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Peut-on imaginer un Tour de France sans contre-la-montre ?

Depuis une petite décennie, la part du kilométrage en contre-la-montre diminue sur le Tour de France. Les organisateurs n'ont pas encore dévoilé de parcours sans chrono individuel ou par équipes mais l'éventualité existe.
Article rédigé par Christophe Gaudot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

C’est un fait : depuis plusieurs années, le Tour de France voit la distance des contre-la-montre diminuer de plus en plus. De 162 kilomètres de chronos individuels en 1979 aux 27 de l’édition 2019; il y a un gouffre. Jusqu’où ira la tendance ? Peut-on imaginer un Tour de France sans aucun contre-la-montre, individuel ou par équipes ?

Du côté des directeurs sportifs, on rejette l’idée. "Non, assure d’entrée Thierry Bricaud, directeur sportif de la Groupama-FDJ. Ça fait partie de la panoplie d’un coureur cycliste de savoir évoluer sur tous les terrains". Depuis plusieurs années, des voix s’élèvent d’ailleurs pour stigmatiser la tendance du Tour à faire diminuer la part d’effort solitaire. "Le chrono individuel et même par équipes font partie du cyclisme. C’est une discipline qu’il faut garder. Il y a des coureurs qui en ont fait leur spécialité", juge à ce titre Lylian Lebreton, directeur sportif chez Total Direct Energie.

Vasseur  :"C'est possible"

On l’aura compris, le contre-la-montre est indéboulonnable du Tour, en tout cas pour ses acteurs. Cédric Vasseur, le manager de Cofidis, est un peu plus mesuré. Pour lui voir une Grande Boucle sans contre-la-montre individuel est "toujours possible". "La tendance globale est de réduire le nombre de kilomètres chaque année, pour garantir plus de spectacle, rappelle-t-il. On sait aussi que les épreuves chronométrées n’attirent pas vraiment à la télévision. En tant que coureur et en tant que manager, je ne suis pas très séduit par ce format."

Pas très télégénique, notamment pour le grand public, le chrono n’a pas toujours bonne réputation. Pas suffisant pour le faire disparaître selon Vasseur : "je ne pense pas qu’on puisse imaginer un Grand Tour, et qui plus est le plus beau des Grands Tours, sans contre-la-montre. [...] Il faut quand même qu’on puisse garantir que le vainqueur du Tour fasse aussi partie des meilleurs en chrono. Dans le cas contraire, on pourrait avoir le cas d’un vainqueur qui terminerait 50e dans un chrono, ça ferait un peu désordre.”

Gouvenou : "Ça choquerait"

Sur les trente dernières années, les seuls Marco Pantani (1998) et Andy Schleck (2010) sont des vainqueurs du Tour relativement médiocres en contre-la-montre. Ces dernières années, les rouleurs-grimpeurs ont clairement pris le pouvoir. Une tendance qui pousse les organisateurs du Tour à innover. Thierry Gouvenou directeur technique du Tour de France, accueille avec une note d'enthousiasme, l’idée d’un Tour sans chrono. "On peut très bien le faire, les règlements le permettent, pose-t-il. C’est vrai que ça choquerait les spectateurs mais pourquoi pas, ça pourrait être une formule qui changerait les tactiques."

Pour expliquer la réduction du kilométrage d’effort individuel, le penseur du tracé du Tour de France explique qu’il existe "un vrai décalage entre le temps gagné en contre-la-montre et le temps gagné en montagne", à l’avantage des premiers évidemment. "Nous avons limité le nombre de kilomètres contre-la-montre pour permettre aux grimpeurs de rester au contact". Adeptes des nouveautés, Thierry Gouvenou et Christian Prudhomme pourraient donc bien surprendre une nouvelle fois.

Avec Thierry Tazé-Bernard

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