroix, victime d’une crevaison et qui ne peut lutter. Derrière, c’est l’hécatombe.
Depuis 1992 et l’étape de Bruxelles, les pavés n’ont que rarement été inscrits au programme. Quand ils le furent, les coureurs montrèrent souvent de la réticence. En 2004, pour deux petits secteurs, les critiques s’étaient faites virulentes. L’un des outsiders, l’Espagnol Iban Mayo, y perdit trois minutes et tout espoir de victoire finale. Le dernier passage du tour sur les terres de Paris-Roubais en 2010 fut aussi riche en émotion. Franck Schleck victime d’une chute abandonnait la course et ses ambitions. Dans le même temps, Sylvain Chavanel, alors maillot jaune, après une chute et deux crevaisons, devait y laisser sa tunique.
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