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Mondiaux de cyclisme : Laporte et Alaphilippe en têtes d'affiche, un circuit tracé "par un mec bourré"… La course en ligne vue par les Bleus

Un coureur français succédera-t-il à Remco Evenepoel, qui remet en jeu son maillot de champion du monde de cyclisme sur route, dimanche, à Glasgow ?
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Julian Alaphilippe lors des Mondiaux de Wollongong, en Australie, le 25 septembre 2022. (WILLIAM WEST / AFP)

S’il y a une épreuve à ne pas rater aux championnats du monde de cyclisme de Glasgow, c’est bien la course en ligne masculine, dimanche 6 août. Avec 270 km au programme, dont 140 sur un circuit final atypique, qui fait grincer des dents, le peloton va livrer une bataille dantesque dans les rues de Glasgow. 

D’autant que la pluie pourrait s’inviter à la fête pour pimenter une course qui s’annonce spectaculaire, entre son tracé tortueux, la forte concurrence entre les cadors qui visent la victoire (Pogacar, Evenepoel, Van Aert, Van der Poel…) et des Français qui ont pris l’habitude de dynamiter les Mondiaux depuis trois ans. Un cocktail explosif à déguster sur france.tv toute la journée, et dont voici les ingrédients détaillés par les coureurs tricolores.

Un circuit tracé "par un mec bourré"

“C’est un circuit de merde” : pour Florian Sénéchal, pas besoin de tourner autour du pot. Comme beaucoup de coureurs engagés sur ces Mondiaux, le Nordiste n’est pas fan du circuit final de 14 km dans les rues de Glasgow, emprunté dix fois, et qui contient 48 virages, soit 480 au total sur les 140 derniers kilomètres. “Ce circuit n’est pas digne d’un Mondial. Il y a trop de virages”, complète Benoît Cosnefroy.

"L’approche du circuit dans la campagne est magnifique, et après on arrive dans la ville. Là, je ne sais pas qui est la personne tordue qui a sorti ça, mais je pense que le mec était bourré. Personne ne lui a dit qu’il était parti trop loin dans son délire (rires)."

Benoît Cosnefroy

Du côté de l’équipe de France, les coureurs et le staff sont unanimes à ce sujet, même si ce tracé est typé pour les puncheurs (ce dont les Bleus ne manquent pas). “En soit, j’adore ce circuit avec les virages, les petites relances, mais je ne serai pas tout seul dessus : il y a forcément un mec qui va me faire l’intérieur, qui va tomber devant moi”, résume Florian Sénéchal. “Il y a même du carrelage à un endroit ! S’il pleut, c’est une course à la mort comme on dit. Or, on n’est pas venu pour faire le show et se péter une clavicule. Il y aura la course, du spectacle, mais il y aura aussi de la casse.”

 

La seule solution pour briller sera de courir à l’avant, se contente de rassurer le sélectionneur français Thomas Voeckler, qui rappelle, à juste titre, que ce circuit “sera le même pour tout le monde”. Avec un moment fort désigné : l’ascension de la Montrose street (200 mètres à 7,6%) : “Elle n’est pas facile, surtout qu’il y a un virage au pied, encore…  Ca aurait été dommage d’avoir de l’élan”, ironise Benoit Cosnefroy. Avant que son sélectionneur ne conclut, au sujet de la nervosité et de la désorientation possibles : “C’est un circuit où l’on peut perdre la tête”.

Des Bleus multicartes

Habituée à dynamiter les courses internationales depuis trois ans, l’équipe de France se sait attendue dans les rues de Glasgow, même si Thomas Voeckler a tenté de minimiser la chose ces derniers jours. La tête pensante des Bleus a d’abord rappelé que les résultats passés n’aident pas à construire les futurs : “On repart de zéro à chaque course. Bien sûr, on a envie de gagner, comme tout le monde. Ca va dépendre aussi de la physionomie de course”.

Dotée d’un collectif homogène et d’un esprit d’équipe loué par tous ses membres, l’équipe de France peut s’appuyer sur ce vécu et la bonne entente affichée de ses coureurs. Leader désigné des Bleus, Christophe Laporte développe : “Tout le monde le sait : on a une façon de courir très collective. On a des forces et des qualités, mais tout le monde veut servir le collectif”.

"On a vécu des moments particuliers sur le vélo ensemble. C’est difficile à expliquer parce qu’on court peu ensemble, mais on profite bien, sur et en dehors du vélo."

Christophe Laporte

Très en vue cette saison avec la Jumbo-Visma (4 victoires), et taillé pour ce parcours, Christophe Laporte sera l’atout numéro un des Bleus, officiellement, même si le sélectionneur minimise la pression : “Je ne vais pas vous raconter la messe, on est en dessous de Van der Poel ou de la Belgique, mais on y croit dur comme fer. On va faire notre course, mais pas de panache pour le panache. A nous de jouer sur notre collectif et de profiter de ce statut d’outsider”.

Les Championnats du monde de cyclisme 2023 se déroulent à Glasgow, en Écosse, du 3 au 13 août. L'équipe de France va effectuer un test grandeur nature à moins d'un an des Jeux de Paris 2024.
Mondiaux de cyclisme : les Bleus en test avant Paris 2024 Les Championnats du monde de cyclisme 2023 se déroulent à Glasgow, en Écosse, du 3 au 13 août. L'équipe de France va effectuer un test grandeur nature à moins d'un an des Jeux de Paris 2024.

En dehors de Laporte, les Bleus disposent d’autres cartes intéressantes, puisque quasiment chacun des engagés peut tirer son épingle du jeu selon le scénario, et notamment Valentin Madouas, sacré champion de France sur un tracé également accidenté en juin. “On roule les uns pour les autres, d’une année sur l’autre. Ca peut dérouter les autres équipes parce qu’ils ne savent pas avec qui on va jouer, ce qui fait notre force”, conclut Florian Sénéchal, sourire en coin.

L’armada belge, Pogacar et Van der Poel dans le viseur

En parallèle de sa propre stratégie de course, l’équipe de France devra garder un oeil sur une meute de favoris aux dents longues. Avec Jasper Philipsen, Wout Van Aert et le tenant du titre Remco Evenepoel dans ses rangs, la Belgique fait figure d’épouvantail. “Ils ont tellement d’éléments forts qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent, même s’il y a des interrogations sur leur effectif”, juge Benoît Cosnefroy. Coéquipier et ami de Van Aert, Christophe Laporte ajoute : “Si j’arrive avec lui au sprint c’est jouable, mais ce n’est pas la meilleure des solutions (rires).”

Impressionnant à l’entraînement dans la pente de Montrose street, Mathieu van der Poel sera lui aussi à surveiller de près. Le Néerlandais n'a jamais caché son ambition de faire le doublé route-VTT à Glasgow, à l'image du Britannique Tom Pidcock. Pour Thomas Voeckler, il faudra également compter sur le grand perdant du dernier Tour de France, Tadej Pogacar : “Si la course est dure, que ça attaque de loin sans qu'il y ait de temps mort, ça peut être une très grosse carte. S’il pleut, Mads Pedersen, aussi, [peut briller]. Après, je reste convaincu qu’on peut voir des coureurs pas à leur meilleur niveau sur le Tour briller cette fois, et inversement. Chez nous aussi, d’ailleurs.”

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