Paris-Roubaix 2024 : après la pluie, le soleil pour l'arc-en-ciel Lotte Kopecky
Par définition, une averse n'est que passagère, peu importe sa violence. Celle qui s'est abattue sur Lotte Kopecky fin mars, sur le Tour des Flandres, n'a pas échappé à la règle. Double tenante du titre, la championne du monde a dû céder sa couronne la semaine dernière, en Belgique, au terme d'un jour sans qui l'a notamment vue monter à pied le Koppenberg, piégée par la boue. Moins de six jours plus tard, la patronne du cyclisme féminin a remis les pendules à l'heure, en remportant son premier Paris-Roubaix.
“J’ai essayé de rester le plus calme possible. Après dimanche, je n’étais pas bien, évidemment", a avoué la Belge après la course, "Mais j’ai de bons amis et une bonne équipe derrière moi, qui m’ont permis de rester confiante. J’étais nerveuse, mais aussi relâchée au départ.” Une nervosité notamment perceptible lorsque la Belge a perdu son sang-froid à 62 km de l'arrivée, victime d'un problème de guidon qu'elle a réglé - tout en roulant -, avant de vite reprendre sa place dans le peloton. Ou plutôt dans ce qui restait du peloton, après son premier tour de force.
Une course de patronne
Grande favorite du jour malgré son coup de mou la semaine passée, Lotte Kopecky a en effet assumé son statut, et pris la course en main en attaquant dès les premiers secteurs pavés, à 70 km de l'arrivée. “C’était le plan qu’on avait prévu", a assuré la Belge, après avoir confié que la SD Work misait sur elle et sa coéquipière Lorena Wiebes : "Tant que j’étais avec Lorena, je jouais cette carte, en cas de sprint je lui étais dédiée à 100%."
Sauf que Lorena Wiebes a déserté le groupe de tête, formé après les attaques de Lotte Kopecky, dont la dernière, dans le secteur pavé de Camphin-en-Pévèle, à 19 km de la ligne, s'est avérée décisive. La suite : un sprint royal dans le vélodrome de Roubaix, aux côtés des autres cadors (Marianne Vos, Elisa Balsamo...). Un scénario qui correspondait parfaitement aux qualités de la championne du monde, également cycliste sur piste. "Elles ont lancé le sprint tôt, je suis restée calme", a analysé la vainqueure du jour, "C’était un sprint assez long, ce qui est à mon avantage. Les autres filles étaient aussi des pistardes, on savait toutes ce qu’on faisait..."
Autrice d'un sprint d'anthologie, Lotte Kopecky s'est ainsi adjugée sa 39e victoire professionnelle, mais son premier Paris-Roubaix. Le tout avec le maillot de championne du monde sur les épaules, ce qui n'était plus arrivé depuis Peter Sagan chez les hommes en 2018. "Cette victoire a une place à part dans ma carrière, très haute. Les championnats du monde sont toujours ma plus grande réussite, mais gagner ce Paris-Roubaix avec ce maillot si spécial, ça s’en rapproche de très près", a savouré la Belge.
La Belgique enfin de retour
Logiquement sacrée après une course menée d'une main de maître, Lotte Kopecky n'a pas seulement pris une revanche personnelle, après le Tour des Flandres : elle a délivré tout son peuple. Nation la plus titrée de l'histoire de la course avec désormais 58 victoires (contre 28 pour la France, et 14 pour l'Italie), la Belgique désespérait de voir une de ses étoiles mettre fin à l'interminable (à l'échelle belge) attente, encore plus après le forfait de Wout van Aert pour la course masculine. En effet, aucun cycliste du plat pays n'avait remporté Paris-Roubaix depuis Philippe Gilbert en 2019.
Mieux encore : Lotte Kopecky a réalisé son rêve d'enfance, ce samedi, à Roubaix, à quelques kilomètres de sa patrie. "C'est la course que je veux le plus gagner. J’ai pris beaucoup de plaisir à disputer les précédentes éditions. C’est une course tellement spéciale", prévenait-elle plus tôt dans la semaine. A 28 ans, la championne du monde en titre garnit ainsi un palmarès déjà XXL avec, entre autres, une étape et le maillot vert du Tour de France 2023, deux Tour des Flandres, deux Strade Bianche, ou encore six titres mondiaux en cyclisme sur piste. En attendant un Tour de France ?
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