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Liège-Bastogne-Liège : Tadej Pogacar, un nouveau "cannibale" ?

En remportant Liège-Bastogne-Liège, le vainqueur du dernier Tour de France s’est offert son premier Monument du cyclisme à seulement 22 ans. 
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
  (POOL VINCENT KALUT / BELGA MAG)

Depuis toujours, nos modestes vies de mortels sont jalonnées de questions sans réponses. Existent-ils d'autres civilisations dans l'univers ? Que se passe-t-il dans le triangle des Bermudes ? Qui a vraiment inventé les frites ? Depuis ce dimanche 25 avril 2021, une autre vient de s'ajouter à cette liste : où s'arrêtera Tadej Pogacar ?

À 22 ans, le vainqueur du dernier Tour de France s'est offert son premier des 5 Monuments du cyclisme (avec Paris-Roubaix, le Tour des Flandres, Milan - San Remo et le Tour de Lombardie) en remportant Liège-Bastogne-Liège. Une prouesse et surtout une rareté. Dans le cyclisme moderne, voir un prétendant au maillot jaune briller et gagner des classiques de printemps n'est pas commun. Le début d'une nouvelle ère de cannibalisme dans le cyclisme ?

Un profil devenu rare

Évidemment, utiliser ce terme n'a rien de neutre dans le monde de la pédale, où cannibale rime avec Eddy Merckx, légende absolue. D'ailleurs, si l'on s'attendait à parler du Belge ce dimanche, c'était plus pour Alejandro Valverde, quadruple vainqueur de la Doyenne qui, en cas de cinquième victoire, aurait égalé "l'Ogre de Tervueren".

Mais finalement, c'est Tadej Pogacar qui se place peut-être dans le lourd costume d'héritier d'Édouard Louis Joseph Merckx, de son nom complet. Non pas qu'on prédise au Slovène le même palmarès gargantuesque quand il posera pied à terre, mais, comme lui "Pogi", un des favoris du Tour de France, s'intéresse aux classiques de très près et avec appétit.

Ces dernières années, seuls quelques candidats à la victoire finale dans un Grand Tour ont réussi à briller et gagner sur les classiques. Pour rester à Liège, il y a bien eu Alejandro Valverde, évidemment, ou le Luxembourgeois Andy Schleck, vainqueur du Tour sur tapis vert en 2010, et de la Doyenne un an plus tôt. On peut également citer Vincenzo Nibali, vainqueur des trois Grands Tours mais aussi de Monuments comme Milan-San Remo ou le Tour de Lombardie.

Sans entrer dans les détails, on parle bien là d'exceptions, tant les coureurs se sont spécialisés depuis des années, notamment depuis l'avènement du team Sky et ses Christopher Froome, Geraint Thomas ou Egan Bernal, focalisés sur un seul objectif à l'année : le Tour, le Giro ou la Vuelta.

L'homme à battre 

À 22 ans, Tadej Pogacar n'est pas de ceux-là. Tout comme son compatriote et rival Primoz Roglic, même si "Pogastar" s'aligne sur plus d'épreuves. Le Slovène s'inscrit dans la tradition des glorieux Merckx, Anquetil, Coppi ou Hinault, tous vainqueurs de Grands Tours et de classiques. Le début de carrière de Pogacar se rapproche d'ailleurs de celui du Blaireau, vainqueur dès son premier Tour de France, un an après son sacre à Liège. Et puisqu'il n'y a pas de hasard : Tadej Pogacar est devenu ce dimanche le plus jeune vainqueur de la Doyenne depuis ? Hinault, en 1977. Évidemment.

La suite logique d'un début de saison canon pour le leader d'UAE Emirates, sacré sur le Tour des Émirats et Tirreno-Adriatico : deux courses par étapes. Mercredi, il n'avait pas pu prendre le départ de la Flèche Wallonne après des cas de Covid dans son équipe. Une frustration source de motivation au départ de Liège.

Troisième de l'édition 2020 pour sa première participation, Tadej Pogacar était logiquement cité parmi les favoris de la course de ce dimanche. Non seulement il a répondu aux attentes, mais en plus il l'a fait seul dans le final, alors que ses coéquipiers (et outsiders) Davide Formolo et Marc Hirschi avaient lâché. Mais comme sur sa première victoire d'étape lors de la Grande Boucle 2020, à Laruns, il a réglé les autres cadors au sprint pour s'imposer et s'offrir son premier Monument.

Vu le talent du garçon, d'autres devraient suivre dans les années à venir, même si des rivaux émergent. En tout cas, dans un cyclisme qui met depuis longtemps les coureurs dans les cases, un profil à la Tadej Pogacar détonne, et rafraîchit. Même si le voir lever les bras à chaque course pourrait finir par en lasser certains, à commencer par ses adversaires. Car lorsqu'on ne laisse que des miettes, on devient l'homme à abattre.

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