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Loïc Chetout : corps de rockeur, coeur de coureur

Alors que Paris-Nice vient de s'élancer, Francetv sport revient toute la semaine sur la jeune génération française, qui est amenée derrière les Bardet, Pinot, à briller les prochaines années. Premier épisode de cette série : Loïc Chetout, 23 ans, coureur chez Cofidis. Cheveux gominés, tatouages qui dépassent du maillot, gueule de mannequin à la barbe soigneusement taillée. Dans le milieu cycliste, ce jeune puncheur détonne mais a une histoire bien particulière, qui fait aujourd'hui sa force.
Article rédigé par Mathilde L'Azou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Loic Chetout, à la fin de l'entraînement du jour à Oliva (Espagne).

La carrière professionnelle de Loïc Chetout s'est jouée sur une prise de risques. La fameuse saison du "je passe pro ou j'arrête tout", période connue par de nombreux jeunes coureurs amateurs qui espèrent un jour franchir le Rubicon. Ce risque pris en 2014 paie aujourd'hui : le jeune homme de 23 ans évolue pour la deuxième année consécutive au sein de la formation Cofidis.

Le vélo, ce puncheur y est arrivé un peu par hasard, après avoir dû arrêter la course à pied suite à des problèmes de genou. La route ne l'intéressait pas vraiment, son coeur penchant plus pour le VTT. "Mais j'ai pris ma première licence à l'Aviron Bayonnais… qui ne proposait pas cette activité. Alors les premières sorties de club sur route, je les ai faites avec mon VTT !", rit-il encore aujourd'hui. Très vite, ce grand barbu révèle un talent certain pour la route, qui l'emmène jusqu'en équipe de France. Mais une fois ses 18 ans fêtés, Loïc Chetout traverse la frontière et s'exile en Espagne pour y rejoindre Naturgas-Energia, l'équipe-réserve d'Euskadi. "Je ne le regrette pas. J'ai pu progresser sans pression, et j'ai gravi à mon rythme les échelons".

"Passer professionnel, un objectif de vie"

Arrive 2014 et la dernière année de Loïc Chetout chez les espoirs. Euskadi n'existe plus, et ce passionné de diététique est toujours amateur, après avoir occupé le statut de stagiaire (sans pour autant courir pour cause de blessure) dans l'équipe basque. Il n'a alors pas d'autre choix que de rentrer en France pour se donner une dernière chance de passer pro. "J'ai abattu ma dernière carte, c'est vrai. C'était un peu l'année ou jamais. Mais je suis de ceux qui pensent que vivre sans risques n'est pas intéressant". Ce coup de poker paie : d'entrée de jeu, le jeune homme multiplie les bonnes performances. Il retrouve sa place en équipe de France espoirs, en qualité de capitaine de route : "J'ai travaillé pour des leaders beaucoup plus jeunes que moi, tout en réussissant à avoir des résultats sans compter mes efforts".

A deux jours de son départ pour Ponferrada (Espagne) et le mondial espoirs, Loïc Chetout reçoit le coup de fil qu'il attendait tant : celui d'Yvon Sanquer, lui annonçant qu'il souhaitait lui donner sa chance au niveau supérieur, à Cofidis. "C'est comme ça que faire du vélo est devenu mon travail, explique-t-il, passer professionnel n'était pas une finalité pour moi, mais plus un objectif de vie. Je l'ai réussi, désormais le but c'est de le rester le plus longtemps possible".

Dans les pelotons, le jeune homme passionné de mécanique détonne avec son look d'hipster : "J'ai une dégaine de rockeur, j'en suis conscient, mais j'ai une vraie vie de curé (rires) !" Cette apparence, qu'il a toujours soigneusement cultivée, lui vaut parfois une réputation qui ne lui correspond pas. "J'ai conscience d'être parfois pris un peu pour le rockeur qui a une vie de débauche à côté du vélo. Mais c'est une étiquette collée par des gens qui ne me connaissent pas. Ça ne m'atteint pas, je suis sûr d'avoir une meilleure discipline de vie que les gens qui se permettent de dire ça. La seule réponse valable à leur fournir, ce sont les résultats que je peux avoir."

Ce fils de militaire, mannequin à ses heures perdues, aime provoquer les choses plutôt qu'attendre qu'elles lui soient servies sur un plateau. "Je ne conçois pas le sport sans me faire mal. Alors je me bats, c'est mon tempérament. J'estime qu'on ne progresse pas en restant dans les roues toute la course ou en lâchant prise dans la dernière bosse. Mon équipe n'a jamais besoin de me le demander, je me porte toujours volontaire pour être dans l'échappée". Finalement, comme un vrai coureur dans un corps de rockeur.

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