Les pavés, une montagne infranchissable ?
Principales attractions de cette première semaine de course, les sept secteurs pavés, au menu mardi entre Wanze et Arenberg, sont loin de faire lunanimité. Et ce depuis l'annonce du parcours du Tour 2010 en octobre dernier. "Beaucoup de coureurs se plaignent de la présence de pavés sur le Tour, constate Gilbert Duclos-Lassalle, vainqueur de Paris-Roubaix en 1992 et 1993. Cest sûr que mardi soir, ceux qui auront crevé ou chuté diront quon naurait pas dû en mettre. Mais moi qui nétait pas grimpeur, je nai jamais dit quil ne fallait pas mettre de cols au programme". Même son de cloche du côté de Marc Madiot, manager de la FDJ et, lui aussi, double vainqueur de Paris-Roubaix (1985, 1991) : "Cest bien quil y ait des pavés sur le Tour. Ya bien des étapes de montagne et on ne se pose jamais la question de savoir si cest bien ou pas, alors pourquoi on se la poserait pour les pavés ? "Et d'ajouter : "Pédaler reste pédaler ! Que ce soit sur des pavés ou sur une route normale".
Si pour ces deux anciens coureurs, le débat sur la présence de pavés sur le Tour na pas lieu dêtre, chez ceux alignés sur la ligne de départ, lappréhension est parfois bien palpable. "Quand on voit la nervosité au sein du peloton, je pense que lui faire franchir des portions pavées, cest prendre des risques inconsidérés", confiait récemment Amaël Moinard (Cofidis). Pas facile en effet daborder sereinement ce type de difficultés quand on ne sy est jamais frotté, ou très peu. Cette année, ils sont approximativement deux tiers du peloton dans cette situation. Et il est certain que les coureurs qui ont lhabitude faire le Tour Flandres ou Paris-Roubaix auront le bagage technique et donc un avantage considérable pour appréhender létape entre Wanze et Arenberg. "Une majorité du peloton va avancer en terre inconnue, il va donc y avoir de la peur, du stress et puis la foule, et tout ça va sadditionner pour perturber les coureurs", prévient Marc Madiot.
Histoire de minimiser les risques et dapaiser un peu les craintes, toute léquipe de la Française des Jeux est allée reconnaître le parcours. Et ce à trois reprises. "Cétait important pour ceux qui nont pas spécialement lhabitude des pavés, explique le manageur de la formation tricolore. Ca rassure et ça permet de visualiser les accès aux secteurs pavés, plus que les pavés eux-mêmes dailleurs." Selon Gilbert Duclos-Lassalle, la reconnaissance est en effet primordiale et à prendre avec le plus grand sérieux : "Il faut effectuer un repérage intelligent. Pas un repérage marketing où on se fait prendre en photo sur les pavés pour ensuite rentrer chez soi. Un vrai repérage permet davoir le parcours dans la tête. Cest capital pour faire les bons choix de course." Une recette du succès que confirme et précise Marc Madiot : "Il faudra savoir frotter au bon moment avec la concurrence, bien connaître le parcours et débrancher la prise pour aller là où il faut".
En labsence du Belge Tom Boonen, redoutable sur pavés mais actuellement blessé au genou, le Suisse Fabian Cancellara (Saxo Bank) et le Norvégien Thor Hushovd (Cervelo), respectivement premier et second cette année sur Paris-Roubaix, font partie des principaux favoris. Les autres tenteront, eux, de sortir sains et saufs de l'Enfer du Nord.
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