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Samuel Dumoulin "audacieux et sans complexe"

Revenu cet hiver chez AG2R, Samuel Dumoulin a bien voulu évoquer son début de saison, depuis son premier stage avec ses nouveaux coéquipiers à sa victoire d'étape sur l'Etoile de Bessèges. Vainqueur d'étape sur le Tour de France 2008, le natif de Vénissieux ne cache pas son envie de s'illustrer sur Paris-Nice qui débute dimanche.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6 min
Le Français Samuel Dumoulin de retour chez AG2R

Comment cela se passe avec votre nouvelle équipe ?
Samuel Dumoulin – Nous avons pu faire des stages tous ensemble en Espagne et en Corse. On a créé là-bas un bon esprit collectif, avec une bonne ambiance. Cela s'est déjà traduit par de bons résultats et des victoires. L'équipe est sur une bonne dynamique et il faut donc continuer dans ce sens là. Il faut être plus audacieux, plus ambitieux. Je connaissais Sébastien Minard avec qui j'avais couru chez Cofidis, et je connais Guillaume Bonnafond avec qui je m'entraîne régulièrement. Il y a pas mal de coureurs que je côtoie tout au long de l'année.

Qu'est-ce qui est différent chez AG2R par rapport à Cofidis ?
SD – L'ambiance est assez identique, joviale, tout le monde travaille autant. Après, je pense que le niveau moyen de l'équipe est supérieur. Chez AG2R, il y a des coureurs prometteurs, d'autres avec plus d'expérience, et la base est solide. Ce sont des garçons qui ont l'habitude de faire un gros calendrier World Tour. Ils ont plus de caisse, plus d'expérience, et cela permet de peser plus sur la course.

Avez-vous un rôle différent au sein de cette équipe ?
SD – Oui un peu. On m'a recruté par rapport à mon expérience, à ma vision de la course. Mon rôle c'est d'être justement le relais sur le terrain, d'aiguiller les gars et motiver le groupe. C'est un rôle que je tenais déjà chez AG2R, mais cette fois, c'est clairement défini. Les gars s'appuient sur moi en course, et les jeunes me demandent aussi des conseils.

Votre récente victoire d'étape sur l'Etoile de Bessèges vous a-t-elle permis d'asseoir un peu plus ce rôle ?
SD – Ce n'est jamais évident de changer d'équipe. On m'attendait pour insuffler une dynamique de victoires, et cela m'avait mis un peu de pression. Cela faisait aussi un an que je n'avais pas levé les bras, et j'avais hâte de retrouver le chemin de la victoire pour l'équipe et pour moi-même. Je me suis beaucoup investi à l'entraînement cet hiver, et cela a payé. Il faut continuer dans cette direction.

Vous écoute-t-on avec un peu plus de respect encore ?
SD – C'est sûr que lorsque les résultats suivent, c'est un gage de crédibilité. C'est sûr d'arriver avec un rôle c'est bien, mais le démontrer c'est mieux. Je savais qu'il fallait passer des paroles aux actes, et il fallait donc le concrétiser sur le terrain. J'ai travaillé pour arriver à ce résultat là. Cela m'a enlevé un petit poids, mais la saison ne fait que commencer. Le groupe est parti dans la bonne direction, et maintenant, il faut garder le cap. Il faut être audacieux et sans complexe.

Paris-Nice se profile dimanche, il s'agit d'un bel objectif pour vous…
SD – C'est un beau challenge pour moi, un objectif comme chaque année. C'est l'une des seules courses à étapes en France dans laquelle je n'ai pas remporté d'étape. Il s'agit de l'une des plus belles courses françaises de l'année, et j'aimerais vraiment lever les bras sur l'une des étapes. Ce serait super pour l'équipe de renouer avec une étape sur une course World Tour.

Avez-vous coché une ou deux étapes sur cette édition 2013 ?
SD - On visera le général avec Jean-Christophe Péraud. La première étape sera pour Yauheni Hutarovich, car c'est le profil qui lui convient le mieux. Après, il faudra voir entre lui et moi pour voir quel final est le plus adapté. La suite avec l'arrivé à Brioude et le lendemain une étape très vallonnée peut me convenir. L'écrémage se fait, et après je peux faire parler ma pointe de vitesse. L'étape vers Nice peut également me convenir, si j'ai les moyens de prendre les échappées.

Il s'agit cette année de la 100e édition du Tour de France, est-ce que cela change quelque chose pour vous ?
SD - Le Tour reste l'objectif majeur de la saison pour toutes les équipes cyclistes. C'est une grosse machine, une compétition à part dans la saison. Le fait qu'il s'agisse de la 100e édition, cela ne changera que d'un point de vue de la médiatisation. Au niveau sportif, cela ne va pas changer grand-chose. Pour nous, coureurs, une victoire d'étape dans le Tour, reste une victoire d'étape dans le Tour. Le grand public ne fera pas la différence.

A 33 ans, on n'aborde pas les courses de la même manière qu'à 20 ans. Qu'est-ce qui change à ce niveau là ?
SD – Pour moi, c'est que j'ai basculé dans le plaisir. Lorsque l'on commence, il faut faire ses preuves, il y a des moments d'échecs et de doute. Il y a une pression qui s'installe si l'on n'arrive pas à atteindre ses objectifs. Alors que moi, j'ai déjà atteint pas mal d'objectifs que je m'étais fixés par rapport à mes capacités. Je suis vraiment dans le plaisir de courir, de m'entraîner, de faire un métier que j'aime, de vivre la vie que j'ai envie de vivre. Je prends ça comme un jeu, mais cela ne m'empêche pas d'être plus assidu, de me servir de mon expérience, de me perfectionner et d'aller au bout de mes capacités autant physiques que mentales. Le jour où j'arrêterai, je pourrai me dire que j'ai fait une belle carrière, que j'ai tout donné et que je n'ai pas de regret.

La retraite n'est pas à l'ordre du jour ?
SD – Si l'envie est là, si tout est réuni, que le contexte reste positif, ce n'est pas d'actualité. Ce qui peut me faire arrêter, c'est soit un pépin physique, soit une panne d'envie. Mais pour le moment, je ne la vois pas se profiler. Quand on est compétitif comme je peux l'être, les sacrifices sont assez faciles à faire, et à force de vivre de cette façon depuis des années, les contraintes sont plus gérables. Pour le moment, j'ai deux ans de contrat avec AG2R. Je pense que cela va bien se passer et que je vais renouveler un contrat par la suite.

Le fait d'avoir signer pour une nouvelle équipe, cela vous a servi de nouvelle motivation ?
SD – C'est ce que je recherchais. J'étais bien chez Cofidis, mais à côtoyer les mêmes personnes, la même atmosphère … On ne s'endort pas, mais le déclic psychologique se fait moins naturellement. J'ai souhaité changer d'équipe pour être soutenu par des coureurs d'une plus grand niveau encore. Je ne renie pas du tout les qualités de mes anciens coéquipiers, mais je sens qu'il y a un petit cran de plus. J'ai aussi changé d'entraîneur, je me suis remis en question. J'ai fait le bilan de toutes ces années, et le fait de repartir avec une nouvelle équipe, c'est motivant.

Que peut-on vous souhaiter cette saison ?
SD – Une victoire sur Paris-Nice dès la semaine prochaine, un petit maillot de Champion de France, une victoire sur le Tour, et un maximum de victoires toute l'année et une grosse réussite pour l'équipe.

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