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Tour de France : Peter Sagan et le tranchant de l'orgueil

Dépossédé de son maillot vert et conscient de ses limites au sprint, Peter Sagan a dynamité la 7e étape du Tour de France 2020 entre Millau et Lavaur ce vendredi. En évinçant ses principaux adverses dès les premiers kilomètres pour récupérer sa tunique fétiche, le Slovaque a montré qu'il fallait encore compter sur lui, même s'il est moins incisif depuis plusieurs saisons.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (MARCO BERTORELLO / AFP)

L’ennui ce n’est pas vraiment son truc. Observer et rester en position, trop peu pour lui. Et puis peut-être que de voir son ancien coéquipier porter son maillot fétiche ne lui a pas trop plu. Peter Sagan a réveillé le Tour de France lors de la 7e étape entre Millau et Lavaur. Alors qu’on s’attendait à une journée de transition entre deux étapes de montagne et à un sprint massif à l’arrivée, le Slovaque a tout fait exploser dès les premiers kilomètres.

Panache et science de la course

On avait décidé de le faire avec mes coéquipiers. Le directeur sportif n’était pas d’accord au début, puis la course s’est bien passé et il en a été content”. En patron, Sagan mis tous coéquipiers à contribution pour évincer le plus de concurrents en vue du sprint final prévu à Lavaur. Très vite, les purs sprinteurs que sont Giacomo Nizzolo (NTT), Caleb Ewan (Lotto Soudal), Cees Bol (Sunweb) et même le maillot vert Sam Bennett (Deceuninck-Quick Step) ont été lâchés.

L’objectif était clair : déposséder l’Irlandais du maillot vert. La mission a été accomplie dès le sprint intermédiaire, même si Matteo Trentin (CCC) a coupé la ligne avant le Slovaque, ce qui lui a d’ailleurs valu quelques noms d’oiseaux en italien. En prenant 17 points à cet instant de la course, Bennett était déjà battu de 5 points et n’avait plus aucune chance de participer à l’emballage final.

"Je n'ai jamais vraiment été le meilleur sprinteur du Tour. Je ne suis pas un sprinteur pur sang, ça je le sais, et c'est comme ça tous les ans”, martelait Sagan avant le départ de l’étape. Plus endurant que les autres, celui qui a remporté 7 des 8 derniers maillots verts mis en jeu sur la Grande Boucle, savait qu’il devait durcir la course pour marquer le plus de points possibles et surtout maximiser ses chances de victoire au sprint.

L'endurance en guise de compensation

Mais à l’arrivée à Lavaur, alors qu’il tenait la roue du futur vainqueur Wout van Aert (Jumbo-Visma), le Slovaque a franchi la ligne en 13e position, après avoir connu un ennui mécanique dans les derniers mètres et avoir donné l’impression d’être enfermé. S’il a réussi son coup en récupérant sa précieuse tunique verte, Peter Sagan a fait état de sentiments ambivalents en zone mixte. 

J’avais déjà passé toute une journée à tirer en tête et j’avais gagné”, a-t-il rappelé, se remémorant le 13 juillet 2016 quand il avait tout fait exploser en compagnie de Chris Froome entre Carcassonne et Montpellier. La nostalgie est un sentiment grandissant chez Sagan, beaucoup moins incisif lors des dernières saisons. S’il ne fait aucun doute que le Slovaque reste un des tout meilleurs dans son domaine, il n’est plus une machine insatiable. 

Son coup d’éclat du jour sonne comme une tentative de prouver qu’il ne mérite pas d’être enterré. Car depuis 2017, sa courbe de victoire connaît une décroissance aussi linéaire qu’inquiétante. De 12 victoires cette année-là, il est passé à 8 en 2018, puis à 4 en 2019 et aucune pour l’instant en 2020. Il faut dire que, lors d’arrivées au sprint, il manque toujours quelque chose à Sagan pour battre ceux qu’il appelle lui-même les “purs sprinteurs”, plus musculeux et plus puissants que lui.

Moins incisif mais piqué par l'orgueil

Sur un Tour de France parsemé d’étapes compliquées pour ces coureurs-là, le Slovaque n’a pas encore tiré son épingle du jeu. Pour la première fois depuis le Tour 2015, il ne remportera pas la moindre étape en première semaine d’une Grande Boucle (à moins qu’il sorte un numéro dans les Pyrénées). Mais paradoxalement, il reste le grand favori pour arborer le maillot vert à Paris.

La route est encore très longue et très éprouvante pour ses adversaires. S’ils calent sur le profil de la 7e étape, les choses n’iront pas en s’améliorant pour des Sam Bennett et des Caleb Ewan. Même si Sagan n’a jamais compté aussi peu de points au classement du maillot vert après 7 étapes (138 - le pire à ce stade était 2016 avec 175 points), il a su faire mieux que les autres. Et tant que sa lecture de la course sera aussi bonne, impossible pour ses adversaires d'enterrer l'ancien triple champion du monde (2015, 2016 et 2017), vainqueur de 12 étapes sur la route du Tour de France.

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