On ne badine pas avec la nutrition
Plus quailleurs, le monde du sport de haut niveau ne laisse rien au hasard. Notamment en ce qui concerne la nutrition. Du coup, depuis quelques années, les équipes sentourent de spécialistes pour "mettre en place des programmes individualisés, qui prennent en compte les spécificités et les besoins de chacun", explique Denis Richet, nutritionniste de la Cofidis. Alors que les coureurs du Tour de France dépensent en moyenne 4.000, 5.000 calories par jour, il est plus que nécessaire de recharger les batteries. Mais pas nimporte comment. "Le corps nest pas seulement une voiture dont on fait le plein dessence après le voyage, insiste M. Richet. Le principe est damener la bonne quantité de nutriments et une portion de calories adaptée. A linverse de lalimentation des fast-foods qui est élevée en calories mais napporte pas assez de nutriments pour pouvoir tenir sur une étape". Les menus sont donc concoctés avec soins et de manière précise : des protéines, des sucres lents, beaucoup de fruits et de légumes. Mais dans ce système très encadré, le nutritionniste de la Cofidis ne veut pas délaisser la notion de plaisir : "On doit conserver une dimension épicurienne importante".
Loin de se plein plaindre de ce suivi drastique, les coureurs ont bien conscience de limportance davoir un régime alimentaire adapté. A limage de Stéphane Augé (Cofidis) : "Si on a une mauvaise alimentation, le foie encrassé, on le paie en course. Il faut donc faire attention à tout ce quon mange". Avant de nuancer : "Comme on est sérieux toute lannée, on a toutefois le droit de faire quelques écarts de temps à temps, de boire un petit coup de champagne en cas de victoire par exemple". Si de petits excès sont tolérés, le poids des coureurs est néanmoins surveillé de très près. "Pour obtenir des résultats, un coureur ne doit pas avoir un poids excédentaire, souligne Hubert Long, médecin de la BBOX. On contrôle le poids des coureurs tous les 5 jours et devant ma chambre, il y a toujours une balance sur laquelle ils peuvent voir où ils en sont." Au-delà du poids, la masse grasse est également un indice que les nutritionnistes gardent à lil. "On essaye damener les coureurs à des indices de masse grasse qui vont entre 8 et 6 %. A ce niveau là, il est normal quils soient filiformes et secs, analyse M. Long. Mais si on tombe sous cette barre, on est dans la pathologie, à la limite de lanorexie."
Contrôler le poids et suivre un régime alimentaire adapté permettent doptimiser les capacités des coureurs. Des capacités qui peuvent parfois êtres diminuées par ce que les sportifs appellent "la fringale". "On se sent vidé, on a la tête qui tourne, on se sent ailleurs, on transpire, on a des frissons, bref que de bonnes sensations ! ", ironise Stéphane Augé. "Pendant les minutes qui précèdent la fringale, on se sent très bien. Et là, ça retombe dun coup. En quelques minutes, poursuit Rémy Pauriol (Cofidis). Pour éviter cela, il faut donc salimenter régulièrement pendant la course." La fameuse "musette" prend alors toute son importance. On y trouve des bidons deau, de boissons sucrées, des gels alimentaires, des pâtes de fruits ou encore des barres de céréales. De quoi assouvir les petites faims. Faut-il encore avoir le temps et la possibilité de sen servir. Lors de létape entre Morzine et Saint-Jean-de-Maurienne, où les coureurs devaient franchir pas moins de cinq cols, il nétait pas évident, dans les descentes comme dans les montées, de pouvoir grignoter. Stéphane Augé a dailleurs failli en faire les frais. "Dans la Madeleine, jétais limite et jai eu du mal à malimenter. Heureusement, jai finalement réussi à manger un petit quelque chose". Et donc à rester en course. Preuve en est que lalimentation nest pas une chose à prendre à la légère.
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