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Mort de Raymond Poulidor : le milieu cycliste raconte son "Poupou"

Raymond Poulidor a marqué plusieurs générations de Français avec ses exploits sportifs. Romain Bardet, Bernard Hinault, Pierre Rolland et Bernard Thévenet témoignent en mémoire de "Poupou".
Article rédigé par Hugo Monier
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

Raymond Poulidor est parti. Affaibli ces derniers mois, le vainqueur du Tour d'Espagne 1964, monté huit fois sur le podium du Tour de France sans jamais atteindre la plus haute marche, nous a quitté dans la nuit de mardi à mercredi. "C'est une grande tristesse, une grande perte, un grand ami qui s'en va" a réagi Eddy Merckx à l'AFP. Révéré, admiré, passionné, Raymond Poulidor a marqué plusieurs générations de cyclistes et de spectateurs. 

Poulidor, un "battant"

"C'était une icône de notre sport, explique Pierre Rolland, vainqueur à l'Alpe d'Huez sur le Tour de France 2011. Je n'ai pas beaucoup de mots, je suis abasourdi. On savait qu'il n'était pas en grande forme. C'était quelqu'un qui avait toujours le sourire, on le croisait régulièrement, c'était la joie de vivre. Je me déplaçais toujours pour aller le saluer parce que c'était quelqu'un de respectable et de respectueux, qui a beaucoup œuvré pour le vélo pendant toute sa vie. C'est une étoile qui nous a quitté." De Raymond Poulidor, il gardera le souvenir "d'un battant, qui ne lâche rien, qui se bat jusqu'au bout avec ses conviction." Un "guerrier simple, qui avait du respect pour ses adversaires et était rempli d'humilité".

L'abnégation revient sans cesse dans la bouche de ceux qui l'ont côtoyé. Un coureur "pugnace, difficile à décrocher" pour Bernard Thévenet. "Il était courageux, il était très sérieux dans son métier et aimait énormément le cyclisme, puisqu'il y est resté toute sa vie, souligne le double vainqueur de la Grande Boucle (1975 et 1977). C'était un coureur assez tranquille, qui ne faisait pas de bruit, pas d’esbroufe, beaucoup plus fin tacticien qu'on peut le dire. Il savait très bien courir, mais parfois il sortait un peu de la course, il se laissait aller. C'était son caractère, peut-être qu'il pensait à sa famille.

Un champion malheureux sur le Tour

Raymond Poulidor est l'homme d'un palmarès trop souvent réduit à ses podiums plutôt qu'à ses victoires. "On a dit éternel second parce qu'il n'a jamais gagné le Tour de France, mais il a aussi fait souvent premier, et ça on oublie de le dire" rappelle Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France. "C'est venu quand il a fait deuxième en 1965, derrière Felice Gimondi, parce que tout le monde pensait qu'il allait s'imposer en l'absence de Jacques Anquetil, raconte Bernard Thévenet. Si je devais retenir une victoire, c'est celle sur Paris-Nice 1972, où il bat Eddy Merkxx le dernier jour dans le contre-la-montre du Col d'Eze.

Un champion à la popularité rarement égalée. "Les gens de ma génération qui l'ont vu courir, cela nous a marqué, explique Hinault. On sentait les gens attirés par lui." Quitte à parfois agacer le peloton. "Il y avait 80, 90% des pancartes ou encouragements qui lui étaient destinés, se souvient Thévenet. Cela créait parfois un peu de jalousie." Mais laissait une trace indélébile chez les autres. "A mes débuts professionnels, c'était déjà un mythe, poursuit Thévenet. La première fois qu'on se retrouve à côté de lui, cela fait bizarre, on a l'impression d'être dans un monde virtuel et on se dit "Ce n'est pas possible, je ne suis pas à côté de lui." C'était un coureur généreux, sans aucun doute le sportif plus connu au point de vue intergénérationnel."

"Il représente ce qu'est le vélo"

"Je retiendrai surtout son sourire et sa présence dans des courses qu’on peut dire de clochers, où il était le trait d’union entre les foules et le sport cycliste, souligne Romain Bardet, monté deux fois sur le podium du Tour.  Il représente ce qu’est le vélo en France, un sport populaire, accessible qui permet à tout le monde de se retrouver autour d’événements conviviaux, de la pratique sportive. Raymond Poulidor, c’est devenu bien plus que le cycliste qu’il était. Il a marqué les Français par sa sympathie et par sa personne." Le coureur d'AG2R La Mondial a aussi adressé un message de soutien à "sa famille et ses proches", dont son petit-fils Mathieu van der Poel. 

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