Plus ancien vainqueur du Tour de France, Roger Walkowiak est décédé
Dans la grande histoire du cyclisme, Roger Walkowiak laissera, bien qu'elle n'ait pas tout à fait résisté à l'usure du temps, une expression : "un Tour à la Walko" synonyme d'une Grande Boucle remportée dans une espèce de course-loterie par un coureur inattendu. "Un Tour à la Walko, cela voulait dire en réalité un Tour animé, riche en attaques, sans vraiment de leader", devait rectifier ensuite à plusieurs reprises ce coureur fin tacticien mais de caractère humble et modeste. En vain, l'histoire devait s'écrire comme ça même si ses adversaires cette année s'appelaient Charly Gaul, Federico Bahamontès (deux coureurs qui ont remporté le Tour), Stan Ockers, Raphaël Géminiani, à défaut de Bobet, le vainqueur des trois années précédentes.
Fraiseur avant et après sa carrière
Fils d'immigrés polonais, né le 8 mars 1927 à Montluçon, Wakowiak pouvait se targuer de qualités de rouleurs honnêtes mais surtout de celles d'un grimpeur plus que solide capable de menacer le grand Louison Bobet sur le Dauphiné. En 1956, Walkowiak fut parmi les heureux bénéficiaires d'une monumentale échappée dès la cinquième étape Lorient-Angers. Une trentaine de coureurs s'adjugèrent une vingtaine de minutes d'avance et le chef de file de l'équipe du Nord-Est-Centre - la célèbre "NEC plus ultra" - dirigée par Sauveur Ducazeaux tint bon pour gagner avec 1 min 25 sec d'avance sur Gilbert Bauvin, alors leader de l'équipe de France.
Deuxième également d'un Dauphiné et d'un Paris-Nice, Walkowiak eut sa carrière écourtée par des ennuis de santé provoquées à retardement par une dysenterie attrapée lors du Tour du Maroc 1954. Il arrêta de courir en 1960, devint commerçant puis cultivateur avant de redevenir fraiseur, son premier métier.
Habitant Vichy, le lauréat d'un Tour pas comme les autres ne revenait que très rarement sur les courses cyclistes. Mais on avait vu sa discrète silhouette lors des arrivées du Tour dans sa bonne ville de Montluçon, la dernière fois en 2008 lors de la victoire de Sylvain Chavanel.
Le Tour lui rend hommage
Le Tour de France, par la voix de son directeur Christian Prudhomme, a salué mardi la mémoire de Roger Walkowiak, le vainqueur de l'édition 1956 qui est décédé à l'âge de 89 ans. "L'hiver est rude pour les anciens vainqueurs du Tour", a déclaré à l'AFP Christian Prudhomme en rappelant la récente disparition, fin décembre, à l'âge de 97 ans, du Suisse Ferdi Kubler, qui avait gagné le Tour 1950. Le directeur du Tour avait été frappé par "la sensibilité et l'émotivité" de Roger Walkowiak lors de sa venue à l'arrivée de l'étape de Montluçon en 2008: "Il pleurait quand il évoquait le Tour 1956. Il avait gagné ce Tour à une époque dominée par les Français, entre les deux monstres sacrés que sont Louison Bobet et Jacques Anquetil. C'était le candidat surprise et il avait souffert de cette image."
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