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Tour de France : Primoz Roglic est-il trop gestionnaire ?

Le Slovène Primoz Roglic, grand favori du Tour de France 2020, peut se satisfaire d'avoir terminé la 8e étape bien au chaud dans le groupe des favoris. Mais il pourrait aussi s'inquiéter de voir Tadej Pogacar récupérer près de 40 secondes sur lui, alors qu'il semblait en capacité de le suivre dans le dernier col.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
  (MARCO BERTORELLO / POOL)

Comme depuis le début du Tour, le ciel de la Jumbo-Visma semble dégagé. Son leader, Primoz Roglic, a encore démontré qu'il était souverain lorsque la route s'élevait, répondant aux attaques des uns et des autres avec une facilité déconcertante. L'un de ses principaux rivaux, Thibaut Pinot, a tout perdu lors d'une étape où il a concédé plus de huit minutes sur le reste des favoris. Tout roule. Vraiment ? Un certain Tadej Pogacar, victime des bordures de la 7e étape, accusait un retard de près d'1min30 la veille ; le voilà désormais à moins de 45 secondes. L'espace d'un col, il a creusé un écart de près d'une minute sur Primoz Roglic et le groupe maillot jaune, alors-même que ce dernier s'affiche en souverain. Pour ne pas se découvrir trop tôt, parce que la troisième semaine s'annonce monstrueuse, et peut-être (un peu ?) par péché d'orgueil, Primoz Roglic choisit la gestion en ce début de Tour. Mais n'est-il pas en train de jouer avec le feu ? 

Le maillot jaune, repoussoir anti-Roglic

Une chose est certaine, Roglic ne voulait surtout pas du maillot jaune ce samedi. Devant l'apparente faiblesse d'Adam Yates, la plupart des prétendants y sont allés de leur petite attaque dans les derniers kilomètres pour aller accrocher le jaune. Guillaume Martin ou Romain Bardet s'y sont cassés les dents, mais au moins, ils ont tenté. Roglic, lui, est sagement resté en retrait. Dans le col de Peyresourde, alors qu'il avait creusé un gros écart avec Yates et qu'il était le mieux classé des favoris à l'avant, il a ralenti et n'a pas suivi la deuxième salve de Pogacar.

Clairement, Roglic ne veut pas du poids de la course à gérer si tôt. Il dispose pourtant de l'armada suffisante pour le faire. S'il y a bien une équipe capable de contrôler ce Tour, c'est la Jumbo-Visma. Peut-être la stratégie de l'équipe néerlandaise est-elle basée sur l'exceptionnelle densité de ce Tour : porter le maillot jaune reviendrait à suivre les attaques combinées de la quinzaine de très bons grimpeurs présents dans le peloton. Mais le fait est qu'en misant sur l'attentisme, Roglic a permis le retour express de Tadej Pogacar qui, au vu de l'étape du jour, s'affiche comme le danger majeur pour lui en montagne.

Stratégie(s) étonnante(s)

Car le Slovène n'est pas qu'un simple échappé de fin d'étape. A la pédale, il a distancé tous les autres leaders. Par son panache, il ne s'est pas laissé intimider par le premier retour-éclair de Roglic dans Peyresourde, ou par son coup de pédale très facile, et est reparti à l'attaque. On ne prend pas comme ça une minute à une horde de grimpeurs de niveau mondial. Egan Bernal ? Laborieux ce samedi encore. Nairo Quintana ? D'abord facile, puis sagement resté dans les roues de Roglic. Thibaut Pinot ? Hors-jeu désormais. Au lendemaine d'une première semaine pleine de mouvements, c'est bien Tadej Pogacar qui apparaît comme le seul coureur à même de contester la supériorité des Jumbo-Visma et de Primoz Roglic. Et qu'ont-ils choisi de faire ? Faire rouler Tom Dumoulin jusqu'à le faire craquer, avant de laisser Pogacar s'envoler car celui-ci ne figurait pas dans les poursuivants directs de Roglic au classement général. 

Roglic a-t-il trop tendance à cibler ses rivaux et, surtout, à mal les cibler ? Lors du Giro 2019, alors qu'il disposait de plus d'une minute d'avance sur son dauphin, Primoz Roglic avait choisi de filer Vincenzo Nibali à la trace dans les cols. Quitte à laisser, dans le même temps, les autres prétendants reprendre du temps. Ainsi, au soir de la 12e étape, il maintenait son avance sur Nibali...tout en laissant des coureurs qu'il jugeait "moins dangereux" se rapprocher. Comme Ilnur Zakarin (2'57'' repris à Roglic ce jour-là), Mikel Landa (1'37'') ou Richard Carapaz (1'21''). Au final, Primoz Roglic avait fini à la 3e place du Giro. Devant lui : Vincenzo Nibali...et le vainqueur, l'un de ceux que Roglic avait laissé revenir, Richard Carapaz. 

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