Mondiaux de cyclisme : obstacles, denivelé, revêtement... A quoi ressemble une piste de VTT ?
Curieusement, la piste de VTT des Mondiaux de Glasgow n’a pas été installée dans les beaux parcs du centre de la cité victorienne, mais à une centaine de kilomètres à l’est, dans les collines au sud d'Edimbourg. Et plus particulièrement à Glentress Forest, au cœur d’un parc naturel forestier, théâtre des Mondiaux de VTT Cross-country 2023. Pourtant, malgré la beauté des lieux, la piste de VTT créée pour ces Mondiaux n’a presque rien de naturel.
“C’est le sport qui veut ça, depuis que la TV est arrivée, il a fallu le rendre plus spectaculaire, plus facile à filmer”, avance Julien Absalon, double champion olympique de la discipline. “C’est un mal pour un bien, mais avec ces pistes totalement artificielles, on s’éloigne de l’esprit original du VTT, et de ce que le pratiquant lambda peut faire le dimanche à côté de chez lui.” S'il existe encore quelques pistes naturelles sur le circuit de Coupe du monde, la tendance est en effet à une standardisation des stades de vélo tout-terrain.
Voie des stands et Formule 1
Cette évolution, due également aux normes fixées par le comité international olympique, éloigne les coureurs des sentiers sinueux des années 1990, tracés où s'invitaient rochers et racines, pour les amener vers des pistes préparées à 100%. “Cela permet de rouler plus vite, d'avoir des courses quelle que soit la météo, et de ne plus voir des pilotes à pied dans la boue”, résume Yvan Clolus, manager des Bleus.
“L’idée, c’est de rouler vite entre des spots techniques posés sur la piste comme des sauts, des marches ou des pierriers.”
Yvan Clolus, manager des Bleusà franceinfo: sport
Entre ces spots, des lignes droites permettent aux athlètes de se doubler, pour rendre la course plus indécise. Ces innovations ont ainsi permis de voir la vitesse moyenne des courses passer de 18 km/h à 24 km/h. “En gros, on est passé du rallye à la F1. Tout se joue au millimètre maintenant, alors qu’avant, on pouvait gagner une course après une chute”, contextualise Yvan Clolus, qui concède que si le charme de la discipline peut en pâtir, la marge d'erreur n'existe plus. Pour renouer avec le VTT d’avant, il reste toutefois les épreuves marathon et d’enduro.
A Glentress Forrest, on retrouve effectivement ces impondérables, avec le pierrier, le saut et les parties techniques, au fil d’une piste qui serpente entre les arbres, et dont on peine parfois à comprendre le sens. Mais, ici, le compromis entre tradition et modernité a été respecté.
Les parties naturelles en sous-bois cohabitent avec les sections plus aménagées, parfois sur des chemins mixant goudron et cailloux. La boucle de 3,5 km offre un panel varié d'obstacles, sans oublier des côtes aux forts pourcentages qu’on n'aimerait pas monter à pied - mais qui font le sel du VTT Cross-country -, ni la voix des stands.
Des pistes de ski pour vélos
Du côté de la descente, discipline encore plus spectaculaire, les normes sont plus souples, notamment parce qu’il s’agit d’une discipline qui n'est pas olympique. Emmanuel Huber, entraîneur des Bleus depuis 30 ans, a participé à l’édification de ces règles. Il explique : “On doit pouvoir organiser des descentes partout, donc on n’a pas mis de critères trop stricts. On n’a pas de piste type.” La première règle, évidente, et qu’il faut un profil descendant.
“Pour le reste, c’est varié : on peut avoir de la terre, de la caillasse, des racines, de l’herbe”, énumère Emmanuel Huber, “Ça peut être modelé avec des virages relevés, des bosses, c’est aménagé pour avoir de la variation au niveau des vitesses, des passages techniques.”
La recette donne une descente spectaculaire, de 3 à 4 minutes à 40 km/h en moyenne, avec des pointes à 80 km/h chez les hommes, le tout en sous-bois ou dans des champs. Avec un objectif : “Qu’on n’ait quasiment pas besoin de pédaler, c’est déjà arrivé que quelqu’un gagne en ayant cassé sa chaîne”. Soit une piste de ski, adaptée au vélo.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.