Présidentielle/Haïti : triomphe du chanteur populaire Michel Martelly
Scènes de liesse hier soir, dans le quartier de Pétionville, sur les hauteurs de la capitale haïtienne, Port-au-Prince. Des centaines de partisans de "Tet kalé" - "crâne chauve" en créole -, en majorité des jeunes, vêtus de rose, la couleur de campagne de Martelly, se sont rassemblés pour fêter l'élection de leur candidat. L'ambiance est bon enfant, alors que la longue attente des résultats de ce second tour ,sans équivalent dans l'histoire du pays, faisait craindre une reprise des violences.
Répondant aux concerts de klaxons, aux défilés de groupes musicaux, et même aux feux d'artifices tirés en son honneur, Michel Martelly est sorti brièvement de sa résidence pour saluer la foule. Tout sourire, il n'a cependant pas pris la parole, se contentant d'écrire sur son compte Twitter : "Nous allons œuvrer pour tous les Haïtiens. Ensemble, nous pouvons y arriver."
Le futur chef de l'Etat haïtien, qui succède à René Préval, est issu du parti Repons Peyizan, dont le message aux accents populistes et anti-establishment prône la justice sociale, ce qui a un grand retentissement dans la population après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010. Michel Martelly a notamment dénoncé au cours de la campagne le coût de l'opération de maintien de la paix de l'ONU, affirmant que les Haïtiens devaient "mettre eux-mêmes de l'ordre dans leur maison".
Une incarnation de la rupture
"La victoire de Martelly traduit un rejet de la classe politique, aussi bien pour la majorité que pour l'opposition" commente Robert Fatton, professeur de sciences politiques à l'université de Virginie, spécialiste d'Haïti, cité par Reuters.
Il s'agit également d'une belle revanche pour celui qui avait, dans un premier temps, été écarté du deuxième tour de la présidentielle. Organisé alors que le pays se remettait à peine de la catastrophe, le premier tour du scrutin s'était déroulé dans la plus grande confusion. Mais les recours lui avaient finalement permis de se présenter à la place du candidat au pouvoir, Jude Célestin.
Elu pour un mandat de cinq ans, Michel Martelly aura la difficile tâche de reconstruire Port-au-Prince, dévastée par le séisme. Le nouveau chef de l'Etat devra également faire face à deux "vieux démons" : l'épidémie de choléra qui a fait plus de 5.000 morts et à la "menace" que représentent deux de ses anciens présidents de retour d'exil, Jean-Bertrand Aristide et Jean-Claude Duvalier.
Virginie Pironon , avec agences
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