Peter Sagan, le vert très vide
Quatre fois deuxième, une fois troisième, trois fois quatrième. Au total, Peter Sagan a été présent dans les dix premiers de onze étapes sur ce Tour de France 2014. Mais lui, qui avait gagné trois étapes lors de l'édition 2012, une en 2013, est resté fanny cette année. Cela ne l'empêche pas de poursuivre sa route sur les traces du sprinteur absolu de la Grande Boucle, Erik Zabel, lauréat du maillot vert sans discontinuer de 1996 à 2001. Hormis l'Allemand, jamais personne n'avait conservé ce maillot à Paris trois années consécutives. Comme l'Allemand en 1999 et Thor Hushovd en 2005, le maillot vert finit sans victoire.
L'abandon rapide de Cavendish, qui a décapité l'équipe Omega-Pharma dans les sprints, ne lui a pas ménagé d'avantage de place sur la ligne d'arrivée. Cela ne s'est joué qu'à quelques centimètres lors de la 7e étape face à Matteo Trentin (Omega-Pharma) au sein d'un groupe restreint, mais pour le reste, le Slovaque a subi la loi des autres sprinteurs. "La réalité, c'est que ce n'est pas facile de gagner", avait-il lancé pour expliquer notamment son échec face à l'Italien. Jean-Marc Marino, son coéquipier chez Cannondale, reste néanmoins sous le charme: "Il est super régulier. Peter, c'est l'un des meilleurs coureurs du monde, et il le prouve tous les jours."
Vidéo: La 2e place de Sagan derrière Trentin à Nancy
A 24 ans, Peter Sagan sait que ce ne sont pas les sprints massifs qui font un maillot vert. Les points, il est allé les chercher partout, dans les sprints intermédiaires en se projetant dans les échappées comme lors de la journée montagneuse dans les Alpes menant à Risoul, aidé par sa capacité à bien passer les bosses. Tombé lors de la 4e étape mais aussi dans la 19e, il n'est pas parvenu à briller autant que les années précédentes. A l'issue de la deuxième victoire de Marcel Kittel, à Londres, il avait reconnu la supériorité de l'Allemand: "C'est même le plus fort de tous les sprinteurs." Avec son vélo spécialement décoré aux couleurs du super-héros Wolverine, Sagan espérait mieux: "On va voir si ça m'aide cette année", souriait-il alors au sujet de cette énième facétie. Cela n'a pas suffi.
Kittel le plus fort
En vitesse pure, Marcel Kittel s'est clairement montré le plus rapide, le plus fort. Ses trois succès lors des quatre premiers jours du Tour lui ont permis de marquer les esprits, et des gros points. Il a fini les trois semaines avec une quatrième et dernière victoire sur les Champs-Elysées, comme en 2013.
Vidéo: La 4e victoire de Kittel, sur les Champs-Elysées
Mais l'Allemand est trop limité lorsque le relief se fait plus varié pour prétendre au maillot vert sur les Champs-Elysées. Pour l'instant. Sa grande carcasse de 1.88m est un handicap pour bien passer les côtes. Alexander Kristoff (Katusha) passe beaucoup mieux les difficultés. Sa victoire dans Milan-San Remo l'avait prouvé, et il l'a encore montré sur la Grande Boucle en remportant deux étapes en puissance. Le Norvégien de l'équipe russe a montré les muscles.
Côté français, Arnaud Démare (FDJ.fr), surtout après son titre de champion de France, était attendu. Il n'a pas connu la victoire, mais deux 3e place lors du sprint à Lille et à Saint-Etienne. "Il est débutant dans le Tour", rappelle Marc Madiot, son patron. "On croit qu’il a 25 ou 26 ans, il n’en a que 22. Kittel, la première fois qu’il a fait le Tour, il n’a pas gagné un sprint et il a tenu quatre jours". Cédric Vasseur, consultant France Télévisions, assure qu'il "a le potentiel pour troquer son maillot bleu-blanc-rouge contre un maillot vert." Mais l'ancien coureur estime que le Français devra choisir entre le Tour et les Classiques: "S’il veut jouer dans la cour des grands sur le Tour de France, il ne pourra pas faire Gand-Wevelgem à bloc…"
Coquard la révélation
Du coup, c'est Bryan Coquard qui s'est illustré. A 22 ans, il découvrait la plus grande course du monde. Et le coureur d'Europcar s'est classé à sept reprises dans le Top 10, endossant le maillot vert lors de la 2e étape. Vainqueur de deux étapes à l'Etoile de Bessèges, d'une sur le Tour de Picardie et de Paris-Camembert cette saison, le vice-champion olympique de l'omnium à Londres a réalisé un superbe premier Tour de France, pour sa deuxième année chez les pros sur route. "Il m'a épaté", nous a confiés Cédric Vasseur. "Il prouve qu'il a l'étoffe d'un grand sprinteur. Une course de trois semaines comme le Tour te fait gagner de 15 à 20% de puissance, et c’est justement ce qu’il lui manque par rapport aux Kittel, Greipel, Cavendish. C'est un coureur qui va remporter des étapes. Aujourd'hui, il n'est quà 50% de ses moyens."
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