Longo plaide l'irrecevabilité de la procédure
Les deux conseils de la cycliste grenobloise ont ainsi progressivement, pendant plus de deux heures, amené devant la commission de discipline de la FFC leur argument massue: à l'époque de ses trois manquements présumés aux obligations de localisation, leur cliente ne faisait déjà plus, depuis longtemps, partie du groupe cible soumis à ces mêmes obligations.
"Jeannie Longo a été inscrite dans le groupe cible le 14 mars 2008", a précisé Me Albert. "Or la loi du 14 avril 2010 stipule que +sont tenus aux obligations de localisation les sportifs désignés pour une année+. A cette date Jeannie Longo avait été désignée depuis plus de 2 ans et plus rien ne lui avait été notifié par la suite." L'avocat a qualifié de "monstruosité juridique" l'argument de l'AFLD selon lequel les sportifs faisaient partie du groupe cible jusqu'à notification du contraire par son directeur des contrôles, ce qui correspond effectivement au régime antérieur.
"Mesquinerie" et "partialité"
"L'AFLD contredit en cela la loi", a jugé Me Albert, citant en outre une délibération de l'Agence entérinant le changement de régime juridique et stipulant au 12 mai 2011, que les sportifs membres du groupe cible depuis moins d'un an étaient reconduits automatiquement pour un an. Ce qui n'était pas le cas de Longo dont les infractions présumées ont été commises entre le 11 juin 2009 et le 30 juin 2011. Tout au long de leur plaidoirie, les avocats ont tenté de démontrer la légèreté de l'AFLD, voire sa "mesquinerie et sa partialité" dans le traitement de l'affaire Longo.
Championne olympique (1996) et treize fois championne du monde, Longo, 53 ans, risque une suspension de trois mois à deux ans. Ses avocats sont notamment revenus sur les conditions des trois manquements révélés en septembre par le journal l'Equipe, estimant que certains des contrôles inopinés avaient été diligentés par l'AFLD dans le seul but "de prendre (Jeannie Longo) en défaut de localisation et non de faire un prélèvement". Ils ont ainsi cité l'exemple du contrôle inopiné programmé à Durango (Etats-Unis) au dernier jour du séjour prévu de Longo et à la veille des championnats de France de Boulogne-sur-Mer, en juin.
"Ce n'est pas loyal. C'est attentatoire au respect des sportifs", a dénoncé Me Albert, racontant par exemple que l'AFLD s'était ingéniée à écrire à Longo à son domicile isérois lorsqu'elle était aux Etats-Unis, alors que les règlements stipulent que l'adresse valide est celle indiquée par l'athlète sur son formulaire de localisation. Les règles de localisation imposent aux sportifs de se localiser quotidiennement de 6 heures du matin à 23 heures avec un créneau préférentiel d'une heure par jour. La commission de discipline de la FFC, présidée par Michel Lefort, commissaire international, et composée de MM. Jacques Lang (avocat), Thomas Cassuto (magistrat), Jacques Liénard (médecin), et Patrice Roig (secrétaire général de la FFC), a mis sa décision en délibéré à une date imprécise, "entre dix et quinze jours".
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