Liège-Bastogne-Liège 2023 : Tadej Pogacar-Remco Evenepoel, duel de cannibales dans les Ardennes
C'est l'heure. Le combat, qui fait saliver le monde du cyclisme, va enfin avoir lieu, dimanche 23 avril, dans les Ardennes (en direct à 15h15 sur France 3 et sur france.tv). Dans le coin gauche, le Slovène Tadej Pogacar, 1,77 m, nouveau "cannibale" du cyclisme, qui ne laisse même plus de miettes à ses rivaux et vise un triplé historique sur les courses ardennaises après avoir déjà raflé l'Amstel Gold Race et la Flèche wallonne. Dans le coin droit, le Belge Remco Evenepoel, 1,71 m, héritier désigné du Cannibale Eddy Merckx, champion du monde et tenant du titre, devant son public. Sur ce ring de Liège-Bastogne-Liège, les deux coureurs les plus prolifiques de la saison dernière (31 victoires à eux deux, dont le Tour, la Vuelta, les Mondiaux...).
Sans faire offense au reste du peloton, qui compte de nombreux candidats légitimes à la victoire finale, c'est ce duel Pogacar-Evenepoel qui va rythmer la 109 édition de la Doyenne des Classiques dans les Ardennes belges. Un combat qui fait saliver tout le monde, et dont l'issue demeure imprévisible.
Pogacar par K-O ?
Depuis leur éclosion au plus haut niveau, les deux hommes révolutionnent le cyclisme. Capables de gagner les grands tours (le Tour de France 2021 pour l'un, la Vuelta 2022 pour l'autre), mais aussi les courses d'un jour et les Monuments, Tadej Pogacar et Remco Evenepoel, aussi bons rouleurs que grimpeurs, ravivent les souvenirs des grandes heures d'Eddy Merckx. Chacun, à sa façon, peut légitimement lui emprunter le surnom de "cannibale".
En ce printemps 2023, Tadej Pogacar l'est plus que jamais. En 18 jours de course depuis la reprise, le Slovène a signé... 12 victoires (dont Paris Nice et le Tour des Flandres) ! En cas de victoire à Liège ce dimanche, il signerait ainsi un triplé ardenais historique, réalisé seulement par Davide Rebellin en 2004 et Philippe Gilbert en 2011.
En mission pour l'histoire, le Slovène veut calmer le jeu : "Je pense que Remco aura plus de pression. Il a gagné l'an passé, j'ai déjà un Monument cette année, je suis assez détendu. J'espère que nous serons tous les deux dans une bonne journée pour que ce soit une vraie course". Avant de rappeler, à juste titre : "Finalement, nous avons rarement roulé l’un contre l’autre."
Evenepoel en héros national
Ce duel ne s'est, en effet, produit que deux fois. En 2021, Pogacar avait remporté le Tour de Lombardie, le Belge finissant à la 19e place, avant qu'Evenepoel ne prenne sa revanche aux derniers championnats du monde (le Slovène prenant la 19e place). "Ça fait longtemps qu'on n'a plus roulé ensemble. J'ai hâte de le retrouver", s'est d'ailleurs réjoui le champion du monde. Contrairement au Slovène, sur tous les fronts depuis plus d'un mois, le coureur d'outre-Quiévrain a été plus discret, passant quasiment deux mois en altitude, à Tenerife, pour préparer le prochain Giro.
"Pendant la dernière semaine, j'ai beaucoup pensé à Liège", confie celui qui n'a quitté les Canaries que pour aller remporter l'UAE Tour (ex-terrain de jeu de... Pogacar) et finir deuxième du Tour de Catalogne. Les traces de bronzage sur le visage poupon de la star du plat pays sont trompeuses, il n'était pas en vacances. Et il prévient : "J'ai toujours été très bon très vite en redescendant d'altitude. Je sais ce qui me convient le plus en terme de préparation. Ces stages permettent aussi de me libérer de la pression. La solitude ne me dérange pas, bien au contraire". Une solitude qu'il ne devrait pas connaître sur les routes ardennaises, puisque le public belge sera forcément au rendez-vous pour porter son champion du monde, pour sa première course à domicile flanqué du maillot irrisé.
Cela suffira-t-il pour voir Evenepoel faire chavirer l'insubmersible Tadej Pogacar ? "Être l'un des deux favoris sur la plus grande classique de l'année, c'est spécial. Mais je dois rester calme", tempère le Belge. Vainqueur en solitaire l'année dernière, après une attaque dans la Redoute, le champion du monde se sait attendu. Tout comme Pogacar.
Si tout porte à croire que l'on assistera à un bras de fer entre les deux cannibales, cela pourrait aussi paralyser la course et profiter à un outsider. L'an passé, Remco Evenepoel avait profité de l'attention portée à son leader, en maillot arc-en-ciel, Julian Alaphilippe (victime d'une lourde chute ensuite), pour briller. Cette fois, le scénario pourrait être inverse.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.