Peraud pas si loin du conte
Une arrivée à cinq avec le peloton à dix bonnes minutes, Jean-Christophe Péraud n’a pas connu ça souvent. Venu très tard sur la route, le vététiste, médaillé olympique à Pékin, était plus habitué aux joutes dans les sous-bois qu’au jeu du chat et de la souris comme sur une piste. Le Toulousain a pourtant bien récité sa leçon. Une attaque à trois kilomètres de l’arrivée pour un sprint à deux plutôt qu’à cinq. Puis Péraud jouait son va-tout à 200 mètres de la ligne. Le scénario d’école à un détail près, son adversaire n’était pas n’importe qui. Face à David Millar, le coureur d’AG2R-La Mondiale avait peu de chance de prolonger la série française entamée par Pinot, Voeckler et Rolland sur les trois dernières étapes en ligne. « C’était la guerre des nerfs, raconte Péraud. Je savais que je n’étais pas le meilleur au sprint. J’ai essayé de le laisser faire. En vainc. »
Vincent Lavenu l’espérait tellement cette victoire après un début de saison difficile pour son équipe. Pour autant, il n’accable pas son coureur qui est allé au bout de ses forces. « On savait que ce serait difficile car il y avait des coureurs d’expérience, explique le manageur d’AG2R-La Mondiale. David Millar est un client, Martinez est un vieux renard du peloton, Kiserlovski est très fort en ce moment et Gautier est un puncheur. JC a fait le maximum. C’était la bonne option de sortir à deux avec Millar. Il a lancé à 200 mètres. Millar était plus fort, il n’y a rien à dire. » Péraud était battu par un extraordinaire rouleur. Ce qu’il lui a manqué ? Un peu d’expérience et de puissance. « JC est tout neuf sur la route et il manque de puissance face à un garçon comme Millar, ajoute Lavenu. Sur une arrivée très raide, il avait tout à fait sa chance. Sur un final de rouleur, c’était plus délicat. »
Si la victoire n’est pas encore au rendez-vous pour AG2R, cette deuxième place est un signe encourageant. « Ça nous met du baume au cœur car on avait besoin de gagner, rappelle le manager de l’équipe. Ça va dans le bon sens. Les gars sont volontaires et n’ont pas raté beaucoup d’échappées depuis le début du Tour. On a presque un sentiment de réussite avec cette 2e place. On a si peu de victoires cette saison que ça nous frustre beaucoup mais ce n’est pas le potentiel de l’équipe qui est à mettre en cause. Il nous manque juste un peu de réussite. » A force d’essayer, ça va bien finir par sourire.
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