Pourquoi il faut suivre le Giro, cette grande course cycliste qui vit dans l'ombre du Tour de France
Pour sa 100e édition, le Tour d'Italie a mis les moyens afin d'attirer la crème du cyclisme mondial. Mais ce "grand Tour" a toujours du mal à séduire les non-spécialistes à l'extérieur de ses frontières.
Un passage sur un volcan, un Français parmi les favoris, une retransmission sur une chaîne gratuite, une date anniversaire... Cette 100e édition du Giro d'Italia a tous les ingrédients pour offrir un grand spectacle cycliste. Mais ce "grand Tour" n'arrive toujours pas à rivaliser avec le Tour de France, qui reste l'épreuve-reine du calendrier et la course la plus populaire à travers le monde. Pourtant, le Giro ne manque pas de qualités pour séduire au-delà de ses frontières... ce qu'il a toujours du mal à faire. Franceinfo dresse le portrait de cette course qui s'est élancée, vendredi 5 mai, de Sardaigne.
De la Sicile aux Dolomites : un parcours riche
Le premier atout du Giro est bien évidemment son terrain de jeu : l'Italie. Connue pour sa beauté, la péninsule offre des paysages sublimes dans lesquels se fondent parfaitement les ingrédients d'une bonne course cycliste. Pour Alexandre Pasteur, qui commente le cyclisme pour France Télévisions après plusieurs années à Eurosport, l'ancien diffuseur du Giro, les possibilités de parcours sont très riches et forment des tracés très intéressants : "Il y a un dépaysement qui est encore plus prononcé que sur le Tour de France. Les parcours sont beaucoup plus variés parce que la géographie de l'Italie fait qu'il y a des montagnes partout. Les Apennins, les Abruzzes traversent quasiment toute la botte... Les Alpes piémontaises, les Alpes lombardes, les Dolomites... Il y a des montagnes partout !"
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— Giro d'Italia (@giroditalia) 27 octobre 2016
Autrement dit, rares sont les semaines de plat qu'on peut connaître dans l'Hexagone, parfois plus propices à la sieste qu'au spectacle. Cette année, les coureurs partent de Sardaigne et rejoignent rapidement la Sicile pour une étape dantesque sur le plus haut volcan en activité d'Europe : l'Etna. Les amateurs de beaux paysages y trouveront donc autant leur compte que les fans de cyclisme.
Une course plus détendue
Le manque de notoriété internationale du Giro n'a pas que des désavantages. Au contraire, le premier "grand Tour" de la saison (suivent le Tour de France et le Tour d'Espagne, la Vuelta), moins médiatisé, permet aux coureurs d'être moins tétanisés par l'enjeu. "La course est moins nerveuse que sur le Tour de France. Il y a moins de stress, il y a moins de médias, l'impact médiatique étant moins fort, les coureurs sont moins sollicités, raconte Alexandre Pasteur, habitué à la frénésie du Tour de France. Et puis c'est l'Italie ! Les coureurs savent qu'ils vont bien manger dans les hôtels, il y a un petit côté dolce vita."
Tous les coureurs adorent le Giro !
Alexandre Pasteurà franceinfo
Moins de médias, mais pas moins de ferveur auprès du public italien. Si les routes françaises sont toujours bondées, le Giro n'a pas à rougir de l'ambiance qui règne sur les bas-côtés de ses arrivées au sommet. Les organisateurs misent d'ailleurs sur son ambiance et ses tifosi pour rendre "la course la plus dure dans le plus beau pays du monde" plus attractive, comme le rappelle La Voix du Nord.
Moins prestigieux... mais plein d'histoires
Le Giro est le véritable "petit frère" du Tour. Il a vu le jour en 1909, six ans après la première édition de son aîné français. C'est le quotidien sportif La Gazzetta dello Sport qui en est l'initiateur, copiant la réussite de son homologue hexagonal L'Auto, qui a imaginé l'événement afin de booster ses ventes. Comme le maillot jaune français est hérité de la couleur du journal, la tunique du leader du Giro arbore le fameux coloris rose de La Gazzetta.
Même si la course a longtemps été la chasse gardée des coureurs italiens, ce qui a d'ailleurs pu contribuer à son manque de retentissement international, les plus grands cyclistes sont venus ajouter leur nom au palmarès de l'épreuve. Co-recordman de victoires avec Fausto Coppi et Alfredo Binda, la légende Eddy Merckx a ramené cinq fois la maglia rosa dans ses Flandres belges. Les Français Jacques Anquetil, Bernard Hinault et Laurent Fignon figurent également au palmarès, comme Miguel Indurain ou, bien sûr, le "Pirate" Marco Pantani. Le numéro du mois de mai de Vélo Magazine revient sur plusieurs des grands noms qui ont fait l'histoire de cette course centenaire.
Du spectacle à gogo
Si les années 2000 ont été celles d'une longue domination des Italiens, par manque de concurrence et en raison de la focalisation des autres coureurs sur la Grande Boucle (Lance Armstrong, sept victoires sur le Tour entre 1998 et 2005, toutes retirées pour dopage, n'a jamais participé au Giro), la concurrence se fait de nouveau très rude. Depuis 2008, le Giro a presque exclusivement été remporté par des coureurs qui jouent la gagne sur le Tour de France. A l'exception peut-être du regretté Michele Scarponi, lauréat en 2011, mort il y a quelques semaines dans un accident de la route lors d'un entraînement.
De plus, le parcours et les variations de climat favorisent les coups d'éclat et les défaillances, rendant le classement général incertain jusqu'à la fin. "Je me souviens de Nibali qui gagne aux trois cimes de Lavaredo dans les Dolomites sous une tempête de neige, c'est ce qui fait aussi la légende du Tour d'Italie, compare Alexandre Pasteur. Des chutes de neige au mois de juillet sur le Tour, c'est arrivé en 1996, mais en vingt ans, c'est le seul exemple."
Côté suspense, le Giro offre également des scénarios moins prévisibles que sur le Tour ces dernières années. En 2016 par exemple, le "Requin de Messine" Nibali a dû attendre les tout derniers kilomètres de la dernière étape de montagne pour rafler le maillot rose. Et, cette année, tout a été fait pour que la 100e édition soit à la hauteur. Rarement autant de gros calibres vont s'affronter avec la présence de Nairo Quintana, Geraint Thomas, Vincenzo Nibali, Tejay van Garderen, Adam Yates ou encore Tom Dumoulin. Et le Français Thibaut Pinot qui, après succès et déboires en son pays, tentera d'inscrire son nom au palmarès du deuxième "grand Tour" du monde.
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