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Pinot, Bardet, Vuillermoz, Coquard, le bilan des Français

Sans coureur dans le top 5 (contre deux en 2014), la France a reculé dans la hiérarchie du Tour de France et n'a plus remporté le Tour depuis Bernard Hinault en 1985. Une déception atténuée par une troisième semaine pleine de panache.
Article rédigé par Christophe Gaudot
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

Aujourd’hui, qui est capable en un quart de seconde de citer le vainqueur de la deuxième étape pyrénéenne entre Pau et Cauterets ? Probablement une partie du public. Une partie seulement. En revanche, demandez à ce même public qui a levé les bras à Saint-Jean-de-Maurienne et à l’Alpe d’Huez et le suiveur répondra du tac au tac. Le Tour est ainsi fait, la troisième semaine vampirise le reste. Et c’est heureux pour les Français, sans quoi la Grande Boucle aurait laissé un goût amer aux spectateurs.

Bardet-Pinot, fortes têtes​

Au soir de la première étape montagneuse (la fameuse Pierre Saint-Martin), Romain Bardet et Thibaut Pinot pointaient respectivement au 22e et 27e rang du général. La première partie de Tour de France avait été catastrophique pour les deux fers de lance du cyclisme français. Le micmac de Mende et la victoire de Cummings au nez et à la barbe des deux hommes faisaient figure de coup de grâce. Et puis la magie a opéré. Au mental, au courage, à la force des jarrets, Romain Bardet et Thibaut Pinot se sont relevés. A l’avant tous les jours dans les Alpes, ils se sont offerts deux superbes victoires. Et Romain Bardet termine même neuvième et premier français du Tour. "L'un et l'autre ont magnifiquement réagi", s'est félicité le directeur du  Tour Christian Prudhomme. Pour Romain Bardet, le bilan est « excellent » quand Thibaut Pinot en évoque un « très bon ». Qui aurait pu prédire ça il y a une semaine ? Plus encore que le Tour 2014, l'édition 2015 peut être considéré comme un accélérateur de particules pour les deux hommes qui ont tout connu et emmagasiné un maximum d'expérience.

L'expérience qui devra leur servir pour remporter le Tour de France dans le futur. Car aujourd'hui, le constat brut est le suivant: Il faudra attendre une année de plus pour qu'un coureur français ne remporte le Tour de France. Si Romain Bardet n'était pas tout à fait encore cité comme un outsider sérieux, c'était réellement le cas de Thibaut Pinot qui a déçu dans la première semaine.

VIDÉO – 20e étape : La victoire de prestige à l’Alpe d’Huez pour Pinot !

Vuillermoz-Barguil, nouvelles têtes

Traditionnellement, la Grande Boucle sert de tremplin pour des jeunes coureurs en devenir. Les pépites françaises aiment s’y montrer. Et si Alexis Vuillermoz (6e de la Flèche Wallonne cette saison) et Warren Barguil (8e de la Vuelta 2014) ne sont  pas des inconnus pour ceux qui suivent le cyclisme toute l’année, ils l’étaient pour le grand public. A Huy, le coureur de la formation Ag2r avait pris une superbe troisième place, seulement battu par Rodriguez et Froome. A Mûr-de-Bretagne, c’est à la pédale et les yeux dans les yeux qu’il a battu le maillot jaune et tous les autres costauds. Son profil de puncheur-grimpeur pourrait faire des miracles sur les épreuves d’un jour dans le futur. A 27 ans, Vuillermoz a l'avenir devant lui et des grandes victoires à portée de main.

VIDÉO – 8e étape : L’ascension victorieuse et fulgurante de Vuillermoz !

Pour Warren Barguil, le Tour a été à l’exact opposé de celui des Bardet et Pinot. Un début en fanfare, ponctué par une étape des pavés phénoménale, une traversée des Pyrénées solide malgré une chute puis une dernière semaine plus difficile. A la Toussuire, « Wawa » a lâché un quart d’heure à ses adversaires. Néanmoins sa 14e place finale est prometteuse. Il est d’ailleurs le plus jeune coureur du top 15 et le seul à avoir découvert la Grande Boucle cette année. A l’aise sur tous les terrains, le Breton est à coup sûr un futur grand. 

La révélation Barguil

Coquard, tête haute

Le sprint français se porte mieux qu’il y a quelques années, c’est indéniable. Avec Nacer Bouhanni, Arnaud Démare et Bryan Coquard, le talent est là. Reste à « scorer » sur le Tour de France. Ce n’était pas pour 2015. Pour Bouhanni, le Tour s’est arrêté lors de la cinquième étape. Pour Démare, le top 5 a été difficile à accrocher (une seule fois lors de la dernière étape). Pour Coquard, en revanche, la 102e Grande Boucle a été celle de la confirmation. Troisième au Havre et deuxième sur les Champs (tout près de Greipel), le natif de Saint-Nazaire confirme sa belle pointe de vitesse et sa régularité (5e du classement par points). Le Champion du monde de l’Américaine en février dernier devrait quitter Europcar en fin de saison et peut nourrir des belles ambitions pour le futur.

Voeckler-Chavanel, têtes basses

La nouvelle génération pousse de plus en plus l’ancienne vers la sortie. Thomas Voeckler et Sylvain Chavanel sortent du Tour de France la tête bien basse. Si le coureur d’Europcar a tenté sans succès, c’était pire pour Chavanel qui a parcouru le Tour sans se montrer outre-mesure. L’avenir des deux hommes est flou puisqu’IAM n’a pas prolongé le contrat de « Mimosa » et que Jean-René Bernaudeau est encore à la recherche d’un partenaire pour poursuivre l’aventure. Néanmoins, leur pédigrée respectif devrait leur permettre de trouver un point de chute sans trop de difficultés.

Pour terminer, un petit mot pour Jean-Christophe Péraud. Deuxième du Tour 2014, l’ancien vététiste achève l’édition 2015 à la 61e place. Celui qui avait enchanté la France l’année dernière l’a fait s’émouvoir par son courage cet été.

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